De nature plutôt réservée, le bruant ortolan reste rarement visible dans nos jardins et évite généralement toute proximité humaine. Sa méfiance est compréhensible, surtout qu’il demeure une espèce fragile dont la survie est compromise dans plusieurs régions, notamment en France, malgré les mesures de protection mises en place. Ce petit oiseau migrateur effectue chaque année un long voyage, passant de nombreux continents pour assurer sa reproduction et son hivernage.
Le bruant arbore un plumage rayé
Appartenant à l’ordre des passériformes et à la famille des embérizidés, le bruant ortolan se distingue par ses motifs rayés caractéristiques parmi les petits passereaux. Sa coloration comprend une partie inférieure teintée de rosé, une tête et une poitrine en vert olive, une gorge jaune vif, et un dos brun-roux. Autour des yeux, un cerclage blanc crème et un bec rosé brun complètent son apparence, tandis que ses pattes affichent une teinte orangée. La femelle se démarque par des taches et des rayures plus discret sur la poitrine, avec un plumage généralement plus terne. Lors de la saison automnale, les deux sexes présentent une apparence plus attenuée. En ce qui concerne ses jeunes, leur plumage est fortement rayé à la fois sur le dessus et le dessous. Avec une taille d’environ 16 cm, un poids pouvant atteindre 27 grammes, et une envergure variant entre 24 et 27 cm, cet oiseau est plutôt modeste dans sa silhouette.
L’ortolan occupe principalement le sud de la France
Sa zone de répartition couvre le Moyen-Orient, l’Afrique du Nord, le Sahel et une partie de l’Asie. En Europe, il privilégie surtout les régions continentales, notamment la Scandinavie du nord et l’Europe de l’Est, ainsi que la péninsule ibérique, où il fréquente les zones au climat estival chaud et sec, avec des températures estivales oscillant entre 15° et 30°C. En France, ses habitats de nidification sont principalement localisés dans des régions telles que le Languedoc-Roussillon, les Landes, la Provence, la région Rhône-Alpes et le sud du Massif Central.
Un petit oiseau à la faculté de parcourir de longues distances
Partant dès le mois d’août de ses sites de reproduction, le bruant ortolan réalise parfois des migrations de plus de 7 000 km pour atteindre ses zones d’hivernage : régions très éloignées en Afrique tropicale ou au Moyen-Orient. Voyageant en groupe et principalement de nuit, il revient vers nos contrées dès le mois de mai, voire dès avril dans certains cas. La route migratoire de la France est essentielle pour les populations du nord-ouest de l’Europe. Pendant la période d’hivernage, qui s’étend au-delà du Sahara jusque vers la Guinée ou l’Éthiopie, l’oiseau peut évoluer à des altitudes pouvant atteindre 3 000 mètres.
Un habitat privilégié : les paysages semi-ouverts
Le bruant ortolan s’adapte à diverses atmosphères, en majorité dans des zones ouvertes ou semi-ouvertes où la végétation est encore présente, comme les prairies, les champs de céréales, les clairières en forêt, les vergers, ou encore les milieux arbustifs comme les bosquets, les haies, les lisières, ainsi que certains types de garrigues, vignes ou fourrés. Il favorise des espaces où il peut se percher aisément sur de petits végétaux denses, évitant ainsi les zones totalement fermées ou très vastes. Lors des périodes hivernales, il préfère des milieux tels que les savanes et prairies herbeuses.
Son alimentation : graines et insectes
Ce passereau, qui se nourrit principalement à terre, consomme une variété d’insectes, notamment des chenilles, sauterelles, araignées, ainsi que d’autres invertébrés comme les lombrics. Il complète aussi son régime avec différentes graines, bourgeons, jeunes pousses, et baies, surtout durant ses migrations ou en période de reproduction. Naturellement craintif, il évite généralement les zones urbaines ou jardins et ne fréquentent pas volontiers les mangeoires. Sa recherche de nourriture se concentre dans un rayon d’environ 200 mètres autour de son nid, et ses jeunes, entièrement insectivores, se nourrissent principalement d’insectes jusqu’à leur envol.
Un chant capable d’imiter d’autres oiseaux
Discret et souvent farouche, le bruant ortolan est difficile à observer de près. En groupe, il forme des bandes bruyantes. Le mâle, pour attirer une partenaire, chante depuis un perchoir, sa voix étant une succession de notes répétées avec des variations. Lorsqu’il chante, il gonfle la poitrine et incline la tête en arrière pour projeter ses vocalises, mêlant des notes aiguës à des tons plus graves. Capable de reproduire les chants d’autres espèces, il se montre particulièrement vocale lors de la saison de reproduction.
La reproduction : jeunes autonomes à 13 jours
À partir du début de la saison reproductive, le mâle est souvent le premier à arriver sur le site, chantant pour attirer les femelles. La nichée peut compter une ou deux pontes de quatre à six œufs, blancs mouchetés de brun, que la femelle couve seul pendant près de deux semaines. Le couple partage l’élevage en surveillant et nourrissant les jeunes jusqu’à leur indépendance, qui survient environ à 13 jours. Les jeunes, dès leur premier été, sont capables de se reproduire à leur tour.
Un oiseau en danger, malgré sa protection légale
Depuis la fin du XXe siècle, la population du bruant ortolan a connu un déclin dramatique dans plusieurs pays. Protégé depuis 1999 par la Convention de Berne, il est interdit de chasser cette espèce depuis 2009 dans l’Union européenne. Pourtant, le braconnage persiste, notamment en raison de la réputation de finesse de sa chair. En France, il figure en danger critique d’extinction sur la liste rouge 2016, tant comme oiseau nicheur que migrateur. La dégradation de ses habitats naturels, due à la perte de zones de nidification ou de ressources alimentaires, ainsi que l’usage de pesticides, constitue également une menace importante. Les prédateurs tels que les chats domestiques, certains rapaces ou corvidés contribuent aussi à sa vulnérabilité. La durée de vie moyenne de cette espèce ne dépasse généralement pas 3 ans, ce qui complique ses efforts de conservation.
Crédit photo : Pierre Dalous