Tourterelle turque : une espèce à collier noir remarquable

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Crédit photo : Zeynel Cebeci

La tourterelle célèbre pour sa grâce arbore un plumage aux nuances de gris et de rose, relevé par un collier noir distinctif. Très adaptée à la vie humaine, cette espèce est souvent vue dans les campagnes, où elle se déplace entre les champs cultivés, mais elle n’est pas non plus rebutée par la vie urbaine, tant que des espaces verts et des miettes à picorer sont disponibles. Découvrons ensemble l’univers de la tourterelle turque, un colombidé qui voit sa population croître de façon spectaculaire.

Qui est la tourterelle turque ?

La Streptopelia decaocto appartient à l’ordre des pigeons et à la famille des colombidés. Elle se distingue par sa proximité avec d’autres tourterelles à collier, notamment la tourterelle domestique. Originaires du Moyen-Orient, plus précisément de l’Asie Mineure, ses fortes populations en Turquie ont influencé son nom. La taille moyenne de cet oiseau est d’environ 30 cm, avec une envergure d’un peu plus d’un mètre, et son poids varie généralement entre 125 et 225 grammes, selon les régions.

Quelle est l’origine de la tourterelle turque ?

À l’époque du XVIe siècle, la tourterelle turque était déjà présente en grand nombre à Constantinople. Au fil du temps, elle a été introduite dans d’autres régions du sud de l’Europe, sous l’influence de la Turquie. Son expansion s’est accélérée tout au long du XXe siècle, atteignant la majorité des pays européens. Elle a commencé à coloniser le continent dès 1912, en Serbie, puis en Autriche, Allemagne, Suisse, en France, Belgique, et Luxembourg entre 1952 et 1956. Aujourd’hui, elle occupe une vaste zone allant de l’Ouest européen jusqu’au nord de l’Afrique, et plus récemment, en Amérique du Nord, notamment aux États-Unis et au Canada, ainsi qu’au Japon.

Comment reconnaître la tourterelle turque ?

Facile à identifier, cette petite palombe possède une silhouette fine et élancée. Sa queue est relativement longue, ses ailes courtes et arrondies, avec un bec pointu légèrement recourbé. Son plumage se compose de nuances de gris clair sur le dessus, de gris rosé sur la poitrine, et un demi-collier noir marque la nuque. Les rémiges sont brun sombre, les pattes rosées, et la queue affiche un gris ponctué de blanc aux extrémités. Son iris rouge est entouré d’un cercle blanc, et le bec est entièrement noir. Il est difficile de différencier les sexes visuellement, mais le juvénile se distingue par l’absence de collier noir.

À quoi ressemble son chant ?

La tourterelle turque utilise un chant spécifique tout au long de l’année, mais surtout pendant la saison des amours et pour défendre son territoire. Sa voix est caractérisée par un roucoulement en trois syllabes : cou-couh-cou, souvent répété six fois de suite, ce qui donne 18 sons en tout. La particularité de son chant réside dans cette répétition régulière, qui donne son nom scientifique à l’espèce : decaocto, combinant les chiffres latins “deca” (dix) et “octo” (huit). Son nom grec streptopelia signifie “tourterelle à collier”.

Où vit la tourterelle turque ?

Originaire d’Asie mineure, la tourterelle turque s’est rapidement répandue en Europe et au-delà au XXe siècle. Elle a colonisé en premier lieu l’ouest de l’Eurasie, jusqu’aux latitudes arctiques à l’est et jusqu’en Afrique sahélienne au sud. En France, ses premiers nids remontent à 1952 dans les Vosges. Depuis les années 1970, elle couvre tout le pays, évitant simplement les régions montagneuses comme les Alpes et les Pyrénées. Son expansion s’est aussi propagée à travers les Caraïbes, en Amérique du Nord, notamment depuis la Floride, atteignant nombre d’états américains, puis le Canada et même l’Alaska. Quelques populations sont aussi présentes en Amérique latine, et l’espèce a été introduite au Tendances et animaux au Japon.

Pourquoi se développe-t-elle aussi rapidement ?

Absolument résistante au froid, la tourterelle turque profite de sa capacité à produire plusieurs générations par an. Elle est également très adaptée à la vie en milieu anthropisé, où elle trouve facilement de quoi se nourrir. Plusieurs facteurs expliquent sa prolifération : une tolérance accrue aux hivers rigoureux, une reproduction précoce dès mars, une prolificité élevée avec plusieurs pontes par an, son comportement très sociable avec l’humain, et le changement climatique, qui tend à augmenter le nombre de nichées annuelles.

Quels habitats privilégie-t-elle ?

La grande adaptabilité de l’oiseau lui permet de vivre aussi bien dans des zones semi-urbaines que rurales. Son favoritisme va aux environnements proches des activités humaines : villages, cultures de céréales, vergers, prairies, et jardins publics. Elle aime également occuper des espaces arborés en ville, comme les parcs et les jardins, où elle trouve sa nourriture. La tourterelle turque se distingue par son mode de vie sédentaire, regroupant parfois une centaine d’individus durant l’hiver dans des dortoirs collectifs.

Quelle est son alimentation ?

Principalement granivore, cette espèce consomme surtout des graines issues de plantes cultivées ou sauvages, comme le sarrasin. Elle diversifie son menu au printemps en consommant des bourgeons, des baies et des petits fruits. Parfois, elle complète son alimentation avec des insectes ou des vers, surtout en période de reproduction. Très peu farouche, elle n’hésite pas à se rapprocher des habitations et des zones habitées pour se nourrir des restes humains ou des graines dans les mangeoires. En hiver, elle visite régulièrement les mangeoires ou se perchera sur les rebords de fenêtres pour picorer des miettes.

Comment se reproduit la tourterelle turque ?

La reproduction peut se dérouler toute l’année, mais la majorité des naissances ont lieu entre mars et octobre. Pendant cette période, l’oiseau peut enfiler plusieurs cycles de nidification. Elle construit son nid dans un arbre ou un buisson touffu en utilisant des végétaux secs comme des brindilles ou de l’herbe. La femelle dépose généralement deux œufs blancs qu’elle couve en alternance avec le mâle pendant deux semaines. À l’éclosion, les jeunes sont nourris avec une régurgitation de graines et de « lait » de pigeon. Ils peuvent prendre leur envol à environ trois semaines. La tourterelle turque se révèle très prolifique, enchaînant jusqu’à six couvées par an, avec certains nids occupant des sites encore occupés par des jeunes issus d’autres pontes.

La tourterelle turque est-elle une espèce protégée ?

Bien que ses principaux prédateurs soient notamment certains rapaces, la population de la tourterelle turque continue de croître rapidement. Malgré une mortalité assez élevée chez les jeunes et les adultes, elle est classée comme “espèce préoccupante pour la moindre inquiétude” par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Elle bénéficie aussi d’une protection via la directive européenne Oiseaux et la convention de Berne. En France, elle peut être chassée sans mesures de gestion spécifique, et sa durée de vie en milieu sauvage dépasse rarement 16 ans.