La grue cendrée : un géant de la migration en Europe

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Ce gracieux échassier, identifiable à son plumage gris-ardoise et à sa silhouette élancée agrémentée d’un panache caudal en forme de falaise, figure parmi les plus grands oiseaux que l’on peut observer en Europe. Année après année, des milliers de grues cendrées entreprennent, à l’automne, un voyage migratoire millénaire pour rejoindre leurs quartiers ensoleillés. Voilà l’histoire d’un migrateur de longue distance, cherchant la compagnie de ses semblables lors de ces grands déplacements.

identité de la grue cendrée

Appartenant à la famille des gruidés, la grue cendrée, dont le nom scientifique est grus grus, fait partie d’un groupe d’oiseaux dont l’origine remonte à des millions d’années. Sa taille avoisine 1,30 m, pour un poids oscillant entre 4 et 6 kg, et sa portée pectorale peut atteindre 2,20 m. Elle symbolise l’un des plus impressionnants représentants de la faune aviaire européenne.

silhouette singulière avec un panache remarquable

Se démarquant par une constitution fine et élancée, la grue cendrée présente un plumage uniforme gris ardoise, parsemé de teintes brunes sur le dos. Son cou accentue son allure noble en étant ornée d’une cravate noire contrastée par une bande blanche partant des yeux jusqu’à la nuque. Sur le sommet de sa tête, une zone nue rouge vif attire le regard, et son bec, droit et court, évoque un poignard. La perception auditive de cette espèce est modeste, tout comme son odorat, quasi inexistant. Les mâles et les femelles montrent une similitude impressionnante au niveau de leur apparence.

habitats proches de l’eau

Les zones de reproduction de la grue cendrée s’étendent du nord de l’Europe, incluant la Norvège et la Russie, à travers des pays d’Europe de l’Est tels que la Hongrie, la Roumanie, l’Ukraine ou la Géorgie. L’hiver, elle migre vers des régions méridionales d’Europe, ainsi que vers le nord de l’Afrique. Elle privilégie des sites humides : marais d’eau douce, landes de bruyères, forêts marécageuses, roselières ou tourbières. Lors de la saison froide, elle fréquente les plaines agricoles, souvent proches d’un point d’eau ou parfois éloignés, mais toujours dans des zones cultivées.

un spectacle migratoire inoubliable

À chaque automne, la routine migratoire de la grue cendrée est remarquable. Des centaines, voire des milliers d’individus, se regroupent dans des lieux de rassemblement traditionnels tels que des îles ou des baies en Europe du Nord. Lorsqu’il commence à faire sombre ou à l’aube, ces groupes entament leur migration vers le sud, en effectuant de longues traversées jour et nuit. Leur voyage se structure souvent en formations en V, accompagnées de cris puissants pour maintenir la cohésion du groupe tout au long du parcours, vers des sites d’étape soigneusement sélectionnés.

penchant pour les céréales

Pour répondre à leurs importants besoins énergétiques, ces oiseaux consacrent une grande partie de leur temps à chercher leur nourriture. Majoritairement végétariennes, elles se nourrissent principalement de grains de céréales tombés après la moisson, comme le maïs, ainsi que de jeunes pousses, de racines ou encore de fruits tombés. Lorsqu’elles évoluent dans des régions agricoles, elles complètent leur régime avec des cultures telles que le blé, l’avoine, le riz ou les oléagineux comme l’arachide ou les glands. En saison estivale, elles diversifient leur menu avec des invertébrés, notamment des chenilles et des sauterelles, et occasionnellement, elles capturent aussi de petits vertébrés comme des musaraignes ou des batraciens.

Une espèce monogame

La grue cendrée forme des couples fidèles pour la vie, adoptant une posture de repos caractéristique : juchée sur une patte, l’autre pliée sous le corps, la tête reposant parfois sur l’épaule. Son vol, rapide et gracieux, peut atteindre une vitesse moyenne de 67 km/h au-dessus de l’eau, et de 44 km/h au-dessus de la terre. Lorsqu’elle s’élève dans le ciel, elle peut atteindre des altitudes impressionnantes – jusqu’à 5 000 mètres dans certaines régions européennes ou 6 500 mètres dans l’Himalaya. Active dès le lever du soleil, cette espèce est diurne. Elle passe ses nuits en colonies, dans des dortoirs où se regroupent souvent les membres de la même communauté. Son tempérament gregaire favorise la vie en groupe presque tout au long de l’année, en dehors des périodes de reproduction où elle devient plus solitaire et territoriale. La relation de couple, monogame, perdure tout au long de la vie.

jeunes oiseaux pleins de ressources

Le nid de la grue cendrée se construit dans des zones humides, comme des îlots ou des zones de roseaux épais. En général, le couple se charge de restaurer ou de construire leur nid avec des tiges de roseaux, des feuilles ou des rameaux, en formant une plateforme large. Entre la fin mars et la mi-mai, la femelle y dépose un ou deux œufs, couvés par les deux adultes durant environ un mois. Si le nid est prédateur, elle peut pondre à nouveau peu après. Après l’éclosion, les petits, appelés nidicoles, sont très actifs : ils courent, nagent et apprennent vite à se nourrir seuls. Leur croissance étant rapide, ils peuvent voler dès deux mois, prêts à accompagner leurs parents lors de leur première grande migration en automne.

une population stable

Les grands oiseaux adultes rencontrent peu de dangers naturels, le renard roux s’attaquant principalement aux jeunes. Les grands périls qui menacent leur survie incluent le drainage des zones humides pour l’expansion agricole, l’utilisation de pesticides, le danger d’écrasement lors de collisions avec des lignes électriques ou des turbines éoliennes. Les dérangements humains, notamment les activités de chasse ou le bruit excessif, peuvent également diminuer leurs chances de reproduction. Classée comme “Préoccupation mineure” par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), la grue cendrée n’est pas considérée comme une espèce menacée. Sa longévité en milieu sauvage avoisine généralement 15 à 17 ans.