La blancheur immaculée de son plumage et l’envergure impressionnante de ses ailes lui confèrent une place de choix parmi les souverains des plans d’eau. Malgré son apparence angélique et son calme apparent qui semblent dissimuler une patience infinie, ce cygne a un tempérament solide : tout intrus allant au-delà de ses limites devra répondre de son audace. Approchons avec prudence le territoire de ce majestueux oiseau.
De la famille des anatidés : oies, canards et cygnes
Parmi les oiseaux les plus anciens et de grande taille qui existent, le cygne, connu scientifiquement sous le nom de cygnus, remonte à environ 130 millions d’années. Il fait partie de la famille des anatidés, qui regroupe une centaine de variétés, notamment les oies et les canards. Le genre comprend plusieurs espèces telles que le cygne noir, le cygne siffleur, celui de Bewick ou encore le cygne chanteur. En Europe, la variété la plus courante est le cygne tuberculé, également appelé cygne domestique, que l’on peut observer évoluer avec majesté dans nos étangs, lacs et rivières aussi bien en milieu urbain que rural.
Un cou en forme de S, emblème du cygne blanc
Son nom provient du tégument cartilagineux noir à la base de son bec orange vif, appelé tubercule. Son plumage tout en blanc, d’une beauté rare, accentue la grâce de cet animal, dont le long cou en S est formé par 24 vertèbres cervicales. Lorsqu’il glisse à la surface de l’eau, ses longues plumes secondaires, dressées, renforcent son allure noble. La taille du cygne peut atteindre 1,45 à 1,60 m, avec un poids pouvant aller jusqu’à 23 kg et une envergure s’étendant de 2,20 à 2,50 mètres.
L’envol ardu du cygne blanc
Étant lourd, le cygne tuberculé doit prendre une grande impulsion pour s’envoler. Il doit accumuler une vitesse suffisante en battant fortement des ailes tout en courant sur la surface de l’eau, ce qui crée un bruit puissant. Une fois lancé, il peut voletter sur de longues distances à une vitesse pouvant atteindre en moyenne 65 km/h. Malgré sa masse, cet oiseau est un excellent volateur capable de parcourir de très grandes distances.
Un peu partout sur la planète
Adapté à divers climats, le cygne est présent sur plusieurs continents, notamment en Europe, en Asie, en Amérique du Nord et en Australie. La variété tuberculée, originaire des régions nordiques telles que la Scandinavie et l’Europe de l’Est, s’est étendue suite à son introduction dans diverses zones, notamment en France, jusqu’à la Russie et autour de la mer Noire. Bien que généralement sédentaire, certains individus venant du Nord migrent vers des régions plus douces durant l’hiver.
Un habitat de tranquillité préféré
Le cygne tuberculé privilégie les eaux calmes comme les lacs, étangs, marais ou côtes, souvent entourés de végétation tel que les roseaux et joncs. Son territoire doit être suffisamment vaste, pouvant atteindre environ quatre hectares, et il fréquente volontiers les zones urbaines où l’eau reste paisible. En période hivernale, il forme de grands rassemblements avec d’autres espèces d’oiseaux aquatiques comme les grèbes, foulques, canards ou mouettes.
Une alimentation principalement végétale
Cet oiseau se nourrit essentiellement de végétaux, qu’il prélève en arrachant racines, tubercules, tiges ou feuilles au fond des eaux ou en broutant sur les bords des rivières. Occasionnellement, il accepte aussi des mollusques, des insectes aquatiques, de petits poissons ou même des grenouilles, selon la disponibilité de la nourriture.
Un comportement à la fois discret et défensif
Naturellement sauvage, le cygne montre une certaine réserve en dehors de la saison de reproduction, mais il peut devenir très territorial et agressif durant la période de nidification. Lorsqu’il perçoit une menace, il adopte une posture impressionnante : il nage rapidement vers l’intrus, écarte ses ailes, gonfle son cou et incline la tête vers le sol. Il accompagne généralement cette attitude d’un sifflement sesoudant qui rappelle celui d’un serpent. Si la situation l’exige, il peut aussi griffé ou frapper avec ses ailes pour se défendre. Les jeunes ou les mâles solitaires, quant à eux, restent sociaux toute l’année.
Un nid à proximité de l’eau
En couple, le cygne construit son nid sur la terre, souvent proche de l’eau, en terre ferme. La plupart du temps, ces oiseaux sont monogames et se préparent à la reproduction à l’aide de rituels amicaux, tels que se caresser le visage ou se frotter le cou. Après avoir exprimé leur accord, ils déposent leur nid, qui consiste en une structure ronde d’environ un mètre de diamètre faite d’herbe, de roseaux, de branches et de débris divers, souvent en réutilisant celui de l’année précédente.
Des petits qui restent gris pendant un an
Au printemps, généralement entre avril et mai, la femelle pond entre 5 et 7 œufs, qu’elle couve durant environ 34 à 38 jours. Le mâle prend le relais de l’incubation lorsque la femelle doit se nourrir. À la naissance, les jeunes cygnes sont recouverts d’un duvet gris-broun, qui blanchira peu à peu au cours de leur première année. Dès leur éclosion, ils suivent leurs parents en file indienne, parfois se blottissant sur leur dos pour se reposer ou continuer la balade. Leur apprentissage du vol leur prendra environ quatre à cinq mois.
Un cygne en bonne santé
Comme tous les oiseaux, le cygne peut être affecté par certaines maladies telles que la grippe aviaire ou le saturnisme, souvent dû à l’ingestion de plomb dans l’environnement aquatique. Sa capacité à se reproduire aisément en captivité ou en liberté contribue à la stabilité de sa population. Protégé depuis 1976 par la législation environnementale, le cygne tuberculé voit ses effectifs se développer, notamment en France. Sa longévité peut atteindre 30 à 40 ans en captivité et d’environ 20 ans à l’état sauvage.