Le rémora est un poisson qui entretient une synergie bénéfique avec de grands organismes marins. En s’accrochant à des animaux comme les requins, il profite de leur nourriture, du déplacement, et bénéficie d’une protection naturelle, sans nécessiter d’efforts particuliers. Sa méthode consiste simplement à fixer son ventouse ovale sur la surface du corps de son hôte, et le tour est joué. En retour, le requin bénéficie d’un nettoyage gratuit, car le rémora élimine ses parasites, notamment les organismes indésirables accrochés à sa peau. Résident des eaux chaudes, il évolue aussi bien dans les milieux tropicaux que tempérés.
quelle nature est le rémora ?
Classé parmi les poissons du groupe des perciformes, le rémora appartient à la famille des échénéidés. Le terme « remora » désigne aussi un genre spécifique dans cette famille, comptant une majorité de ses membres. Son nom vient du latin « remora », signifiant retard ou obstacle, illustrant une ancienne croyance selon laquelle cet animal pouvait bloquer la progression des navires auxquels il s’accrochait. Historiquement, on imputait à sa présence la capacité d’immobiliser des bateaux, que ce soit celui de Caligula ou celui d’Antoine. Certaines légendes évoquaient aussi l’usage de remoras dans la préparation de potions destinées à ralentir la justice ou à faire revenir des épouses infidèles. Parmi les espèces principales, on trouve le rémora commun (ou vrai, *Remora remora*) ainsi que le rémora rayé (*Echeneis naucrates*), qui est le plus répandu. Au total, six autres espèces ont été répertoriées, comprenant notamment :
- le rémora blanc (*Echeneis neucratoides*) ;
- le rémora mince (*Phtheirichthys lineatus*) ;
- le rémora des baleines (*Remora australis*) ;
- le rémora des espadons (*Remora brachyptera*) ;
- le rémora des marlins (*Remora osteochir*) ;
- le rémora blanchâtre (*Remorina albescens*) ;
comment reconnaître le rémora ?
Le *Echeneis naucrates* peut mesurer environ un mètre et atteindre un poids de 2,3 kg, même si la taille la plus courante est de 40 cm pour un poids d’un kilogramme. Sa tête large et aplatie, dotée d’un rostre triangulaire, lui confère une apparence caractéristique. Sa bouche inversée présente une mandibule inférieure proéminente, plus mobile que la supérieure. La surface de contact avec son environnement est limitée, ses mâchoires étant équipées de 3 à 4 rangées de dents pointues de 2 à 3 mm de long. La moitié antérieure de son corps ne possède pas de nageoire dorsale, celle-ci étant remplacée par une ventouse adaptée à l’accroche. Les nageoires pectorales sont acérées, tandis que la queue s’ouvre en éventail. Sa peau est recouverte d’écailles gris ou brun sombre, avec un ventre blanc. Le rémora rayé se distingue par une bande longitudinale foncée flanquée d’un liseré blanc sur ses flancs.
comment fonctionne la ventouse du rémora ?
Au fur et à mesure de sa croissance, la première nageoire dorsale du rémora se transforme en une ventouse ovale. Fixée sur le crâne, cette structure adhésive permet au poisson de se maintenir sur des surfaces telles que les grands animaux marins pour se nourrir ou voyager. La ventouse comporte une série de 20 à 28 lamelles dentelées et mobiles de chaque côté, séparées par un sillon médian. La partie antérieure du disque, près de la première paire de lamelles, abrite l’ouverture du mécanisme d’aspiration. Lorsqu’il souhaite se décoller, le rémora soulève le clapet qui permet à l’eau de s’écouler sous la ventouse, ce qui libère son adhérence. Cette capacité lui confère le rôle de poisson-pilote, accompagnant souvent de plus grands individus aquatiques — poissons, mammifères ou reptiles. On désigne aussi cette interaction par le terme de « mutualisme » puisque le rémora tire un bénéfice direct de sa relation, alors que si l’autre partie n’en tirait aucun avantage, il s’agirait plutôt de « commensalisme ». Des incidents rares où des baigneurs ont constaté la présence d’un rémora fixé dans le dos ont été rapportés, bien que cela reste exceptionnel et généralement incommodant.
rémora : qu’en est-il de sa relation avec le requin ?
Le rémora se spécialise dans la fixation sur de grands organismes marins tels que divers requins, tortues, baleines, thons, raies manta, raies aigles, dugongs ou même sur la coque des navires. Son nom de « poisson-suceur » souligne cette habitude. Son partenaire préféré demeure le requin, qu’il accompagne pour se nourrir de parasites et bactéries présentent sur sa surface. En plus de se nourrir, il bénéficie d’un transport sans effort grâce à ce partenariat, ce qui est particulièrement avantageux compte tenu de ses faibles capacités de nage. En effet, le rémora possède une vessie natatoire absente, limitant sa flottabilité et sa nage autonome. La relation lui offre aussi une protection notable contre ses prédateurs, ce qui constitue un avantage supplémentaire. Son corps élancé et hydrodynamique s’intègre harmonieusement à celui de l’hôte sans causer le moindre désagrément. Ce partenariat est un exemple parfait de mutualisme : le rémora profite en se nourrissant et en se déplaçant, tandis que le requin ne reçoit rien en échange direct, ce qui relèverait davantage d’un cas de commensalisme si tel était le cas.
que consomme le rémora sur le requin ?
Selon la zone où il se fixe, le rémora va se positionner sur le dos, les flancs, le ventre ou la région autour des branchies du requin. Son régime alimentaire principal consiste en petits crustacés appelés copépodes, qui sont souvent des parasites de la peau du requin. Il se nourrit également des débris alimentaires que le requin peut perdre ou faire tomber lors de ses déplacements. Sa technique de filtration utilise sa bouche équipée de dents en brosse pour sélectionner ces organismes planctoniques dans l’eau, tout en laissant passer l’eau. Lorsqu’il évolue dans la pleine mer ou sur des surfaces telles que les coques de bateaux, il capture notamment des crustacés, des calamars ou de petits poissons. La nécessité d’un courant d’eau constant est essentielle pour cette méthode d’alimentation, rendant le rémora incapable de prospérer dans des courants faibles.
où trouve-t-on le rémora ?
Le rémora fréquente principalement les eaux chaudes, qu’elles soient tropicales, subtropicales ou tempérées, à l’échelle mondiale. Il privilégie surtout les zones côtières parsemées de récifs coralliens, jusqu’à environ 100 mètres de profondeur. La population de rémoras rayés reste généralement limitée à des profondeurs faibles, entre 0 et 15 mètres. Occasionalement aperçu dans la mer des Caraïbes, sa présence sur les côtes françaises métropolitaines demeure extrêmement rare. On le rencontre aussi près de la Réunion, de Mayotte et en Nouvelle-Calédonie.
comment se reproduit le rémora ?
La reproduction du rémora demeure peu documentée. La ponte, principalement observée du printemps à l’été dans les eaux tropicales, et en automne en Méditerranée, se déroule par fécondation externe. Les gamètes mâles et femelles étant libérés dans l’eau, leur rencontre conduit à la formation d’œufs. Ces derniers, riches en éléments nutritifs, assurent le développement embryonnaire. Les œufs, sphériques et pelagiques, donnent naissance à des larves peu formées. Pendant leur croissance, elles développent un disque céphalique et des dents sur la mâchoire. Environ un an après leur naissance, à 3 cm de longueur, ils rejoignent le plancton. La maturité sexuelle est généralement atteinte entre 3 et 5 ans.