Évoquant une splendeur sombre comparable à celle de son cousin au plumage immaculé, le cygne noir offre un spectacle élégant lorsqu’il glisse avec grâce sur la surface de l’eau. Originaire d’Australie, cet oiseau a été introduit dans diverses régions européennes, où quelques belles populations se sont établies en milieu naturel. Découvrons ses particularités.
Profil détaillé du cygne noir
Ce cygne, connu sous le nom scientifique de Cygnus atratus, appartient à l’ordre des ansériformes et à la famille des anatidés. On le trouve principalement en Australie et en Tasmanie, mais il a aussi été importé en Nouvelle-Zélande et sur le continent européen au cours des XIXe et XXe siècles. Symbolisant la région d’Australie occidentale, son profil sombre figure même sur son drapeau. Légèrement plus compact que son cousin blanc, il mesure entre 1,10 et 1,40 mètres de long, en possédant une envergure allant de 1,60 à 1,80 mètres, pour un poids oscillant entre 4 et 8 kilogrammes chez le mâle.
Un oiseau entièrement noir… ou presque
Le plumage de cette espèce est de teinte noire profonde, à l’exception des extrémités alaires, visibles en vol, qui arborent du blanc. Son bec rouge vif, pourvu d’une pointe blanche, est caractéristique, tout comme ses lores rouge intensément colorés. Ses pattes, palmées et brèves, le rendent maladroit lorsqu’il marche sur le sol, où il conserve une certaine appréhension. La femelle, moins imposante, possède des traits comparables à ceux du mâle, excepté un bec aux nuances plus ternes. Les jeunes ont un plumage plus clair, avec des reflets bruns, et un bec rose, avant de se parer de noir après cinq mois. La bosse rouge du front ne se développe qu’à partir de la troisième ou quatrième année.
Présence du cygne noir en France
Bien que natif d’Australie et de Tasmanie, cet oiseau a été longuement persécuté, mais ses populations se sont stabilisées en Nouvelle-Zélande. En France, le premier signalement date de 1974 dans la Somme, avec une première reproduction en Charente en 1988. Aujourd’hui, on estime leur nombre à environ 200 individus, répartis dans plus de vingt départements, souvent dans des zones humides comme les grands lacs, étangs et lagunes fed des eaux douces ou saumâtres. Lors des saisons froides, ils fréquentent également les estuaires et côtes maritimes. Leur présence est visible dans de nombreux parcs, jardins publics et zoos internationaux, où ils sont élevés pour leur beauté.
Les habitudes alimentaires du cygne noir
Ce cygne, principalement herbivore, consomme surtout des végétaux flottant à la surface ou immergés dans l’eau, comme les algues ou lentilles d’eau. Il se nourrit en piquetant à la surface ou en mettant son bec en profondeur pour atteindre la végétation. Toutefois, il ne dédaigne pas les insectes, gastéropodes ou autres petits invertébrés attachés aux végétaux. Sur les berges ou dans les champs agricoles, il broute également les herbes, puisant dans la végétation des zones inondables ou glanant des céréales et autres graminées.
Un oiseau plutôt casanier
La prise d’essor n’est pas chose courante pour le cygne noir, du fait de son poids et de la longueur de ses ailes, nécessitant un espace d’au moins 70 mètres pour assurer son envol. Son mode de vie sédentaire le pousse à rester proche de son habitat, où il trouve la majorité de ses besoins. Il n’effectue que de courtes excursions afin de rechercher de nouveaux sites de nourriture ou de nidification. Sociable en journée, il évolue souvent en groupe ou en couple, avec des rassemblements pouvant atteindre des milliers d’individus lors de la mue, période vulnérable où il ne peut pas voler.
La vie en couple : un engagement à long terme
Pendant la saison de reproduction, le comportement du mâle devient très territorial. Il montre une agressivité déterminée pour défendre son espace contre ses concurrents, protégeant ainsi son nid. Les couples restent fidèles toute leur vie, formant une union monogame solide. La période d’accouplement coïncide généralement avec la saison des pluies, à des moments variables selon la région : en février dans le nord-ouest de l’Australie ou en août dans l’ouest du continent. En cas de sécheresse prolongée, l’oiseau peut choisir de ne pas nidifier. Leur nid, construit à proximité de l’eau à partir de branches, tiges, et herbes, peut atteindre 2 mètres de diamètre et 40 cm de haut. La femelle y dépose environ 5 à 6 œufs, qu’elle et son partenaire couvent par alternance durant environ un mois.
Les jeunes cygnes dans leur premier vol
La nidification donne naissance à des poussins capables de quitter rapidement le nid après l’éclosion pour rejoindre la sécurité de l’eau, sous la surveillance d’un parent. Le second adulte reste au nid quelques jours, le temps que tous les œufs éclosent. Une fois nés, les cygnons, recouverts d’un duvet gris clair et imperméable, suivent leur famille en nageant ou en étant portés sur le dos des adultes pour éviter les prédateurs. Prêts à voler vers 4 à 5 mois, ils restent cependant au sein de la troupe jusqu’à un an ou plus. Leur maturité sexuelle intervient généralement vers 3 ou 4 ans.
La situation du cygne noir face aux menaces
Principal prédateur de cette espèce, le renard ne met pas en danger ses populations, car le cygne noir est aujourd’hui classé comme espèce “préoccupation mineure” par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Autrefois très répandu en Australie, leur nombre a drastiquement chuté suite à une chasse intensive pour leur chair. Cependant, les mesures de protection et de conservation ont permis à leur population de se reconstituer, à tel point que dans certaines régions d’Australie, leur prolifération est contrôlée pour préserver les cultures agricoles. La longévité moyenne dans la nature est estimée entre 15 et 20 ans.