Le calao bicorne, un oiseau aussi singulier que fascinant, se distingue par son bec imposant et sa silhouette remarquable. Son bec jaune vif, couronné d’un casque doré, lui confère une apparence unique dans la canopée tropicale asiatique, où il évolue perché sur des branches parfois très élevées. Sa façon de se reproduire est tout aussi originale : la femelle construit une cachette dans un arbre, une cavité qu’elle occupe pendant plusieurs mois avec ses oisillons, laissant une ouverture minimale pour que le mâle puisse lui apporter de la nourriture. Découvrons ensemble les multiples facettes de cet être ailé hors du commun.
Qu’est-ce que le calao bicorne ?
Grâce à sa tête ornée d’un casque jaune éclatant et à son bec impressionnant, le calao bicorne (Buceros bicornis) est probablement le calaos le plus connu en Asie. Sa taille moyenne avoisine 1,5 mètre, avec une envergure pouvant atteindre 1,80 mètre, et son poids oscille entre 2,1 et 3,4 kilogrammes. Initialement classé parmi les coraciiformes, groupe comprenant aussi des oiseaux à grands becs comme certains martins-pêcheurs, sa classification a évolué suite à des études génétiques : en 2014, l’Union ornithologique a créé l’ordre des bucérotiformes, incluant deux familles principales. D’un côté, les bucérotidés, regroupant les véritables calaos comme le bicorne ; de l’autre, les bucorvidés, qui regroupent d’autres calaos terrestres.
Comment reconnaître le calao bicorne ?
Ce calao se distingue par un long bec incurvé, souvent coloré, et surtout par un casque volumineux de teinte jaune, qui trône sur sa tête. Le plumage est majoritairement noir avec des zones blanches au niveau du cou, du thorax, de la tête et des ailes. La queue, blanche, est traversée par une large bande noire, accentuant encore son allure singulière. Certaines zones qui semblent jaunâtres sont en réalité recouvertes d’une fine couche d’huile sécrétée par la glande uropygiale, située à la base du croupion, que l’oiseau applique lors du toilettage. Les mâles, plus grands, se différencient aussi par la taille de leur casque (environ 30 cm contre 25 cm chez les femelles) et par la coloration de leurs zones postérieures : noire pour le mâle, rouge pour la femelle. La couleur des yeux diffère aussi selon le sexe : iris rouge-brun chez le mâle, rouge orangé ou rose chez la femelle.
pourquoi l’appelle-t-on calao bicorne ?
Son nom évoque son bec incurvé, mais surtout son casque en forme de bicorne, une coiffure à deux pointes rappelant celle portée par Napoléon. Cette structure osseuse, richement vascularisée, sert à amplifier les sons nasaux de l’oiseau, jouant aussi un rôle dans la communication sexuelle. Les femelles préfèrent généralement les mâles impressionnants par la grosseur de leur casque, considérée comme un signe de bonne santé. Chez les jeunes, cette caractéristique se développe dès six mois, mais il faut près de cinq ans pour qu’elle atteigne sa taille adulte. Le bec, quant à lui, remplit de multiples fonctions : construction du nid, collecte de nourriture, défense contre les rivaux ou encore, présentations de nourriture à la partenaire.
Où vit le calao bicorne ?
Ce calao peuple la zone allant de l’ouest de l’Inde, près du Himalaya, jusqu’aux régions du sud-est asiatique : Vietnam, Malaisie, Indonésie (Sumatra). Il préfère évoluer dans des forêts tropicales humides, où la végétation à feuilles persistantes lui offre abri et nourriture tout au long de l’année. Dans les zones montagneuses, on le trouve jusqu’à environ 2 000 mètres d’altitude. Malgré sa taille impressionnante, il reste un animal agile, sautillant de branche en branche pour dénicher ses aliments. Ses cris rauques ainsi que le bruissement de ses ailes créent un brouhaha caractéristique, particulièrement durant la saison de reproduction ou au moment de leur retour au dortoir le soir.
Quel est le mode de vie du calao bicorne ?
Après la période de reproduction, ces oiseaux forment souvent des groupes pouvant compter entre une trentaine et une centaine d’individus, ce qui leur permet de mieux se défendre et de chasser en commun lorsque la nourriture se fait rare. Le soir, tous se dirigent vers des arbres-dortoirs, empruntant la même route chaque jour, et y passent la nuit, le bec pointant vers le haut et le corps replié dans les plumes. Leur vie en groupe et leur capacité à se percher solidement grâce à leurs trois griffes leur confèrent une évolution adaptée à la vie arboricole.
Que mange le calao bicorne ?
Le régime alimentaire du calao bicorne est majoritairement constitué de fruits, en particulier les figues très mûres qu’il cueille tout au long de l’année. Il se nourrit aussi d’autres fruits, ainsi que de graines comme celles d’amandes, d’akènes ou de noix de muscade, qu’il recrache une fois que les graines ont été séparées. Grâce à cette activité, il agit comme disperseur d’arbres et contribue à la régénération de la forêt. Les prédateurs à tendance carnivore, tels que certains insectes (criquets, sauterelles, scarabées), ainsi que des petits vertébrés comme grenouilles, lézards ou petits mammifères, constituent une faible partie de son alimentation, qu’il consomme parfois en avalant tout rond puis en régurgitant les parties indigestes sous forme de pelotes de régurgitation.
Comment se reproduit le calao bicorne ?
Ce calao est monogame, c’est-à-dire qu’il s’accouple pour la vie. Lors de la saison des amours, mâles et femelles participent à des parades nuptiales, mêlant cris, postures et échanges de gestes comme le tapement d’ailes ou l’étirement du corps. La toilette mutuelle, où chacun nettoie le plumage de l’autre avec son bec, fait partie intégrante de leurs rituels. Une fois le couple formé, ils construisent un nid dans un arbre creux, souvent à grande hauteur (entre 18 et 25 mètres), en utilisant la salive, la boue, leurs excréments et des débris végétaux pour le renforcer. Juste avant la ponte, la femelle s’y enferme en refermant l’entrée par un mur de salive et de boue, protégeant ainsi ses œufs des prédateurs.
Comment élève-t-on les jeunes calaos ?
La femelle pond entre 2 et 5 œufs, au bout d’une incubation d’environ 30 jours. Les jeunes à leur naissance, vulnérables, dépendent entièrement de leur parent pour leur alimentation. Après environ 20 jours, ils commencent à se tenir debout, mais sans pouvoir encore voler. La mère perce la paroi du nid pour permettre aux petits de rejoindre le mâle, qui leur apporte des aliments. Vers deux ou trois mois, ils sont prêts à sortir du nid et à apprendre à voler, processus qui nécessite plusieurs semaines supplémentaires. Une particularité intéressante : ces oiseaux naissent avec une capacité innée à cimenter leur nid, une compétence qu’ils n’ont pas besoin d’apprendre.
Le calao bicorne est-il en danger ?
Ce grand oiseau doit faire face à plusieurs menaces. Les carnivores arboricoles comme les singes, les serpents, ou certains mammifères comme les genettes et les martres cherchent à dérober ses œufs ou ses jeunes. Les aigles, vautours et autres rapaces lui constituent aussi un danger lorsqu’il est adulte, en s’attaquant à lui en vol ou en repos. L’homme reste cependant le principal prédateur : la déforestation massive pour l’exploitation forestière, la chasse pour sa chair, ses trophées ou ses usages traditionnels mettent en péril son avenir. En raison de cette forte pression, l’espèce est classée comme “quasi-menacée” selon la Liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Elle figure aussi à l’annexe I de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et flore sauvages menacées d’extinction (CITES), où tout commerce international est strictement interdit. La longévité du calao bicorne peut atteindre 50 ans.