Le sandre, un prédateur clé dans les milieux aquatiques

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Originaire des régions centrales de l’Europe, le sandre a été introduit en France au cours du XXe siècle, principalement via le bassin du Rhin. Dotée d’une grande capacité de reproduction, cette espèce s’est rapidement répandue dans de nombreux milieux aquatiques à faible débit. Son profil de prédateur efficace, rapide et vorace, lui permet d’attaquer ses proies avec une vitesse impressionnante, en ciblant principalement de petits poissons. Focus sur cette espèce carnassière qui raffole de ses proies aquatiques.

De quelle famille fait partie le sandre ?

Le sandre doré européen (sander lucioperca), aussi désigné communément sous le nom de sandre, appartient à la famille des percidés, qui regroupe environ 200 espèces réparties en une dizaine de genres, dont le genre Sander qui rassemble toutes les variétés de sandres. Son nom scientifique reflète ses ressemblances avec la perche (perca) et le brochet (lucio). L’appellation populaire de « sandre » dérive de l’allemand « zahn » signifiant « dent », en référence à ses deux paires de canines bien visibles. En général, sa taille se situe entre 30 et 60 cm, avec un poids oscillant entre 2 et 3 kg, mais certains individus exceptionnels peuvent dépasser 100 cm et atteindre près de 10 kg.

Comment identifier un sandre ?

Comme le brochet, le sandre arbore un corps fusiforme et élancé, optimisé pour la nage rapide. Il présente deux nageoires dorsales distinctes, une première haute avec 13 à 17 rayons durs et dentelés, et une seconde composée uniquement de rayons mous. Ses écailles, petites et rugueuses, ont une structurecténoïde. Ses nageoires caudale et pectorales, volumineuses, lui confèrent agilité et puissance durant ses déplacements, lui permettant de faire des rotations complètes ou de reculer si nécessaire. Sa tête allongée possède de grands yeux globuleux et une grande bouche équipée d’une mâchoire robuste, garnie de dents acérées et de quatre canines proéminentes.

De quelle couleur est le sandre ?

Sa peau affiche une teinte majoritairement grisâtre. Le dos, allant du gris-vert au gris-brun, contraste avec des flancs plus clairs, tirant sur le vert-jaune, marqués de rayures verticales sombres. La première nageoire dorsale est ornée de taches noires, tandis que la caudale et les pectorales sont d’un jaune pâle parsemé de taches noires. Lors de la période de reproduction, la femelle voit son ventre blanchir, tandis que celui du mâle s’assombrit, lui valant parfois le surnom de « charbonnier ».

Quelle est la zone de répartition du sandre ?

Originaire d’Europe centrale, sa zone de distribution se limite à l’ouest par la vallée de l’Elbe, au nord par la mer Baltique, et à l’est et au sud par la Russie. Depuis le XXe siècle, cette espèce, appréciée pour la finesse de sa chair, a été introduite dans la majorité des pays européens, notamment via les voies navigables. Elle n’est pas présente dans les régions plus au nord (Scandinavie, Irlande, Écosse) ni dans le sud (Espagne, Italie, Grèce). Son expansion s’est également étendue en Asie, en Amérique du Nord et en Afrique du Nord. En France, la première capture s’est produite en 1912 dans le canal de la Marne au Rhin. De cette zone, le poisson aurait migré vers la Saône et le Rhône, où il a trouvé un environnement favorable à sa croissance. Si certains craignaient alors ses effets sur l’écosystème, la majorité s’est rapidement enthousiasmée à l’idée de sa pêche sportive.

Quel habitat privilégie le sandre ?

Ce poisson de la famille des percidés préfère évoluer dans des eaux calmes et profondes : lacs, réservoirs, canaux, rivières, étangs ou gravières. Sa capacité d’adaptation lui permet de supporter des environnements peu clairs, soumis à des pollutions organiques, des sédiments ou à des variations de niveaux d’eau. Il évite la lumière directe en restant près du fond, où il préfère des substrats sableux, caillouteux ou rocheux, plutôt qu’une végétation dense ou la vase. Pendant la période de reproduction ou en automne, il se trouve généralement entre 2 et 8 mètres de profondeur. En hiver, il peut descendre plus profondément, témoignant d’une capacité à migrer dans différents milieux aquatiques, y compris les eaux saumâtres si nécessaire.

Quels sont les aliments du sandre ?

Son petit gabarit de gorge limite sa consommation à de jeunes poissons ou de petites proies, généralement entre 6 et 12 cm, telles que les ablettes, gardons, rotengles, brèmes, grémilles, goujons ou perches. Bien qu’essentiellement piscivore, il ingère aussi occasionnellement des écrevisses dans certains habitats. La prédation peut aller jusqu’à cibler ses propres jeunes, le comportement étant même grégaire et nocturne. Sa vision adaptée à la faible luminosité lui permet de chasser efficacement dans l’obscurité. La vitesse de son corps, couplée à ses grandes nageoires, lui permet d’atteindre plus de trois fois sa longueur par seconde lors d’une attaque rapide. Pendant la journée, il préfère rester au fond, en repos.

Comment se reproduit le sandre ?

La maturité sexuelle de ce poisson intervient vers 2 ou 3 ans pour le mâle, et vers 4 ou 5 ans pour la femelle. Lorsque la température de l’eau atteint entre 12 et 15 °C, généralement de mars à mai, le sandre migre vers des zones de reproduction, appelées frayères, qui doivent respecter plusieurs critères : profondeur, courant faible, et substrat de graviers ou de gros sable. Sur ces sites, le mâle construit un nid sommaire où la femelle vient pondre la nuit. Après la fécondation, celle-ci s’éloigne, laissant le mâle protéger et faire incubar les œufs pendant environ une semaine. Son rôle consiste aussi à défendre la nichée, en faisant preuve d’une grande agressivité face à toute intrusion. Pour favoriser l’aération de la ponte, il tente de la ventiler à l’aide de sa nageoire caudale, afin de prévenir l’obstruction des œufs par le sédiment.

Le sandre est-il une espèce vulnérable ?

Une femelle peut pondre jusqu’à 200 000 œufs par kilogramme de poids, ce qui explique qu’elle abandonne rapidement le nid après la ponte pour se nourrir, entraînant une mortalité plus élevée chez les femelles. Malgré cette forte fécondité, la survie des jeunes est assurée par la vigilance du mâle. La reproduction abondante permet à l’espèce de se maintenir et même d’augmenter ses populations dans certaines zones. L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) classe actuellement le sandre dans la catégorie des espèces présentant une « préoccupation mineure », ce qui indique qu’elle n’est pas encore menacée. De ce fait, aucune mesure spécifique de protection n’est actuellement mise en place. La durée de vie de cette espèce varie entre 10 et 15 ans.

Crédit photo : Inaturalist.ca