Le piranha : un prédateur impitoyable des rivières d’Amérique du Sud

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Bien que plusieurs espèces de piranhas soient principalement végétariennes, d’autres se révèlent de véritables chasseurs redoutables, dotés de mâchoires extrêmement puissantes et de dents coupantes comme des rasoirs. Voici une plongée dans le monde de la terreur aquatique des forêts amazoniennes.

Les différentes catégories de piranhas

Environ quatre-vingts variétés de poissons d’eau douce qui fréquentent les fleuves d’Amérique du Sud sont regroupées sous le nom de piranhas. Tous appartiennent à la famille des Characidés, sous-famille des Serrasalminés, et se répartissent en deux grands groupes :

premier groupe – Serrasalmus. Ces poissons se distinguent par leurs dents acérées, leur silhouette en forme de losange, et sont majoritairement herbivores dans leur régime alimentaire ;

second groupe – Pygocentrus. Ces prédateurs vivent souvent en grands bancs pouvant rassembler des centaines voire des milliers d’individus. Trois espèces, en particulier, sont connues pour leur potentiel à représenter une menace pour l’homme durant la saison sèche :

  • Le Pygocentrus nattereri, communément appelé piranha rouge ou à ventre rouge, se trouve à l’échelle de tout le bassin amazonien ;
  • Le Pygocentrus cariba, aussi nommé piranha aux oreilles noires, évolue dans la région de l’Orénoque ;
  • Le Pygocentrus piraya, ou piranha à queue noire, est localisé dans le fleuve Río São Francisco au Brésil.

Une allure de prédateur

Les représentants de la sous-famille des Serrasalminés ont une apparence relativement homogène. Leur corps semi-rond est légèrement aplati sur les côtés, et une crête osseuse sur la tête supporte la ligne dorsale. Cette dernière est renforcée par une rangée robuste de grosses écailles pointues, dirigées vers l’arrière, qui donnent à l’ensemble un aspect acéré. La queue fine, musclée, permet au piranha de nager rapidement pour attaquer. Si la forme du corps est similaire chez Pygocentrus et Serrasalmus, la coloration peut varier, et certains exemplaires apparaissent plus trapus en raison de leur tête et corps plus larges.

Le piranha rouge, emblématique et redouté

Le piranha rouge est le plus célèbre et l’un des plus dangereux, du fait notamment de sa couleur ventrale qui devient rouge lors de la reproduction. Son regard perçant, avec deux gros yeux situés en haut de la tête, renforce son apparence féroce. Sa mâchoire prognathe, très avancée, et ses dents triangulaires capables de trancher avec une précision extrême, lui confèrent une aptitude à déchiqueter rapidement ses proies. Mesurant généralement entre 15 et 25 cm, il peut atteindre 50 cm et dépasser 4 kg.

Le piranha, un habitant des eaux douces

La majorité des piranhas évoluent dans les milieux tropicaux d’Amérique du Sud et centrale, à l’exception du Chili. Leur habitat naturel comprend fleuves, rivières, eaux stagnantes ou calmes, et zones thermales. On les retrouve principalement dans l’Amazonie, l’Orénoque, les rivières de Guyane, mais aussi dans le Gran Chaco, le Paraná, l’Uruguay et le Río de la Plata. La majorité vit en solitaire, mais ils peuvent former des groupes lorsque la nourriture devient rare.

Attirés par le sang

En tant que carnivores, ces poissons chassent principalement d’autres animaux aquatiques, qu’ils repèrent grâce à leurs mouvements dans l’eau. Leur diète inclut aussi des insectes, mollusques, rongeurs ou serpents. Pour chasser, ils se regroupent en grandes bancs pour attaquer une victime en lui mutilant les nageoires ou en l’immobilisant. Leurs dents tranchantes transforment la chair en morceaux, os compris, en quelques secondes. Ils sont attirés par l’odeur de sang, ce qui leur permet de s’en prendre à des plus gros animaux, notamment malades ou blessés. Cette stratégie leur permet aussi d’éliminer les faibles, empêchant la propagation de maladies. Cependant, il faut noter que certains piranhas, comme le Pacu, ont un régime principalement constitué de fruits, de graines et de végétation.

La saison sèche accentue leur agressivité

Les périodes de sécheresse voient ces poissons devenir particulièrement agressifs, car la lutte pour la survie devient féroce. Piégés dans des points d’eau asséchés, ils s’attaquent en priorité aux individus les plus faibles, mais n’hésitent pas à s’en prendre à des mammifères ou autres animaux venant s’abr soit en surface pour boire. Les attaques contre les humains ne sont pas rares durant ce moment, comme en 2013, lorsque plus de soixante personnes ont été blessées par une bande de piranhas en Argentine, subissant notamment des morsures aux membres et des amputations de doigts ou d’orteils.

Une vulnérabilité saisonnière

Malgré leur réputation redoutable, les piranhas sont plus vulnérables lors des saisons sèches. La réduction progressive de leur milieu favori, causée par l’évaporation, les oblige à remonter à la surface pour respirer, ce qui les rend plus susceptibles d’être attaqués par des oiseaux comme les hérons ou par des prédateurs comme les caïmans. Il n’est pas rare qu’ils soient même dévorés par leurs propres congénères. La conservation de cette espèce est considérée comme préoccupation mineure par l’Union internationale pour la conservation de la nature, sa durée de vie allant jusqu’à 12 ans à l’état sauvage, et pouvant atteindre 20 ans en captivité.