Takahé du sud : un oiseau préhistorique natif de Nouvelle-Zélande

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Crédit photo : California Academy of Sciences

La croyance selon laquelle cet oiseau avait disparu à l’état sauvage a été trompeuse, puisqu’il fait actuellement un retour. L’histoire du takahé du sud, un habitant exclusif des paysages néo-zélandais, est fascinante : grâce aux initiatives de conservation mises en œuvre par le gouvernement local, cette espèce extrêmement rare a bénéficié d’une réintroduction dans son habitat naturel. Facile à observer, cette poule d’eau peu farouche n’hésite pas à se laisser approcher de près. Nous nous intéressons ici à ce mystérieux oiseau, un vestige préhistorique qui ne possède pas la capacité de voler mais qui se déplace à toute vitesse à pied.

Qui est le takahé du sud ?

Le takahé du sud, ou Porphyrio hochstetteri, est un oiseau endémique des régions méridionales de Nouvelle-Zélande. Il est aussi connu sous le nom de poule d’eau néo-zélandaise ou talève takahé du sud. Cet oiseau appartient à l’ordre des gruiformes, au sein de la famille des rallidés, en compagnie d’espèces comme les foulques et les gallinules. Il possède une lignée ancienne, remontant à ses ancêtres primitifs et tirant son nom de Ferdinand von Hochstetter, un géologue autrichien. Alors qu’il était autrefois confondu avec une espèce du Nord, laquelle est désormais disparue, l’espèce du Sud possède une longévité pouvant atteindre deux décennies.

Quel a été le déclin du takahé du sud ?

Les traces fossiles remontant à l’ère du Pléistocène montrent que l’existence du takahé du sud remonte à plusieurs millions d’années. Cependant, au tournant du XIXe siècle, sa population sauvage s’était effondrée, et en 1898, il a été officiellement classé comme disparu. Les principales menaces ? La chasse excessive, la destruction de son environnement naturel et l’introduction d’ennemis carnivores tels que rats, chats, hermines ou furets, apportés par les colons européens, ont fortement compromis sa survie. Étant donné qu’il avait évolué en l’absence de mammifères terrestres, l’oiseau a perdu la capacité de voler, ce qui le rendait particulièrement vulnérable aux invasions.

La renaissance du takahé du sud

Ce n’est qu’en 1947 qu’une découverte inattendue a relancé l’espoir : lors d’une expédition dans la région isolée du Fiordland, un naturaliste, Geoffroy Orbell, a repéré des indices évidents de la présence de cet oiseau — traces, chant et carcasses. Cette observation a conduit à la création d’un vaste parc naturel dans les montagnes Murchison, couvrant 500 km2, pour protéger et tenter de sauver l’espèce. À cette époque, on comptait environ 300 individus dans cette zone, mais leur nombre a été drastiquement réduit par l’introduction de cervidés européens concurrents pour la nourriture, ainsi que par la prédation de l’hermine sur leurs petits, apportant une grande pression sur leur population en moins d’un siècle.

Description du takahé du sud

Le takahé du sud est un des plus grands râles vivants, pouvant atteindre 60 cm pour un poids d’environ 3 kg. Son bec, épais et rouge, est couronné d’une plaque frontale de la même teinte. Ses pattes solides, également colorées en rouge, lui offrent une bonne stabilité. La tête, le cou et le ventre arborent des teintes bleutées ou violacées, alors que le dos et les ailes, parfois réduites, affichent un vert olive. La zone sous la queue est blanche, et ses ailes sont atypiquement courtes. Mâles et femelles possèdent une apparence semblable, tandis que les jeunes ont un plumage brun-gris plus discret.

Caractéristiques comportementales du takahé

En raison de sa capacité limitée à voler, le takahé du sud doit adopter des stratégies pour échapper à ses prédateurs. Lors d’un danger, il se campe presque à l’horizontale, agite ses ailes pour attirer l’attention et court rapidement pour se mettre à l’abri. Son comportement sauvage est généralement méfiant, ce qui rend leur observation difficile. En revanche, dans les réserves, certains individus, ayant plus de contacts avec l’humain, deviennent plus confiants, voire curieux. En dehors de la période de reproduction, ils tolèrent la présence d’autres membres de leur espèce, mais une fois en couple, ils deviennent très territoriaux : ils adoptent une posture d’intimidation, avec ailes déployées et plumes du cou hérissées, pour défendre leur espace et leurs proches. Leur voix est rarement audible, sauf en situation de menace, où ils émettent un son grave, puissant et audible de loin.

Quel régime alimentaire suit le takahé du sud ?

Ce volatile se nourrit principalement de végétaux, avec un mode de vie herbivore. Son bec robuste est conçu pour arracher tendrement les parties inférieures et plus tendres des plantes, notamment celles du genre scirpe, qu’il aime particulièrement. Il privilégie de manger les parties faibles des végétaux, comme les tiges juteuses, tout en délaissant le reste. Parce que ces végétaux ne sont pas très riches en énergie, l’oiseau doit se sustenter presque toute la journée pour répondre à ses besoins. En période hivernale, il complète son alimentation avec des rhizomes et, occasionnellement, avec de petits insectes et de petits vertébrés.

Mode de reproduction du takahé du sud

La saison des amours s’étend d’octobre à décembre, durant laquelle le takahé engage une parade nuptiale caractérisée par de doux frottements de bec et des jeux de plumage. Le nid, confectionné en forme de coupe profonde, est dissimulé dans les herbes ou caché sous un arbre. La construction est une œuvre commune, mais c’est la femelle qui donne la touche finale à la coupe. Ce couple fidèle lutte farouchement contre toute intrusion dans leur territoire. Elle pond en moyenne deux œufs, qu’elle couve en alternance avec son partenaire durant environ un mois. Les jeunes, déjà couverts de duvet, quittent rapidement le nid, mais ils ne deviennent pleinement indépendants qu’après environ 4 mois.

Où peut-on observer le takahé du sud ?

Originaire des montagnes Murchison dans la région du Fiordland, au sud-ouest de l’île du Sud, la population naturelle du takahé du sud ne dépasse pas une centaine d’individus. Les forêts à l’ouest du lac Te Anau restent le dernier refuge sauvage connu. Cependant, l’espèce est plus facilement observée dans plusieurs sanctuaires où elle a été introduite pour sa protection, comme Tiritiri Matangi, Motutapu, Kapiti, Mana, Maud, Secretary, Rarotoka et l’enceinte de Orokonui. La croissance démographique a été mitigée par des changements dans son habitat d’origine, qui s’est déplacé vers les zones alpines et subalpines entre 1 000 et 1 500 mètres d’altitude, notamment dans les prairies et les broussailles.

Le programme de conservation dédié au takahé, mené par l’agence Tendances et animaux, vise à renforcer son effectif tant en milieu naturel qu’en captivité. Il comprend des opérations de reproduction, d’élevage et de relâchement, ainsi que l’élimination des prédateurs tels que furets, hermines ou chats sauvages. La stratégie a aussi consisté à introduire l’oiseau sur des îles isolées exemptes de ces menaces. La production d’œufs infertiles permet de relancer en douceur la ponte, en évitant la consanguinité, et des échanges inter-îles ont été instaurés pour diversifier la génétique. Grâce à ces efforts, le taux de survie des jeunes a considérablement augmenté, permettant de relâcher davantage d’individus pour renforcer la population sauvage. Aujourd’hui, la population totale de takahés du sud dépasse les 500 exemplaires, contre seulement 120 en 1981, avec une croissance annuelle d’environ 8 %.