Le silure se distingue par une tête aplatie ornée de longues moustaches, de petits yeux et une peau brillante et visqueuse. Sa taille impressionnante et son apparence peu séduisante lui ont valu une réputation peu flatteuse, mais il faut rappeler que cet imposant poisson ne pose en aucun cas de danger pour l’humain. Découvrons ensemble ce géant d’eau douce qui est le plus grand poisson de France en eaux continentales.
Qu’est-ce qu’un silure glane ?
Ce poisson, appelé aussi silure glane, appartient à l’ordre des siluriformes, regroupant les espèces de poissons possédant des « moustaches » caractéristiques, et à la famille des siluridés. Son existence est attestée depuis plus de 100 millions d’années, bien avant la séparation des continents, grâce à ses fossiles anciens. L’ordre des siluriformes rassemble environ 4 000 espèces, représentant une petite fraction des poissons de notre planète, réparties dans diverses familles et habitats aquatiques, incluant même quelques espèces marines.
À quoi ressemble le silure ?
Reconnu comme le plus gros poisson d’eau douce en France, le silure peut atteindre 2 mètres de long à 20 ans, avec un poids supérieur à 50 kg. Des exemplaires pouvant dépasser 2,50 mètres et 100 kg ont déjà été pêchés. Son corps, dépourvu d’écailles, possède une peau vert-brun luisante recouverte d’un mucus protecteur. Son ventre, clair, oscille entre le jaune et le blanc. Sa tête volumineuse, plate, comporte une large bouche et six barbillons sensoriaux : deux longs au-dessus de la bouche et quatre plus courts situés en dessous. Ses dents, petites et tournées vers l’arrière, ne servent pas à couper, mais à aspirer la nourriture, qu’il digère ensuite. La physiologie du silure inclut une nageoire caudale allongée, une nageoire dorsale réduite équipée d’un aiguillon, et deux nageoires pelviennes précises pour ses déplacements.
Silure : qu’est-ce que l’appareil de Weber ?
Les siluriformes possèdent une structure appelée appareil de Weber, qui connecte la vessie natatoire au système auditif. Composé de petits os situés derrière le crâne (scaphium), il convertit les vibrations sonores en stimulations pour l’oreille interne. Lorsqu’il vibre, cet ensemble d’éléments fausse en une amplification des sons et des vibrations, permettant aux poissons de percevoir des fréquences difficiles à capter autrement. Cette adaptation est particulièrement avantageuse dans les eaux profondes, sombres ou troubles, où la vision est limitée.
D’où vient le silure glane ?
Originaire d’Europe centrale et orientale, cet animal se rencontre aussi dans d’autres parties du monde, y compris en Antarctique où des fossiles ont été trouvés. Son aire naturelle va de la Suède du sud au sud de la Suisse, en passant par le Danube, la mer Baltique, la mer Noire et la mer Caspienne. C’est une espèce principalement d’eau douce, capable de pénétrer dans des zones saumâtres lorsque les conditions le permettent. L’intervention humaine a permis sa propagation en Europe occidentale, notamment dans des lieux comme l’Angleterre, la Belgique, l’Espagne et l’Italie, pour la pratique de la pêche sportive.
Comment le silure est-il arrivé en France ?
Présent dans la région du Rhône lors de périodes anciennes, le silure a disparu d’abord, puis a été réintroduit au XIXe siècle dans le bassin du Doubs en provenance d’une pisciculture du Haut-Rhin. Par la suite, dans les années 1960, des silures venus du Danube ont été libres dans des lacs et rivières en Rhône-Alpes. Aujourd’hui, il a colonisé la majorité des grands fleuves, rivières ainsi que certains grands lacs comme le Léman et le Bourget, où il s’adapte aux températures froides, et fréquente aussi les canaux.
Quel est son habitat favori ?
Ce poisson de fond privilégie les zones profondes, riches en cachettes comme les fosses, sous les troncs ou branches immergés, les herbiers, ou près des structures artificielles telles que les piles de ponts. Il préfère les eaux calmes et chaudes, souvent en milieu encombré, avec une prédilection pour les substrats vaseux, typiques des plaines fluviales. Son adaptabilité lui permet de s’installer dans divers habitats en fonction de la température et de la disponibilité de nourriture lors de la reproduction.
Que mange le silure glane ?
Connu sous le nom d’“ogre des rivières”, ce prédateur carnivore se nourrit essentiellement de poissons, notamment les cyprinidés comme la brème, la tanche ou la carpe. Son appétit n’est pas sélectif, puisqu’il dévore également le sandre, le brochet, ainsi que des crustacés, des amphibiens, des larves, de petits mammifères, voire des oiseaux aquatiques ou terrestres, comme l’ont montré certains cas documentés de prédation sur des pigeons. La pratique du cannibalisme est également présente chez cette espèce, les grands individus ingérant parfois des plus petits. La chasse est la plus active lors du crépuscule, en solitaire ou en groupe, selon les situations.
Modèle de vie du silure
Ce poisson affiche un comportement grégaire et territorial. Les jeunes ont tendance à évoluer en petits groupes de quelques individus, voire davantage en population dense. Lorsqu’il se sent menacé, un silure adulte peut se montrer agressif envers ses intrus. Très protecteur de ses œufs, il défend son nid en attaquant tout ce qui s’en approche, y compris les baigneurs. La majorité du temps, il reste discret, se reposer au fond ou sous des abris naturels comme les branches tombées dans l’eau.
Comment se reproduit le silure ?
La période de frai s’étend de mai à juin, dès que la température de l’eau dépasse 20°C, période cruciale pour la fécondation. Lors de la ponte, le mâle sélectionne un site propice, souvent au milieu de racines ou d’herbes, puis prépare un espace de débris végétaux. La femelle peut produire entre 20 000 et 30 000 œufs par kilogramme de poids, de couleur jaune clair et d’environ 3 mm de diamètre, restants collés avec du mucus. Après une incubation de 3 à 4 jours, durant laquelle le mâle veille et maintient les œufs, les larves de quelques millimètres apparaissent rapidement. Leur croissance est rapide et ils atteignent la maturité sexuelle vers 3 ou 4 ans, à une taille d’environ 50 cm et 2 kg.
Le silure est-il nuisible ?
En raison de sa voracité, une partie des pêcheurs s’interroge sur son impact écologique, certains souhaitant le classer en espèce nuisible. Une étude conduite par la fédération de la pêche indique que, bien qu’il soit un super-prédateur pour certains poissons non migrateurs, il ne menace pas leur population globale. Néanmoins, dans certains cours d’eau récemment colonisés, il peut s’attaquer à des espèces migratrices précieuses, comme le saumon ou la grande alose, en déclin dans leurs populations européennes. En revanche, dans son habitat d’origine, le silure est exploité, élevé, et ne pose généralement pas de problème pour la biodiversité locale. Sa capacité d’adaptation aux eaux modifiées par l’homme lui permet d’occuper des habitats où d’autres espèces indigènes préfèrent ne pas séjourner. Même si sa reproduction est abondante et sa croissance rapide, il n’est pas officiellement considéré comme nuisible en France.
Le silure représente-t-il un danger pour l’humain ?
Son apparence impressionnante, avec sa peau gluante, sa tête aplatie et ses moustaches, a alimenté de nombreuses légendes. Pourtant, les attaques sur des humains sont extrêmement rares, puisque ses petites dents ne peuvent pas mordre ou m’attaquer sérieusement un être humain. Le silure ne devient agressif que s’il se sent menacé ou pour défendre ses œufs. Certaines zones de cours d’eau installent même des panneaux “Attention silure” pour prévenir la population. Le seul risque réel réside dans la contamination, car en tant que bio-accumulateur, il peut stocker des substances toxiques comme le mercure, rendant sa consommation potentiellement dangereuse.
Son statut de conservation
Vu sa taille imposante, le silure adulte n’a que peu ou pas de prédateurs naturels, à l’exception de l’homme, qui est sa principale menace. Les jeunes peuvent cependant être la proie de poissons plus grands, d’oiseaux aquatiques ou de mammifères comme les loutres. La classification mondiale et européenne le cite comme “préoccupation mineure”, avec des populations relativement stables dans plusieurs régions d’origine. Cependant, dans certains pays comme la Finlande, la Suède ou la Suisse, des mesures de protection ou de surveillance sont en place. En Europe, le silure est protégé par la loi dans certains pays, et la convention de Berne l’inscrit dans son annexe III pour limiter son exploitation quand il s’agit d’espèces menacées. Sa longévité peut atteindre 40 ans, ce qui témoigne de sa robustesse et de sa stabilité relative à cette échelle.