Le pacu, un poisson originaire de l’Amérique du Sud, est rarement rencontré en Europe, car il préfère vivre dans les eaux chaudes de l’Orénoque et de l’Amazone. Omnivore, ses dents robustes lui permettent de briser noix et graines, consommées selon la saison. Bien qu’il puisse aussi ingérer de petits poissons et mollusques, sa préférence va à un régime composé de végétation, de fruits et de graines. Ce poisson d’eau douce adopte une stratégie alimentaire opportuniste, ajustant ses habitudes en fonction des ressources disponibles dans les ruisseaux, rivières et bassins fluviaux de ses habitats naturels.
Des poissons d’eau douce herbivores et opportunistes
Pacu, un seul nom mais plusieurs espèces aux comportements alimentaires variés
Plusieurs variétés de pacu possèdent des dents évoquant celles de l’humain, notamment le pacu blanc, le pacu Pirapitinga ou le pacu noir, sans oublier le pacu rouge connu sous le nom scientifique de Colossoma brachypomus. Toutes ces formes descendent d’un ancêtre commun et évoluent dans les fleuves de l’Amazone et de l’Orénoque, ainsi que dans leurs affluents, où elles cherchent leur nourriture. Ces poissons, souvent en groupes, peuvent atteindre une taille comprise entre 25 cm et plus d’un mètre.
Pour les populations indigènes brésiliennes, “pacu” désigne une catégorie large de poissons d’eau douce, comprenant aussi bien les herbivores que les carnivores ou omnivores. Ces espèces partagent une appartenance à la sous-famille des Serrasalminae, qui inclut également le piranha. La diversité des genres regroupés sous cette dénomination est vaste, comprenant notamment :
- Metynnis
- Myloplus
- Mylossoma
- Ossubtus
- Tometes
- Utiaritichthys
- Colossoma
- Mylesinus
- Piaractus
Pacu à dents humaines, un proche parent du piranha
Ce poisson à mâchoires puissantes et dents en forme de scie est souvent confondu avec le piranha, mais il ne faut pas oublier qu’il existe plus de 35 espèces différentes de ces poissons. Leur territoire s’étend du bassin amazonien aux régions tropicales de l’Amérique du Sud. Bien qu’il fasse partie de la même sous-famille que le piranha, le pacu est généralement considéré comme un animal plus pacifique, capable de détecter une goutte de sang à distance et capable d’attaquer de manière défensive en cas de menace. Les morsures de ces poissons peuvent laisser des traces en cratère, mais ils ne sont pas connus pour être une menace mortelle pour l’homme depuis la fin du XIXe siècle. Leur taille, allant de 15 à 50 cm, en fait des candidats à l’aquariophilie, mais leur comportement parfois agressif et leur besoin de compagnie imposent une organisation spécifique. En général, ils chassent surtout les poissons faibles ou blessés, faisant preuve d’une grande opportunisme.
Une ressemblance morphologique entre jeunes pacus et piranhas
Alors qu’à l’âge adulte, leurs différences de taille et de morphologie sautent aux yeux, les jeunes pacus et piranhas présentent des traits similaires. notamment : la mâchoire prognathe chez le piranha et une lèvre inférieure légèrement retroussée chez le pacu ; une distance plus grande entre le haut de l’œil et le sommet de la tête chez le piranha ; des nageoires caudale et dorsale plus longues chez le pacu comparé au carnivore. Ces caractéristiques permettent de distinguer les deux, notamment à l’état juvénile.
Les différentes espèces de pacu
Parmi les variétés populaires, on trouve le pacu blanc (Myleus asterias ou Colossoma macropomum, aussi appelé Tambaqui), le pacu rouge (Piaractus brachypomus) ou Pirapitinga, et le pacu noir, dont la mâchoire exceptionnelle est adaptée à leur régime végétarien. Leur mâchoire, dotée de dents carrées et durcies, leur permet de broyer fruits, graines, noix et végétaux variés.
Pacu blanc
Ce poisson frugivore est calme et non carnivore. Il mesure généralement entre 20 et 25 cm et peut vivre jusqu’à 10 ans en aquarium, à condition que ses besoins soient bien respectés. Avec une alimentation basée exclusivement sur des fruits, graines et végétaux, il préfère une eau neutre, chaude (23-28 °C), peu courante et calme, en bancs de plusieurs individus. Une grande superficie d’au moins 500 litres est essentielle pour son bien-être, avec un groupe d’au moins huit poissons. Il est conseillé d’éviter d’introduire des végétaux dans son espace, car il aime les grignoter et les déraciner.
Pacu rouge
Surnommé Pirapitinga au Brésil, ce pacu a une silhouette circulaire, avec des nageoires dorsale, anale et caudale positionnées en arrière. La taille moyenne atteint 60 cm, avec certains spécimens dépassant 80 cm. Evoluant en bancs dans l’eau libre à mi-profondeur, il recherche des fruits et graines comme nourriture principale. Sociable, il préfère un environnement acide, riche en matières organiques en décomposition, à des températures comprises entre 26 et 28 °C. Les jeunes vivent souvent près des racines des arbres en zone inondée, en sécurité contre tout danger. Plus tard, cette espèce montre un corps grisé-argenté avec un ventre clair orangé. La femelle peut pondre jusqu’à 150 000 œufs durant la saison des hautes eaux, atteignant la maturité sexuelle vers l’âge de 3 ans.
Pacu noir
Surnommé Tambaqui ou Pachama, il arbore une teinte dorée sur sa moitié supérieure, une zone grise foncée à noire en dessous, avec un ventre blanc. Son mode de vie est diurne, plutôt solitaire mais pouvant former des bancs. Si sa taille peut dépasser 1 mètre pour un poids supérieur à 40 kg, ses dents molariformes sont particulièrement adaptées pour broyer graines, fruits et céréales. Malgré son apparence peu menaçante, il peut se montrer agressif si on le provoque, sa morsure étant capable de faire de graves blessures. Adapté à un environnement riche en matières organiques, il préfère des eaux profondes et tempérées, entre 22 et 28 °C, et se trouve parfois dans des zones inondées durant la saison des pluies, où il se nourrit notamment de fruits de différentes espèces de palmiers. Originaire des eaux de l’Amazone et de l’Orénoque, il a été introduit dans des régions comme Hawaï ou la Floride, où il est souvent élevé pour sa chair savoureuse, bien qu’il soit considéré comme invasif dans certains cas.
Le rôle crucial du pacu dans le renouvellement de la forêt amazonienne
Ces poissons jouent un rôle vital dans la dissémination des graines et des noix dans les zones inondées. Lors de la saison des eaux hautes, ils ingèrent et digèrent ces végétaux, ce qui favorise la germination – ces graines ne pouvant croître sans avoir subi leur passage dans leur système digestif. À travers la dépose de ces graines à plusieurs kilomètres des sites de consommation, ils contribuent à la régénération forestière. Ce processus a créé une relation symbiotique durable entre ces poissons et leur environnement, permettant la propagation d’au moins 27 graines différentes et de nombreuses plantes herbacées. La disparition des grands pacus pourrait perturber ce cycle essentiel à la sauvegarde de la biodiversité végétale de la forêt tropicale.
Une légende persistante des eaux tropicales
De nombreuses histoires et mythes entourent ces poissons, mais ceux liés au pacu ont particulièrement marqué l’imaginaire depuis 2011. Après un reportage de Jeremy Wade dans la série River Monsters, une rumeur est née, qualifiant ce poisson de “mangeur de testicules” en raison d’incidents rapportés en Papouasie–Nouvelle-Guinée. Selon cette légende, des pêcheurs auraient été mordus lors de captures, et certains auraient péri, mais ces informations étaient largement exagérées ou erronées : l’un des pêcheurs, présenté comme victime, est toujours en vie et en bonne santé. La Mère Nature ayant ses secrets, le pacu a acquis une réputation d’être dangereux malgré une compatibilité généralement pacifique avec l’humain. La légende continue de susciter la fascination et la crainte, renforçant la popularité de cette espèce sous le surnom de “mangeur de testicules”.