Ce poisson pélagique impressionnant, dépassant 2 mètres de longueur, est réputé pour sa rapidité, pouvant atteindre plus de 70 km/h, ainsi que pour ses migrations qui traversent les océans. Parmi les trois espèces de thons rouges présentes dans le monde, celles de l’Atlantique sont très prisées commercialement. Cependant, face à une demande croissante, la surpêche a fortement réduit leurs populations. Voilà un focus sur cette espèce en danger, notamment en raison de la surexploitation.
Qui est le thon rouge ?
Le thon rouge appartient à l’ordre des perciformes et à la famille des scombridés. Au niveau mondial, on recense huit espèces de thons, dont trois sont classifiées comme thons rouges :
Le thon rouge du Pacifique (Thunnus orientalis) évolue le long des côtes ouest américaines, du sud de l’Alaska jusqu’au Mexique, ainsi que dans les eaux japonaises, coréennes et chinoises du sud. Le thon rouge du Sud (Thunnus maccoyii) occupe principalement les zones proches de l’Antarctique, des côtes africaines du sud à l’Australie, jusqu’en Amérique du Sud. Enfin, le thon rouge de l’Atlantique (Thunnus thynnus) est connu pour sa large répartition, notamment en Europe et dans les eaux atlantiques.
Comment distinguer le thon rouge ?
En particulier, ce texte se focalise sur le thon rouge de l’Atlantique, dont la France est l’un des principaux fournisseurs mondiaux, aux côtés de l’Espagne, de l’Italie et du Japon. Ce poisson mesure généralement entre 2 et 3 mètres et peut peser jusqu’à 300 kg, avec un record de 684 kg. Son corps, fusiforme et aérodynamique, facilite sa vitesse. Sa peau présente un bleu métallique sur le dos, argenté sur les flancs, et blanc au ventre. Deux nageoires dorsales apparaissent sur sa silhouette : la première, jaune ou bleutée, est accompagnée de rayons épineux, tandis que la seconde est plus élancée. Les pectorales sont courtes, et la queue en croissant est conçue pour de longues migrations. Au-dessus de la queue, on trouve une rangée de pinnules triangulaires, brun jaunâtre, enrichissant son profil hydrodynamique.
Où trouve-t-il le thon rouge ?
Le Thunnus thynnus bénéficie d’un vaste espace de répartition, notamment dans l’Atlantique Nord et la mer Méditerranée. En Atlantique ouest, il évolue de la côte canadienne et de Terre-Neuve jusqu’au Brésil du Nord, incluant le golfe du Mexique et Carthagène. En Europe, il fréquente notamment la mer du Nord, la Manche, la mer Baltique et descend vers la côte ouest africaine. La reproduction se concentre principalement en Méditerranée, autour des Baléares, dans le golfe de Lyon, la mer Tyrrhénienne et près de Chypre. Certains individus migrent également vers la mer Noire. Le golfe du Mexique constitue une zone clé pour la fraie du thon de l’Atlantique, renforçant son importance écologique et commerciale.
Quel habitat privilégie le thon rouge ?
Ce poisson évolue principalement en eaux profondes en haute mer, loin des côtes, dans des zones pélagiques. Favorisant les eaux tempérées et subtropicales, le thon rouge préfère des températures modérées, généralement entre 18°C et 25°C. Il opère à des profondeurs situées entre 100 et 200 mètres, pouvant descendre jusqu’à 500 mètres dans des eaux plus chaudes. Bien qu’il puisse se rapprocher des zones côtières en Méditerranée entre avril et juillet, il évite les eaux très froides, où la température descend en dessous de 3°C.
Que mange le thon rouge ?
Le thon rouge est un prédateur généraliste qui chasse à haute mer, souvent en bancs, pouvant plonger à plus de 200 mètres. Les jeunes se nourrissent principalement de crustacés, de petits poissons comme les sardines, anchois ou sprats, ainsi que de céphalopodes tels que calamars ou seiches. À l’âge adulte, ils consomment des poissons plus volumineux, notamment le hareng, le lançon, la bonite, le mus de mer, le chinchard, ainsi que la maquereau et la bonite.
Quel mode de vie adopte le thon rouge ?
Grâce à sa morphologie adaptée à la vitesse, le thon rouge peut dépasser 70 km/h et effectuer de longues migrations saisonnières pouvant atteindre 10 000 km en un an. Il peut plonger à plus de 1000 mètres de profondeur. Contrairement à la majorité des poissons, qui sont ectothermes, le thon rouge peut réguler sa température interne grâce à un réseau complexe de vaisseaux sanguins appelé « rete mirabile », lui permettant de maintenir une température supérieure à celle de l’eau ambiante. Son système musculaire, riche en myoglobine, génère également de la chaleur durant l’activité physique. Par ailleurs, il évolue en groupes sociaux, formant des bancs pour se nourrir et se déplacer efficacement.
Comment le thon rouge se reproduit-il ?
Chaque année, il migre vers des zones spécifiques pour se reproduire. La Méditerranée (entre mai et juillet) et le golfe du Mexique (de mars à juin) sont ses principaux sites de frai. Lorsque la température de l’eau atteint entre 22°C et 27°C, les femelles libèrent des millions d’œufs, fertilisés par les mâles. Ces œufs flottent en surface et éclosent en 2 à 3 jours. À l’éclosion, les larves mesurent environ 3 mm, débutant leur alimentation en plancton. Leur vulnérabilité est extrême, et beaucoup ne survivent pas aux prédateurs. Les jeunes se développent rapidement et migrent avec les adultes. À l’âge d’un an, ils atteignent environ 50 cm et pèsent 7 kg. La maturité sexuelle est généralement atteinte entre 4 et 8 ans, selon les conditions environnementales.
Pourquoi le thon rouge est-il en danger ?
Occupant une position haut placée dans la chaîne alimentaire, le thon rouge n’a que peu de prédateurs naturels, hormis l’orque. Toutefois, il est classé comme « en danger » par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). La surpêche, commise depuis plusieurs millénaires, s’est intensifiée avec le développement des techniques industrielles dans les années 70, permettant la capture de centaines de tonnes en une seule fois. La forte demande pour ce poisson, notamment pour la préparation de sushis et sashimis, a conduit à une exploitation effrénée. La surpêche du Sud a initialement épuisé ses stocks, conduisant à une intensification de la pêche en Atlantique, aggravant la pression. On estime qu’en quelques décennies, près de 80 % de la population initiale de Thunnus thynnus a disparu, mettant en péril sa survie à long terme.
Le thon rouge bénéficie-t-il d’une protection ?
Pour contrer la menace de disparition, plusieurs organismes internationaux ont instauré des mesures de protection pour cette espèce :
La Convention internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique (CICTA), la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et flore sauvages menacées d’extinction), la Convention de Barcelone pour la Méditerranée ainsi que l’OSPAR ont toutes adopté des réglementations pour limiter la collecte et préserver la biodiversité du thon rouge.
Les quotas de pêche, fixés par la CICTA, ont pour objectif de gérer durablement les populations. Depuis 2022, ces quotas sont révisés en triennal, permettant un meilleur suivi. Les réglementations imposent des limites strictes concernant la taille minimale de capture : 30 kg de poids ou 1,15 m de longueur, avec un seuil d’erreur accepté de 5 %. En France, la pêche sportive est également réglementée, avec notamment l’obligation de pratiquer le « no kill » afin de limiter la mortalité. La durée de vie du thon rouge peut atteindre 40 ans.