Le réveil de la nature au printemps entraîne une activité accrue chez les oiseaux du jardin. Entre parades nuptiales, délimitation de territoires et réalisation de nids, ils multiplient leurs déplacements pour assurer leur reproduction. Toutefois, toutes les espèces ne synchronisent pas leur cycle de reproduction de la même manière. Pour mieux comprendre leurs phases de ponte et leur donner un coup de pouce durant cette période cruciale, voici un aperçu de leur calendrier de reproduction et quelques conseils pour les soutenir.
Le rythme propre à chaque espèce
Après la formation des couples, la construction du nid devient la priorité, principalement assurée par la femelle, bien que le mâle puisse parfois jouer un rôle. Le choix du site de nidification est déterminant, car il doit garantir la sécurité contre les prédateurs tout en assurant une protection contre les intempéries pour la lignée de petits. Les oiseaux ont développé diverses techniques pour bâtir leurs refuges : certains utilisent des brindilles, des herbes ou de la mousse, tandis que d’autres récupèrent des papiers ou des plastiques. Certains collectent aussi de la boue, des cailloux ou de la paille pour renforcer leur nid, ou installent des nichoirs artificiels fournis par les humains.
La période de reproduction dans nos jardins s’étend généralement de la mi-mars jusqu’à la fin août. Cependant, certaines espèces débutent leur cycle plus tôt, voire toute l’année, selon les conditions météorologiques. Le tableau ci-dessous donne une idée des périodes de ponte ainsi que de la durée de couvaison pour un échantillon d’espèces communes, mais il est important de noter que ces dates sont indicatives et peuvent varier selon les années.
Espèces | Période de ponte | Durée de la couvaison |
Hirondelle rustique | Avril à juillet | 13 à 16 jours |
Martinet noir | Mai à mi-juin | 18 à 24 jours |
Merle noir | Mars à août | 12 à 13 jours |
Rouge-gorge | Avril à août | 13 à 14 jours |
Troglodyte mignon | Avril à juillet | 12 à 16 jours |
Pinson des arbres | Avril à juillet | 12 à 13 jours |
Loriot d’Europe | Avril à mai | 13 à 15 jours |
Pie bavarde | Mi-avril à mi-mai | 17 à 18 jours |
Moineau domestique | Avril à août | 11 à 14 jours |
Geai des chênes | Avril à juin | 16 jours |
Mésange charbonnière | Avril à juillet | 13 à 14 jours |
Tourterelle turque | Février à octobre | 14 à 18 jours |
Bergeronnette grise | Avril à juillet | 13 à 15 jours |
Chardonneret élégant | Mai à août | 12 à 14 jours |
Étourneau sansonnet | Mai à juillet | 14 jours |
Grive musicienne | Mars à août | 13 à 14 jours |
Verdier d’Europe | Avril à août | 13 à 15 jours |
Accenteur mouchet | Avril à août | 13 à 14 jours |
Il est intéressant de souligner le cas de la tourterelle turque, dont le cycle de reproduction est particulièrement étalé. Même si la période principale s’étend de février à octobre, elle peut pondre tout au long de l’année. Bien souvent, cet oiseau démarre une nouvelle couvée alors même qu’il en nourrit encore les petits de la précédente. Une saison peut ainsi voir jusqu’à six naissances, ce qui s’explique par la particularité de leur alimentation : la nourrice utilise principalement le « lait de jabot », une substance produite par son corps pour alimenter ses petits, ce qui la dispense d’une dépendance totale aux ressources environnementales. Par conséquent, la reproduction de la tourterelle peut perdurer indépendamment des saisons, contrairement à d’autres oiseaux.
Le mâle du Troglodyte mignon pratique une stratégie de nidification intrigante : il construit plusieurs nids, au nombre de trois ou quatre, parmi lesquels la femelle devra choisir. Après cette sélection, elle s’occupe de l’aménagement intérieur, utilisant souvent des plumes pour rendre le nid plus confortable. Lorsqu’elle dépose ses œufs, généralement entre 4 et 7, le mâle vit séparément dans un autre refuge. La femelle se charge seule de la couvée jusqu’à l’éclosion.
Comment soutenir les oiseaux durant cette période
Il est préférable de modérer la mise à disposition de nourriture pour les oiseaux au printemps. Leur dependence pourrait augmenter, notamment chez les jeunes nés récemment, alors qu’ils devraient apprendre à se débrouiller par eux-mêmes, comme la nature l’a prévu. Même si les enjeux climatiques compliquent leur survie, leur apporter une nourriture à des moments inappropriés peut leur être nuisible plutôt que bénéfique. Cependant, quelques pratiques simples peuvent favoriser leur bien-être :
Évitez de tondre votre pelouse à ras durant toute la saison chaude, car cela limite la présence d’insectes, source de nourriture essentielle pour de nombreux oiseaux et leurs jeunes. En laissant les herbes pousser, vous créez un habitat naturel riche en graines pour attirer les oiseaux. De plus, conserver des amas de branchages, recouverts de végétation, offre un refuge pour l’insecte et un espace de stockage de nourriture pour les oiseaux, notamment pour des espèces comme le Troglodyte mignon ou l’Accenteur mouchet, qui pourraient y établir leur nichée.
Un dispositif que vous pouvez installer en toute saison et sans limite est un abreuvoir. Il incite les oiseaux à venir se désaltérer et permet d’apprécier leur va-et-vient. Néanmoins, il est crucial de bien le placer : à l’ombre pour limiter l’évaporation, sur un sol stable, dans un endroit sécurisé contre les prédateurs. La quantité d’eau nécessaire varie selon le régime alimentaire de chaque espèce : les insectivores boivent peu, contrairement aux granivores qui requièrent davantage d’eau. Il faut aussi tenir compte des habitudes de chaque espèce pour leur permettre de s’abreuver confortablement : les passereaux, par exemple, aspirent l’eau dans leur bec, tandis que d’autres la prennent en vol ou en la buvant à même le sol.
Une bassin peu profond, d’environ 3 à 4 cm, avec des bords inclinés et une surface rugueuse, constitue un abreuvoir idéal. Disposer quelques cailloux ou une branche leur facilitera l’accès, tandis qu’un emplacement ombragé préservera la fraîcheur de l’eau. Des perchoirs placés à proximité leur permettront de sécher leurs plumes en toute sécurité et de se tenir à l’écart des prédateurs. Enfin, il reste indispensable de renouveler régulièrement l’eau et de nettoyer le récipient pour éviter la prolifération de germes ou la présence de substances toxiques, tout en veillant à l’accessibilité pour les oiseaux.