Pour résumer, la carapace que forment les écailles offre une protection essentielle aux poissons contre divers dangers, qu’ils viennent de prédateurs ou de maladies infectieuses. Bien que la majorité des espèces en soient équipées, il existe des exceptions. Quelles sont ces espèces dépourvues d’écailles ? Quelles raisons expliquent cette absence ? Et peuvent-elles vivre aussi bien sans cette défense ? Voici nos précisions.
tous les poissons possèdent-ils forcément des écailles ?
La réponse est claire : non, certaines espèces de poissons ont évolué en perdant leurs écailles. Par exemple, le requin ne possède pas d’écailles traditionnelles mais une peau recouverte de structures en forme de denticules, tandis que l’anguille possède une peau parfaitement lisse. Ces structures jouent cependant un rôle crucial dans la protection contre les parasites, les agressions ou les maladies. Comment ces poissons survivent-ils sans leur armure ? La sélection naturelle a favorisé d’autres stratégies pour leur assurer la défense nécessaire dans leur milieu de vie.
Que désignent précisément les écailles ?
Les écailles sont des structures qui remplissent une fonction spécifique, adaptée aux particularités de chaque espèce. Leur évolution est le résultat d’adaptations morphologiques répondant aux modes de vie des poissons. Aujourd’hui, on distingue quatre grandes catégories d’écailles : cosmoïdes, ganoïdes, cycloïdes/cténoïdes et placoïdes. Voici un aperçu de chacune :
Écailles cosmoïdes
Ces écailles naissent d’un noyau osseux central, surmonté d’une substance appelée cosmine, semblable à la dentine. Leur surface externe est recouverte d’une couche de kératine, une protéine également présente dans les ongles ou les griffes. Lors de leur croissance, ces écailles s’épaississent grâce à l’ajout de couches concentriques. Elles sont aussi enrobées d’un mucus transparent, facilitant leur glissement dans l’eau.
poissons dotés d’écailles cosmoïdes
Ce type d’écailles appartient principalement à certains fossiles de poissons anciens, notamment les crossoptérygiens, qui présentaient des nageoires dorsales et pectorales épaisses, ressemblant à des membres articulés.
avantages des écailles cosmoïdes
Leur composition en os et dentine confère une grande solidité. La surface en cosmine offre non seulement une protection à la fois tactile et visuelle — par ses crêtes et ses bosses — mais favorise également le camouflage, la communication ou la régulation de la température. Leur aspect transparent et leur forme lisse renforcent lentement la capacité hydrodynamique et la protection de l’animal.
Écailles ganoïdes
Reconnaissables à leur forme en losange ou rhomboïde, ces écailles sont aussi brillantes grâce à une couche de ganoïne, qui est une matière semblable à l’émail. Leur surface plate leur donne un aspect lustré.
poissons possédant des écailles ganoïdes
Les espèces du sous-ordre Ginglymodes, comme le gar, le bichir ou la nageoire d’arc, disposent de ce type de protection. Certaines d’entre elles sont encore vivantes, d’autres sont disparues, notamment les familles de daps et pycnodontidés.
avantages des écailles ganoïdes
Recouvertes de mucus ou de peau fine, elles sont particulièrement résistantes aux perforations ou coupures. En plus de leur rôle protecteur, elles aident aussi à maintenir une bonne régulation thermique des poissons.
Écailles cycloïdes et cténoïdes
Ces deux types d’écailles se composent de fines lamelles d’os qui s’imbriquent en rangées le long du corps. Les cycloïdes, aux bords lisses, ont une forme arrondie ou ovale, et sont souvent très minces. Les cténoïdes se distinguent par une série de petites protubérances osseuses en forme de peigne, appelées ctenii, qui ponctuent leur bord arrière.
poissons à écailles cycloïdes et cténoïdes
On trouve ces écailles chez de nombreux poissons osseux, du plus petit au plus grand. La truite, le saumon ou la carpe sont équipés de cycloïdes, tandis que la perche ou le bar ont des cténoïdes.
avantages des écailles cycloïdes et cténoïdes
Malgré leurs différences morphologiques, leur fonction première est la protection contre les agressions et la régulation de la température. Leur surface lisse permet aussi de réduire la traînée dans l’eau, améliorant ainsi la vitesse et la facilité de déplacement.
Écailles placoïdes
Également appelées denticules dermiques, ces écailles émergent de la couche de derme. Leur structure fine présente une épine ou un pic, constitué de dentine recouvert de vitrodentine, une substance très dure semblable à l’émail, encore renforcée par sa croissance vers l’arrière. Elles sont serrées entre elles, avec leurs extrémités tournées vers l’arrière, en position plate.
poissons dotés de ces écailles
Les requins et les raies, qui appartiennent à la catégorie des poissons cartilagineux, ont ces écailles placoïdes en recouvrement de leur peau.
avantages des écailles placoïdes
Leur texture rugueuse et leur solidité quasi impenetrable confèrent une défense contre les attaques. De plus, leur configuration en V, alignée pour favoriser la progression, leur permet de nager rapidement et silencieusement, tout en nécessitant moins d’énergie. Dotées de mécanismes sensoriels, ces écailles détectent les variations de pression et de mouvement dans l’eau, aidant ainsi à traquer les proies, notamment dans la pénombre.
Quelles espèces de poissons ont une peau dépourvue d’écailles ?
Certains poissons ne possèdent pas du tout d’écailles ni de plaques osseuses, ce qui leur confère un avantage dans certains contextes respiratoires, notamment en augmentant leur surface d’échange gazeux dans des eaux pauvres en oxygène. Parmi eux :
- La lamproie est un poisson serpentiforme à corps cylindrique, doté de trois nageoires et d’une bouche en ventouse recouverte de dents cornées, lui permettant de ronger ses proies ;
- La myxine, avec son corps en forme d’anguille et une structure cartilagineuse lui procurant une grande flexibilité, libère un mucus abundant pour la protéger en bouche de ses prédateurs lorsqu’elle est attaquée ;
- Le congre et l’anguille présentent une silhouette serpentiforme, recouverts d’un mucus permettant de résister aux variations de température et de respirer hors de l’eau si nécessaire ;
- Le silure, poisson d’Europe au corps très visqueux, peut mesurer plus de 2 mètres et peser jusqu’à 100 kg dans des conditions optimales ;
- Le poisson-chat, à peau nue et recouvert d’un mucus épais, affiche un coloris sombre avec des zones plus claires, et un poids allant jusqu’à 300 g pour une taille d’environ 20 cm, étant un cousin des silures.