Le barbeau commun, identifiable grâce à ses caractères distinctifs, doit son nom à ses barbillons situés autour de sa bouche. Son corps élancé et robuste indique sa capacité à nager dans des courants forts et à explorer le fond de l’eau. Il s’agit d’une espèce sociale qui préfère évoluer en grands groupes soudés.
Présentation du barbeau commun
Appelé aussi barbus barbus, le barbeau fluviatile doit son nom à ses quatre barbillons placés au niveau de la lèvre supérieure (du latin barba, signifiant barbe). Originaire d’Europe centrale, probablement du cours inférieur du Danube, il appartient à la famille des cyprinidés. Son apparition remonterait à environ deux millions d’années. Typiquement, sa taille oscille entre 30 et 50 cm, avec un poids compris entre 2 et 3 kg, mais certains individus peuvent atteindre un mètre de long. La record de poids enregistré est de 12 kg, avec une femelle étant souvent plus grande que ses homologues mâles.
Comment identifier le barbeau commun ?
Ce poisson arbore une silhouette fusiforme, avec un corps allongé, un abdomen presque plat et un dos légèrement arrondi. Sa bouche, orientée vers le bas, est équipée de lèvres épaisses et charnues, dont pendent deux paires de barbillons. La nageoire dorsale comporte entre 7 et 11 rayons, dont le plus long est souvent ossifié et dentelé. La coloration du dos varie du marron au gris-vert, les côtés sont plus clairs et l’abdomen blanc. Les nageoires pectorales, pelviennes, l’anale ainsi que la partie inférieure de la queue peuvent arborer des teintes orange ou même rougeâtres.
Zone de répartition du barbeau commun
Présent en Europe occidentale et centrale, ce cyprinidé est surtout répandu en France, bien que ses populations y soient plus dispersées dans le sud. Il manque en Irlande et en Scandinavie. Son environnement favori comprend les rivières à courant rapide où l’eau est claire, bien oxygénée et fraîche. Naturellement proche du fond, il privilégie les substrats sablonneux, de gravier ou de galets qu’il fouille à la recherche de nourriture.
Mode de vie et comportement du barbeau commun
Extensible en grands bancs, cette espèce manifeste une forte sociabilité. Pendant la journée, on le retrouve en phase de sommeil dans des zones calmes sous les berges, souvent appuyé contre le fond, avec les nageoires déployées et les lèvres calées sur une pierre pour lutter contre le courant. Au crépuscule, il quitte ses refuges pour se nourrir. En hiver, il adopte une dormance, formant de petits groupes qu’il cache sous des roches ou dans la végétation, dans des eaux plus profondes.
Alimentation du barbeau commun
Omnivore opportuniste, ce poisson d’eau douce se nourrit principalement de petits invertébrés qu’il déniche en fouillant le fond avec ses lèvres épaisses et ses barbillons. Il peut retourner des galets pour attraper des larves d’insectes (comme celles de trichoptères, éphémères ou plécoptères), de vers, de petites crevettes ou d’écrevisses. Lorsqu’il atteint une taille importante, il peut même capturer de jeunes poissons. Son régime comprend aussi des algues et divers débris végétaux qui complètent sa nourriture.
Processus de reproduction du barbeau
Cette espèce a besoin de deux conditions essentielles pour assurer sa reproduction : un courant stable et un substrat de gravier ou de galets, indispensables pour que les œufs puissent échapper à la moisissure. Durant la période de frai, de mai à juillet, les bancs migrent vers les zones d’amont pour se reproduire. Les mâles, lors de cette période, se parent de tubercules blancs sur la tête et le dos, et leurs nageoires inférieures deviennent orangées. La femelle creuse une dépression dans le substrat, où elle dépose entre 3 000 et 9 000 œufs qui tombent entre les pierres, car non adhésifs. La fécondation a lieu lorsque les mâles libèrent leur sperme sur la ponte, et les œufs éclosent après une incubation de 10 à 15 jours.
Cycle de vie de la jeune génération
Les larves mesurent initialement 7 à 9 mm à leur naissance, puis atteignent environ 3 cm après trois semaines. Après avoir absorbé leur vésicule vitelline, elles commencent à chercher de la nourriture, en se nourrissant d’abord de phytoplancton, puis de zooplancton et enfin de larves aquatiques. Les jeunes poissons, peu mobiles, restent dans des eaux calmes et peu profondes, ne rejoignant les courants qu’après avoir suffisamment grandi. La maturité sexuelle chez le mâle est atteinte vers 4 ou 5 ans, et chez la femelle à environ 6 ans.
Les risques liés aux œufs du barbeau commun
Les œufs de cette espèce ne peuvent pas être consommés, car ils contiennent des substances toxiques ayant été autrefois utilisées comme vomitifs. Leur ingestion, même après cuisson, peut entraîner des troubles tels que nausées, coliques ou syndrome du « choléra des barbeaux » — une maladie caractérisée par une forte diarrhée, douleurs abdominales, vomissements, déshydratation et autres symptômes graves. La toxicité réside dans un lipide spécifique présent dans les réserves vitellines, qui possède un groupe acide phosphorique. Par conséquent, la ponte du barbeau est peu vulnérable à la prédation, assurant une reproduction efficace.
Statut de conservation du barbeau commun
Selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), le barbeau commun est classé comme « préoccupation mineure ». Bien qu’il ne soit pas en danger à l’échelle du continent, sa situation peut être critique localement. Certaines sous-espèces, comme le barbeau méridional, vivant uniquement dans le sud-est de la France et en Espagne, sont menacées par la disparition de leur habitat due à l’assèchement des rivières et à la pollution. L’hybridation avec le barbeau commun peut aussi diminuer la diversité génétique. La durée de vie moyenne de cette espèce est estimée entre 15 et 20 ans, permettant la continuité de sa population dans le temps.
Crédit photo : Gilles San Martin