Le pigeon dit ramier, qui figure parmi les oiseaux les plus répandus en Europe, possède également la particularité d’être le plus grand représentant de la famille des pigeons dans la région paléarctique. À l’origine forestier, cet oiseau a élargi son habitat vers les zones rurales puis urbaines, où il partage désormais l’espace avec son cousin le pigeon Biset.
Le pigeon ramier ou palombe
Appelé aussi palombe, le pigeon ramier, ou Columba palumbus, appartient à l’ordre des columbiformes et à la famille des colombidés. Cette famille, dispersée sur tous les continents sauf l’Antarctique, regroupe environ 350 espèces allant de petites à moyennes tailles. Le ramier est le plus imposant de tous les pigeons européens, pouvant atteindre 42 cm de longueur, s’étendant sur une envergure de près de 80 cm et pesant entre 450 et 520 grammes.
Un plumage aux nuances de mauve
Les caractéristiques physiques de cette espèce incluent une silhouette robuste, un bec légèrement courbe, de courtes pattes et une queue longue. Son plumage mélangé de tons gris bleuté clair sur la tête et le haut du corps, avec une teinte plus claire en dessous, est orné d’une nuance mauve très prononcée sur la poitrine. En vol, l’oiseau se distingue par une barre blanche alaire, une tache blanche de chaque côté du cou, ainsi qu’un bec présentant une petite protubérance claire. Les plumes de la queue présentent sur le dessus une dominante grise, accentuée par une large bande noire à la extrémité.
Une présence stable en France
Présent dans diverses régions, le pigeon ramier occupe principalement l’Europe, le Moyen-Orient et le Nord de l’Afrique. En France, il adopte un mode de vie sédentaire, tout comme dans les zones au climat tempéré comme l’Espagne, le Royaume-Uni ou encore l’Italie et la Grèce. Dans d’autres régions telles que la Scandinavie, l’Est ou la Russie, il pratique la migration vers des climats plus doux à l’automne, en regroupant parfois des milliers d’individus. Son passage au-dessus des cols pyrénéens en direction de l’Espagne demeure un spectacle privilégié pour les amateurs d’observation ornithologique. Il peut évoluer jusqu’à 1 500 mètres d’altitude.
Une installation progressive en milieu urbain
Ce pigeon privilégie les espaces nécessitant un accès au sol pour se nourrir, ce qui l’amène à fréquenter une grande variété d’environnements : forêts, clairières, bosquets, zones cultivées, parcs ou jardins arborés. Sa proximité avec l’agriculture lui fournit une ressource alimentaire abondante. Récemment, il a commencé à nicher sur les bâtiments en milieu urbain pour assurer sa reproduction. Une fois la saison terminée, le ramier tend à former des groupes de plus en plus nombreux pour chercher sa nourriture ou dormir la nuit, souvent perché dans les arbres. Il devient ainsi plus familier avec la présence humaine, moins craintif dans les zones urbaines que dans la campagne.
Un régime principalement végétal et granivore
Ce pigeon se nourrit principalement de végétaux : bourgeons, feuilles, fruits, baies, graines, céréales, racines, jeunes pousses, ainsi que de glands ou de pignons de pin. Lors des hivers dans les régions agricoles, son alimentation est fortement orientée vers le maïs, qu’il consomme en grande quantité. En guise d’exception à son régime herbivore, il ingère aussi parfois des vers de terre, des insectes ou encore des petits mollusques. En zone urbaine, il se sert parfois dans les mangeoires ou picore les restes de nourriture tels que miettes de pain, biscuits ou gâteaux. Bien que généralement discret à la campagne, il peut s’envoler rapidement à la moindre approche, alors qu’en ville, il a tendance à devenir plus familier et moins farouche face aux passants.
Un nid simple pour les oisillons
À l’approche de la période de reproduction, le mâle engage des parades nuptiales comprenant des vols en battant des ailes puis en glissant en planant pour impressionner la femelle. Ce couplage est monogame, durable au-delà d’une saison. Le nid, posé dans un arbre, se révèle très modeste, constitué de brindilles et d’herbes sèches formant une plateforme sommaire de 17 à 23 cm de diamètre, recouverte simplement de feuilles.
La reproduction et l’élevage des jeunes
Au printemps, la femelle dépose deux œufs blancs, qu’elle et son partenaire incubent durant environ deux semaines, en se relayant. Les poussins, recouverts d’un duvet jaunâtre, sont nourris par les parents via une régurgitation de graines prédigérées, appelées communément « lait de pigeon ». Après environ trois semaines, ils quittent le nid mais restent dépendants encore un certain temps. La reproduction peut s’étendre avec une seconde ou même une troisième ponte pour compenser le faible nombre d’œufs initiaux.
Une espèce présente et peu menacée
Le principal prédateur du pigeon ramier est l’épervier bleu, également appelé épervier des palombes. Cette espèce, très répandue et abondante sur son aire de distribution, n’est pas considérée comme en danger par la plupart des organismes de conservation. Bien que protégée par la Directive européenne oiseaux de 1979, elle peut être considérée comme nuisible en raison de ses dégâts sur les cultures, ce qui peut justifier une chasse autorisée localement. La population de cette espèce est classée comme « préoccupation mineure » par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). En milieu sauvage, sa longévité moyenne oscille entre 12 et 16 ans.