Arapaïma : un poisson d’eau douce au profil de prédateur puissant

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Originaire des régions tropicales d’Amérique du Sud, cette espèce aquatique se distingue par des traits exceptionnels. En plus d’une taille imposante, elle bénéficie d’une carapace robuste, capable de résister à de nombreuses attaques, y compris celles de prédateurs féroces comme les piranhas. Découvrez cette créature étonnante des eaux douces.

L’arapaïma, un vrai fossile vivant

Connue sous le nom scientifique d’Arapaima gigas, cette espèce, aussi appelée pirarucu, morue d’Amazonie ou paiche, appartient à la famille des ostéoglossidés. On la qualifie de fossile vivant parce que ses caractéristiques morphologiques ont peu changé depuis des époques très anciennes, ressembler à ses ancêtres fossilisés. Elle évolue principalement dans des eaux calmes et limpides du fleuve Amazone et de ses principaux affluents, ainsi que dans des zones inondées. Importée dans certains lacs en Thaïlande et en Malaisie pour la pêche, cette espèce est aujourd’hui aussi présente dans ces régions.

Un des plus gros poissons d’eau douce à l’échelle mondiale

Son profil comprend une tête plates et un corps exceptionnellement long, recouvert d’écailles gris-bleu qui s’amincissent vers la queue, teintée d’un rouge orangé. Le dos élargi, associé à des nageoires dorsales et anales positionnées très en arrière, lui confère un aspect élancé. La bouche, munie de plusieurs rangées de dents pointues, s’ouvre largement grâce à une mâchoire protractile capable de s’étendre pour saisir rapidement ses proies. Sa langue, faite d’os, est rugueuse et aussi munie de dents minuscules. Généralement, cet animal mesure environ 2,50 mètres pour une masse d’environ 200 kilogrammes, mais certains spécimens peuvent atteindre 4,50 mètres et dépasser les 300 kg. Ces dimensions font de lui le plus gros poisson d’eau douce d’Amérique du Sud, ainsi que l’un des 10 plus grands poissons d’eau douce dans le monde entier.

Sa peau, un véritable bouclier

Le corps de l’arapaïma est protégé par une structure unique. Sa première couche d’écailles fines, très dures et minéralisées, offre une résistance exceptionnelle aux attaques dentaires. La couche située en dessous, plus flexible mais doublée d’une épaisseur, est composée de lamelles de collagène torsadées qui peuvent se réarranger en réponse à une pression. Cela permet de disperser et d’amortir efficacement la force d’une morsure, évitant ainsi de fragiliser la cuirasse extérieure. Ce blindage naturel fait de l’arapaïma un des rares poissons capables de défier les attaques de piranhas.

Respiration aérienne : un besoin toutes les vingt minutes

Une particularité remarquable de cet animal réside dans son mode de respiration. Pour éviter la suffocation dans des eaux peu oxygénées, il doit remonter à la surface toutes les 20 minutes pour respirer de l’air, via une gouttière spécialisée dans sa bouche. Son système respiratoire inclut une vessie natatoire modifiée, qui fonctionne comme un véritable organe pulmonaire, assurant une respiration aérienne. Cette adaptation lui permet de survivre dans des environnements où l’oxygène disponible est limité, notamment dans les eaux riches en matières organiques en décomposition.

Un prédateur redoutable dans ses rivières

Grâce à sa taille massive, l’arapaïma est un carnassier de premier plan dans sa région. Son régime alimentaire est composé de poissons, de crustacés, de petits reptiles, de mammifères et d’insectes qu’il peut aspirer en surface. La possibilité de se saisir aussi d’oiseaux ou même de singes, en bondissant hors de l’eau sur plusieurs mètres, témoigne de ses capacités de chasseur opportuniste. La puissance de ses mâchoires lui permet d’écraser ses proies, consolidant sa position de plus grand prédateur en rivière.

Cycle de reproduction : juste avant la saison des crues

La reproduction de l’arapaïma coïncide avec la période de basses eaux, entre février et avril, pour optimiser la survie des jeunes. La femelle dépose ses œufs dans un nid creusé dans le sol sableux, d’environ 50 cm de diamètre et 15 cm de profondeur. La fécondation par le mâle survient rapidement, et l’éclosion des œufs a lieu 24 heures plus tard. Les adultes protègent les alevins durant leur premier mois, émettant des phéromones pour les localiser et les garder proches. À partir de 4 ou 5 ans, ces jeunes poissons, mesurant près de 1,70 m pour un poids d’environ 40 kg, atteignent leur maturité sexuelle.

Menaces à l’état sauvage : la surpêche

Scindée par sa taille imposante, la seule menace notable pour l’arapaïma est la pêche excessive exercée par l’homme. Capture au harpon ou dans des filets, la pression humaine a rapproché l’espèce du point d’extinction, d’autant plus que ses remontées en surface pour respirer facilitent sa localisation. Sa chair, très appréciée pour sa tendreté, sa saveur douce et sa texture fine, constitue un mets recherché dans la haute gastronomie. Les grandes écailles, la langue osseuse et les dents servent aussi à fabriquer des outils, des bijoux ou à d’autres usages traditionnels.

Efforts de conservation et mesures de prévention

Depuis 1975, l’exportation de cette espèce est réglementée par un accord international du niveau CITES II. Pour limiter la pression sur la population sauvage, des élevages en ferme piscicole ont été mis en place, permettant une production plus durable et moins coûteuse. La mise en œuvre de programmes de sauvegarde au Brésil, en collaboration avec les communautés locales, a permis d’améliorer la gestion des populations sauvages. Des quotas de pêche, établis chaque année en fonction des recensements, garantissent une exploitation responsable. Cependant, cette espèce reste vulnérable face à la pollution, notamment à cause du mercure et du pétrole présents dans le bassin amazonien. La durée de vie moyenne de l’arapaïma oscille entre 10 et 15 ans.