La carpe amour : une poisson chinoise à régime herbivore

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Originaire des vastes plaines aquatiques de l’Asie, la carpe nommée amour a été introduite dans divers territoires à travers le globe, notamment en France. Initialement valorisée pour sa capacité à contrôler la prolifération d’espèces végétales invasives dans les cours d’eau, cette espèce de poisson n’est plus aussi bienvenue dans les étangs, en raison de ses habitudes mangeuses et de ses impacts écologiques. Focus sur ce poisson herbivore à la nature effrénée.

La carpe amour : un herbivore d’origine asiatique

La famille des cyprinidés accueille la carpe amour, également connue sous les noms de carpe de roseau, carpe blanche ou encore carpe chinoise. Elle partage cette famille avec plusieurs autres espèces de carpes originaires d’Asie, comme la carpe à grosse tête ou la carpe argentée. Ce poisson se distingue par sa croissance rapide, dépassant souvent la croissance de la carpe commune, pouvant atteindre 1,50 mètre de longueur et un poids allant jusqu’à 35 kilogrammes dans un environnement optimal, avec une espérance de vie pouvant aller jusqu’à trois décennies.

La carpe amour : un reflet doré et un profil specific

Avec sa silhouette allongée, cette espèce possède une tête robuste, sans barbillons, et une bouche large avec des lèvres épaisses. Sa mâchoire inférieure est plus courte que la supérieure, équipée de dents pharyngiennes acérées. Ses yeux, positionnés en contrebas, lui donnent une vision particulière. La peau est couverte de grosses écailles aux reflets dorés ou argentés, bordées de noir, et son ventre affiche une teinte pâle allant du blanc au jaune clair. La nageoire dorsale et la caudale, plus sombres que le reste du corps, contribuent à son allure élégante, tandis que sa queue est profondément fendue. Ce poisson est connu pour sa nature paisible et sa capacité à cohabiter harmonieusement avec d’autres poissons et espèces aquatiques.

Origines géographiques et distribution

Ce cyprinidé vient principalement du bassin du Yang-Tze en Chine, ainsi que du fleuve Amour, qui s’étend de la Russie sibérienne jusqu’à la Mandchourie. On le retrouve également dans la région supérieure du Mékong. Sa présence s’est diffusée progressivement au XXe siècle dans de nombreux pays, la France comptant sa première apparition dès 1957. Adaptée aux milieux d’eau douce et saumâtres, cette carpe affectionne les zones calmes riches en végétation, comme les lacs, étangs ou grands fleuves à courant lent.

La reproduction et le cycle de vie

La maturité sexuelle de la carpe amour se manifeste entre 4 et 10 ans, selon les conditions environnementales. Une saison chaude longue et une alimentation abondante accélèrent sa maturation. La femelle peut déposer un million d’œufs, transportés par le courant vers des lieux éloignés, loin du site de ponte. Plus la température ambiante est haute, plus l’éclosion est rapide. Les larves, capables de se nourrir peu de temps après leur naissance, tendent à rester dans les sections basses des rivières, remontant souvent vers leur lieu d’origine en tant qu’adultes, pouvant parcourir plusieurs centaines de kilomètres lors de leurs premières années.

Reproduction en captivité uniquement

En milieu sauvage, cette espèce privilégie des habitats spécifiques — rivières à courant soutenu, avec des variations rapides du niveau d’eau, et des températures autour de 20-25°C durant l’été. Ces paramètres limitent considérablement sa capacité à se reproduire spontanément en dehors de son environnement naturel, ce qui explique qu’en Europe, sa reproduction reste rare ou limitée aux zones d’élevage contrôlées. Cependant, certains rapports évoquent la présence sporadique d’alevins hors des zones d’élevage, laissant planer un doute quant à sa capacité à se reproduire en liberté dans certains milieux.

Son alimentation : un régime actif et vorace

Ce poisson herbivore se nourrit principalement de plantes aquatiques et de végétation terrestre immergée, comme les lentilles d’eau, nénuphars ou potamots. Ses dents longues et tranchantes lui permettent d’arracher et de déchiqueter une grande variété de végétaux, jusqu’aux racines ligneuses. Il peut consommer une quantité de nourriture équivalente à son propre poids chaque jour, sauf lorsque la température chute en dessous de 15°C, moment où l’appétit du poisson diminue fortement. Chez les jeunes, son régime devient plus omnivore, incluant aussi des insectes ou petits crustacés.

La carpe amour comme agent de gestion des eaux

Son introduction dans divers plans d’eau d’Europe et d’Amérique du Nord visait à lutter contre la proliferation de végétaux indésirables, souvent favorisée par la pollution. Elle cible en particulier les plantes flottantes et celles dont les racines se développent en profusion, permettant une gestion naturelle de la végétation aquatique. Par ailleurs, ses déjections apporteraient des éléments fertilisants bénéfiques à la microfaune et à la trophicité de ces écosystèmes aquatiques, participant à la fertilisation naturelle des eaux.

Impacts écologiques et déséquilibres

Malgré ses qualités dans la gestion végétale, la carpe amour engendre des effets négatifs imprévus. En consommant massivement une variété de végétaux, elle contribue à la disparition d’habitats essentiels à la biodiversité aquatique, comme les herbiers, qui servent de refuges et de sites de reproduction pour de nombreuses espèces animales, y compris des insectes, amphibiens ou oiseaux. Certaines plantes rares, protégées, font également partie de son menu, ce qui pose problème pour la conservation de la flore locale.

Elle est considérée comme une espèce invasive

Dans plusieurs régions, cette espèce a été déclarée nuisible, notamment en raison de sa capacité à détruire les herbiers indispensables à l’équilibre des écosystèmes. Elle est classée parmi les principales espèces exotiques envahissantes en Europe, en tant que seconde plus problématique. Bien qu’en France, son introduction ait été libre jusqu’en 2006, cette pratique est depuis encadrée strictement par les autorités, avec une nécessité d’autorisation préfectorale et de mesures pour limiter sa population, notamment en utilisant uniquement des poissons issus de piscicultures réglementées.

Crédit photo : Eric Engbretson