Dans l’Hexagone, une part significative des oiseaux qui nichent risque de disparaître, avec environ un quart des espèces recensées en danger, certains étant déjà totalement absents des zones de reproduction. Parmi ces oiseaux, on trouve la sarcelle marbrée, l’érismature à tête blanche, le pygargue à queue blanche ainsi que la grande outarde. La décline de ces populations résulte principalement des actions humaines telles que l’agriculture intensive, la persécution, ou encore la pollution. Voici un aperçu de dix espèces en voie de disparition en France.
Comment est établie la liste des espèces en danger ?
La Liste rouge française recense un total de 568 espèces d’oiseaux, incluant ceux qui nichent, hivernent ou migrent à travers le pays. Son élaboration repose sur l’expertise de nombreux spécialistes ainsi que sur des données fiables fournies par des organismes et associations impliqués dans la conservation. Ce travail est conduit par le Comité français de l’UICN et le Muséum national d’Histoire naturelle, en collaboration avec la Ligue pour la protection des oiseaux, la Société d’études ornithologiques de France et l’Office national de la chasse et de la faune sauvage. Ce document est essentiel pour orienter les actions de protection et encourager tous les acteurs à prendre des mesures pour préserver ces espèces.
Quelles sont les principales causes du déclin aviaire ?
Selon l’évaluation des menaces pour les 277 espèces d’oiseaux nicheurs en métropole, plus d’un quart d’entre eux sont aujourd’hui en danger. Concrètement, cela signifie que 26 % des espèces qui nichent en France risquent de disparaître. Parmi les facteurs responsables figurent :
- La transformation des terres agricoles et la disparition des prairies naturelles ;
- Les tirs et empoisonnements, notamment chez les rapaces, contraires à la loi ;
- Les réductions de leurs sources d’alimentation ;
- Les électrocutions sur les lignes électriques ;
- La bétonisation et la dégradation des habitats ;
- La pollution chimique directe et indirecte, par exemple via les pesticides contaminant la nourriture ;
- Les effets du changement climatique, modifiant notamment les zones de répartition de nombreuses espèces.
Dix oiseaux français en danger critique ou en danger
Les dix espèces évoquées ci-dessous ont été classées selon la classification de l’UICN. Elles appartiennent à différentes catégories de menace :
- En danger critique : espèces proches de l’extinction imminente, telles que la pie-grièche à poitrine rose, le pingouin torda ou la sterne arctique, généralement en nombre très limité ou en voie de disparition dans la nature ;
- En danger : espèces confrontées à un risque élevé d’extinction, comme la macreuse brune ou la bécassine des marais.
1. La pie-grièche à poitrine rose (Lanius minor)
Ce passereau, aujourd’hui très rare en France, ne compte plus qu’une trentaine à une quarantaine de couples, principalement dans la région méditerranéenne, notamment dans les vignobles. Incapable de survivre sans ses proies d’insectes, il se nourrit essentiellement de coléoptères et d’orthoptères qu’il capture en vol ou dans les feuillages. Migrateur de longue distance, il hiverne principalement en Afrique australe. Sa population diminue également dans plusieurs autres pays européens, comme la Pologne ou l’Autriche.
2. Le pingouin torda (Alca torda)
Ce petit pingouin, très menacé, reste le plus rare parmi les oiseaux marins en France métropolitaine. Sa population a diminué de 80 % en trois générations. La pollution aux hydrocarbures et la raréfaction de ses ressources alimentaires en sont les principales causes. Sa zone de répartition sur le territoire français se limite à la Bretagne. Avec le changement climatique, il pourrait étendre son territoire vers le nord, vers les eaux britanniques et scandinaves.
3. Le vautour moine (Aegypius monachus)
Le plus grand rapace d’Europe, avec une envergure pouvant atteindre près de 3 mètres, a été persécuté jusqu’à sa quasi disparition en France. Grâce à un programme de réintroduction dans les Grands Causses, il a commencé à revenir, mais demeure toujours très sensible à la perturbation de ses sites de reproduction, aux empoisonnements et aux collisions avec les lignes électriques. Sa présence, bien qu’en augmentation, reste fragile.
4. Le macareux moine (Fratercula arctica)
Appelé aussi perroquet de mer, cet oiseau marin niche sur les côtes bretonnes, en colonies sur les falaises ou les îles. Facile à repérer par son allure verticale et ses couleurs contrastées, il est confronté à la menace de marées noires, au réchauffement climatique, ainsi qu’à la diminution de ses proies et à la prédation sur ses jeunes. Son avenir est menacé si ces facteurs perdurent.
5. Le ganga cata (Perochles alchata)
D’allure distinctive, le ganga cata a un plumage remarquable avec un capuchon orangé, une nuque et une gorge noires, et une poitrine olive. Il préfère les plaines arides sans arbres où il niche, comme la plaine de Crau. Sa distribution, autrefois plus étendue, se limite désormais à cette région en Provence.
6. La sterne arctique (Sterna arctica)
Ce petit oiseau marin, voyageant sur environ 70 000 km lors de ses migrations, quitte l’Islande ou le Groenland pour se diriger vers le sud, notamment vers l’Afrique ou le Brésil. En France, sa présence dans la région bretonne se raréfie, ce qui justifie son classement comme espèce menacée.
7. La marouette poussin (Porzana parva)
Petit oiseau solitaire, la marouette poussin évolue dans la végétation humide des étangs et marais. Son habitude de vivre seul limite ses populations, mais on peut encore l’observer lors de ses migrations, notamment lorsqu’il hiverne dans des régions comme le Sahara ou le delta du Nil.
8. Le râle des genêts (Crex crex)
Ressemblant à une perdrix aux teintes uniformes, ce râle préfère les habitats de plaine ou de montagne, où il se nourrit de graines et d’insectes. La dégradation de ses habitats due à l’agriculture intensive ou à la fauche précoce constitue une menace directe à ses populations.
9. La bécassine des marais (Gallinago gallinago)
Reconnaissable à son long bec flexible, cet oiseau fouille la boue des eaux peu profondes pour se nourrir d’insectes et de petits invertébrés. Bien qu’ultra-présent lors de l’hivernage, sa reproduction en France est désormais très limitée, ses zones de nidification étant essentiellement situées en Europe centrale et en Russie.
10. L’aigle de Bonelli (Aquila fasciata)
Ce rapace diurne de taille moyenne fréquente surtout les zones de montagnes et de falaises rocheuses, jusqu’à 1500 mètres d’altitude. La disparition de ses proies naturelles, comme le lapin de garenne ou la perdrix rouge, ainsi que les électrocutions sur les lignes électriques, compromettent son avenir. En France, la présence de cette espèce est très limitée, avec seulement quelques dizaines de couples capables de subsister.