Originaire du continent européen, la brème commune est une espèce de poisson d’eau douce largement présente en France. Son environnement naturel, désigné par les pêcheurs sous l’appellation de zone à brème, correspond à des eaux profondes, vastes et riches en végétation. Ce poisson, vif et fouilleur, nage souvent dans des eaux trouble, remuant la vase pour se nourrir.
Présentation de la brème commune
Connue sous le nom scientifique Abramis brama, cette espèce appartient à la famille des cyprinidés. Elle peuple principalement les eaux douces lentes et profondes de l’Europe, avec en France une répartition très étendue, sauf en Corse. La brème peut être appelée par divers noms locaux tels que brème franche, grande brème, brème carpée, ou encore omblais. Elle mesure généralement entre 30 et 50 cm, avec un poids allant de 0,5 à 2,5 kg. Les plus grands spécimens peuvent atteindre une longueur de 80 cm et dépasser 6 kg, avec un record historique de 90 cm pour 9 kg. Sur le territoire métropolitain, une autre espèce de brème, la bordelière, lui ressemble fortement sur le plan morphologique.
Comment distinguer la brème commune ?
Ce cyprinidé se distingue par une silhouette ovale caractéristique, souvent qualifiée de plateau. Son corps, aplati latéralement, est doté d’un dos bombé avec des écailles visibles, recouvert d’un mucus abondant. Sa tête est petite, pourvue d’une bouche orientée vers le bas et protractile, idéale pour aspirer le substrat. Les nageoires dorsale et anale comportent toutes deux des rayons épineux, dont les premiers sont particulièrement durcis. La queue est fortement échancrée, avec un lobe inférieur plus développé que le supérieur. La coloration générale est plutôt uniforme : un dos vert bronze, des flancs clairs et un ventre blanc aux reflets argentés, tandis que les nageoires tendent du gris au noir.
Habitat et répartition de la brème commune
Originaire de l’Eurasie, la brème commune se trouve presque partout en France, à l’exception de la Corse. Elle privilégie les eaux tranquilles et profondes comme celles des lacs, étangs, réservoirs, canaux et rivières à faible courant. Elle tolère également une salinité légère dans les embouchures maritimes. La brème s’épanouit dans des fonds vaseux ou limoneux, souvent couverts d’une végétation dense. Les zones que ces conditions définissent sont connues des pêcheurs sous le nom de zones à brème.
Alimentation de la brème commune
À l’état jeune, ce poisson se nourrit principalement de zooplancton, puis devient benthophage à l’âge adulte. Son alimentation comprend surtout des larves d’insectes, notamment les chironomes, ainsi que des vers, petits crustacés, mollusques et débris végétaux en suspension. Chez les grands spécimens, il peut capturer de petits poissons et, en cas de nourriture rare, consommer des daphnies et copépodes présents dans l’eau. Sur le même site de nourriture, il cohabite avec d’autres espèces telles que les gardons ou les carpes. Étant donné qu’il filtre sa nourriture dans la vase, cette espèce peut accumuler des polluants qui peuvent s’accumuler dans ses tissus.
Technique de filtration alimentaire
Le poisson fouisseur remue activement le fond vaseux à l’aide de sa bouche protractile pour chercher sa nourriture. Son comportement peut troubler l’eau et augmenter la turbidité locale en remettant en suspension les sédiments. Doté d’un filtre branchial sophistiqué, il possède des crêtes transverses formant un réseau de canaux capables de retenir les particules alimentaires. Selon les observations, il peut adapter la taille de ses canaux selon la finesse de la nourriture, notamment pour filtrer des particules très petites.
Reproduction et cycle de vie
Ce cyprinidé vit en grands groupes et devient territorial lors de la période de frai, qui s’étend de mai à juillet. Alors, le mâle porte des boutons nuptiaux sous forme de points blancs sur le dos et le haut du corps. La reproduction se produit dans des eaux peu profondes, à environ 16°C, proches de la rive, avec une végétation immergée favorable. La femelle dépose entre 50 000 et 60 000 œufs, qu’elle fixe sur des plantes ou des supports minéraux comme des galets ou grappes de graviers. Les œufs éclosent en quelques jours, selon la température, pour donner naissance à de jeunes larves de 4 mm. Ces larves s’accrochent aux végétaux, restant immobiles jusqu’à la résorption de leur vésicule vitelline, contenant leurs réserves nutritives. Durant cette période, elles sont particulièrement vulnérables à la prédation.
Stade de vulnérabilité et état de conservation
Les jeunes brèmes se regroupent pour rechercher leur nourriture dans le plancton. La croissance de cette espèce est lente, la maturité sexuelle n’étant atteinte qu’à une taille de 20 cm, généralement entre 3 et 10 ans. La brème se reproduit fréquemment avec des espèces voisines comme le gardon ou le rotengle, mais ses descendants restent fertiles, évitant ainsi la formation d’hybrides stériles. Très répandue dans son aire de répartition, cette espèce est classée par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) en catégorie préoccupation mineure. La durée de vie moyenne d’un individu est estimée à environ 20 ans.