La pie est un oiseau à la silhouette distinctive, facilement identifiable grâce à ses plumages noir et blanc. Présente en abondance dans nos jardins, elle attire rapidement l’œil et ne passe pas inaperçue. Ce volatile au tempérament affirmé ne semble en rien effrayé par la présence humaine. Cependant, cette réputation de voleuse lui a collé à la peau. Retour sur l’identité de la pie, autrefois appelée agasse en vieux français, et dont la perception varie selon les régions.
Pie bavarde : une intelligence exceptionnelle
Appartenant à la famille des Corvidés et classée parmi les Passériformes, la pie bavarde (Pica pica) est un oiseau répandu en Europe et dans certains milieux d’Asie. Elle se décline en plusieurs sous-espèces, chacune occupant une zone géographique particulière, comme Pica pica anderssoni en Russie, Pica pica fennorum en Scandinavie, ou encore Pica pica mauritanica en Afrique du Nord. D’autres exemples incluent Pica pica bottanensis en Chine, Pica pica bactriana au Pakistan, ou Pica pica melanotos dans la péninsule ibérique.
Dans la langue française et ses variantes belges, cette espèce est aussi connue sous divers noms vernaculaires tels que agasse, agace, ajasse, ageasse, ou encore ajaça.
La pie bavarde se distingue par une capacité cognitive remarquable. Elle figure parmi les oiseaux les plus intelligents au monde, capable de retenir un grand volume d’informations, de s’adapter à des changements environnementaux, et même de concevoir des stratégies complexes. Elle possède également une aptitude à reconnaître et à percer les émotions de ses congénères et d’autres animaux. Des études suggèrent qu’elle aurait même une perception de la mortalité. Autre particularité impressionnante : elle peut reconnaître son reflet dans un miroir, preuve d’une conscience de soi, ce qui reste exceptionnel chez le règne animal.
La pie bavarde est-elle réellement une voleuse ?
Comme tous les membres de la famille des Corvidés, la pie bavarde peut subtiliser des proies à d’autres animaux, qu’il s’agisse de mammifères ou d’oiseaux. Elle pratique le cléptoparasitisme, c’est-à-dire qu’elle se nourrit en dérobant la nourriture d’autrui, souvent à l’aide de stratagèmes ou de comportements opportunistes. Ce comportement est courant chez plusieurs insectes, qui ne sont pas considérés comme des voleurs pour autant. Depuis des siècles, la réputation de la pie comme voleuse est alimentée par ce mode de vie, mais elle ne devrait pas être jugée trop durement, car ce comportement fait partie de son adaptation naturelle.
La pie a également été accusée à tort de voler des bijoux ou des objets précieux, alimentant des mythes et légendes. Certes, elle est bruyante et très bavarde, mais cela ne signifie pas que ses fils conducteurs ne soient pas aussi complexes. Des recherches approfondies ont montré qu’un échantillon de 500 nids de pies ne contenait jamais d’objets brillants ou de bijoux, prouvant que ces accusations ne reposent pas sur des faits. Les œuvres comme l’Opéra de Rossini (La gazza ladra) ou le récit de Palaiseau (La pie voleuse) ainsi que l’album de Hergé (Les bijoux de la Castafiore) s’inspirent de légendes, non de la réalité.
La pie bavarde, victime d’un classement erroné comme nuisible
En milieu urbain, la pie bavarde voit sa population croître, partiellement grâce à sa grande capacité d’adaptation. Par contre, son nombre diminue dans les zones rurales, principalement en raison de la chasse. La principale cause de la baisse démographique dans plusieurs régions est le piégeage des corvidés, car la pie est considérée comme une espèce nuisible. Elle est perçue comme un prédateur de petits animaux sauvages, ce qui a conduit à une élimination massive dans les années 1999-2000, où plus de 400 000 individus ont été tués en France. La tendance s’est poursuivie jusqu’en 2005, entraînant une diminution d’environ 70 % de la population nationale.
Cependant, avec l’avancée de la recherche en écologie et en étude des écosystèmes, cette classification a été remise en question. Il est désormais reconnu que l’étiquetage de nuisible est infondé, ce qui a alimenté un débat crucial entre détracteurs et défenseurs de la pie. Depuis 1974, la majorité des départements français ont interdit la classification en nuisible pour cette espèce.
Aujourd’hui, la pie bavarde n’est pas systématiquement protégée en France, contrairement à ses congénères en Belgique ou dans d’autres pays européens. Néanmoins, depuis 2007, la loi impose aux piégeurs de détenir une autorisation délivrée par la mairie et un agrément. Lorsqu’ils procèdent au piégeage sur des terrains appartenant à des tiers, ils doivent obtenir une permission écrite des propriétaires concernées.