La grive litorne se distingue nettement des autres espèces de grives grâce à un plumage aux nuances très marquées. En toute saison, cette espèce a une forte tendance à former des groupes sociaux, qu’il s’agisse de nidifications, migrations ou hivers. Très territoriale, elle met en œuvre diverses tactiques agressives pour protéger ses couvées, n’hésitant pas à expulser par force tout intrus qui s’aventure sur son territoire. Si vous souhaitez observer cette oiseau migrateur, il est conseillé de prospecter les forêts au printemps et les espaces dégagés en période hivernale.
Qui est la grive litorne ?
Appartenant à l’ordre des passériformes et à la famille des turdidés, la grive litorne fait partie d’un groupe comprenant 17 genres et près de 175 espèces, parmi lesquelles figurent les merles. Ces oiseaux se caractérisent souvent par un bec droit et robuste, de grands yeux, des pattes solides, des ailes arrondies, ainsi qu’une queue légèrement ou fortement carrée. La taille moyenne de la grive litorne est d’environ 26 cm de longueur avec une envergure de 40 cm, pour un poids situé autour de 41 grammes.
Comment reconnaître la grive litorne ?
À la différence de ses congénères, la grive litorne affiche un plumage marqué de contrastes distincts. Son dos, son manteau et ses scapulaires arborent des teintes châtain clair, soulignées par des liserés plus pâles. La tête, le croupion et les couvertures sus-caudales présentent une teinte grise, tandis que le dessous du corps est blanc avec un net lavis de roux sur la poitrine et les flancs, agrémenté de multiples taches noires. Son bec est jaune à l’origine, se terminant en noir à l’extrémité. L’œil brun ressort sur fond blanc entouré d’un cercle oculaire et d’un sourcil blancs. Les pattes et doigts présentent une coloration brun foncé. La femelle possède des couleurs plus ternes que le mâle. Ses couleurs cryptiques facilitent son camouflage dans l’environnement naturel.
Où trouve-t-on la grive litorne ?
Ce passereau niche principalement dans la zone nord de l’Eurasie, s’étendant de l’Islande jusqu’à la Sibérie orientale, en passant par le nord et le centre de l’Europe. En France, on la retrouve lors de la saison de reproduction dans le nord-est, dans les Alpes et le Massif central, tout en étant présente dans l’ensemble du territoire durant l’hiver. Elle préfère les arbres hauts dans les zones forestières, comme les forêts de bouleaux, de pins, d’épicéas ou d’aulnes, ainsi que les boisements mixtes à basse ou moyenne altitude (jusqu’à 1300 m). En France, ses habitats de prédilection comprennent également les prairies bordées de bosquets ou de petits bois, les bocages, peupleraies, zones humides arborées, ainsi que les plaines alluviales. En dehors de la saison de reproduction, la grive litorne fréquente des milieux plus ouverts tels que les champs cultivés, pâturages, entourés de haies ou de broussailles riches en baies, notamment en hiver dans des landes à genévriers ou des zones d’arboriculture.
Vers quels secteurs migre-t-elle ?
Ce passereau migre principalement, souvent en grands groupes ou en petits groupes lâches, durant la journée. Contrairement à d’autres turdidés comme le merle noir ou la grive musicienne, elle effectue ses migrations en pleine lumière. La migration des jeunes débute en juillet-août, tandis que les adultes partent généralement entre septembre et novembre. Les populations du nord de l’Europe, notamment celles de Scandinavie et de Russie, évoluent vers la Grande-Bretagne, l’Irlande, et l’Europe centrale, ainsi que le sud-ouest de la France et l’Espagne. Selon les conditions climatiques et la disponibilité alimentaire, une partie de la population peut rester dans sa région d’origine, notamment en Norvège. Les oiseaux venus d’Allemagne, de Pologne et de Suisse migrent vers le sud-est de la France et l’Italie. Les populations de l’est de son aire de répartition hivernent entre la mer Noire et la mer Caspienne, incluant la Turquie et certains reliefs d’Asie centrale. Leur retour vers les sites de reproduction commence dès mi-février en France, fin février à fin mars en Allemagne, et de mi-mars à fin mars en Europe centrale ; ceux de Norvège reviennent entre mi-avril et mai. En général, le mâle fait son retour une semaine avant la femelle.
Quel régime alimentaire suit la grive litorne ?
Ce turdidé possède un régime alimentaire omnivore. Pendant la saison estivale, il se nourrit principalement de vers de terre, de mollusques comme les limaces, ainsi que d’autres invertébrés terrestres, notamment araignées, coléoptères, punaises, grillons, mouches et larves d’insectes. Au printemps, il peut aussi consommer de jeunes pousses ou bourgeons. Lors de l’automne, elle revient à un régime à base de matières végétales, choisissant entre autres des fruits sauvages ou cultivés, avec une forte préférence pour les pommes tombées, poires, raisins, graines d’aulnes, baies de houx, de genièvre, de ronce, d’argousier, d’aubépine, d’églantier ou de gui.
Quelles sont ses principales caractéristiques comportementales ?
En tant qu’espèce grégaire, la grive litorne tolère la présence de ses congénères tant durant la période de reproduction que hors saison. Dans ses zones de répartition méridionales, elle fait parfois des couples isolés alors qu’au contraire, en Scandinavie, elle forme des colonies pouvant compter jusqu’à 50 couples. Ces nids sont généralement distants de 5 à 30 mètres selon la zone, avec un seul nid par arbre. Lors de la migration ou en hiver, les groupes peuvent atteindre plusieurs centaines d’individus, englobant souvent d’autres espèces comme la grive mauvis. Lorsqu’elle se déplace au sol, la grive adopte la posture typique des turdidés, avec un corps droit, tête et cou tendus vers le haut, queue horizontale et ailes pendantes. Elle sautille rapidement, se redresse pour inspecter son environnement, puis se réfugie rapidement dans les arbres si elle se sent menacée.
Mode de reproduction de la grive litorne
La formation du couple se produit en hiver, et la période d’accouplement débute fin mars. La grive litorne est monogame pour une saison, le couple construisant un nid dans la hauteur, souvent dans la fourche d’un arbre en bordure de forêt. La structure du nid est volumineuse, tissée à partir de matériaux variés comme herbes, brindilles, feuilles et radicelles, fixés ensemble avec de la boue. À l’intérieur, il est tapissé de végétaux fins et de crins. La femelle pond environ 5 œufs d’un bleu clair tachetés de rouge, qu’elle incube durant environ 13 jours. Les jeunes restent sous la garde des parents deux semaines après leur éclosion, avant de prendre leur envol, puis restent dépendants encore deux semaines. Selon la région, elle peut produire jusqu’à deux couvées par an.
Comment la grive litorne protège-t-elle ses poussins ?
Face aux nombreux prédateurs potentiels comme les corvidés (pies, geais), les rapaces (buses, faucons) et les mammifères carnivores (renards, chats domestiques, fouines), la grive litorne met en œuvre différentes stratégies de défense. La combinaison d’un plumage cryptique lui permettant de se camoufler, la sélection de sites de nidification bien dissimulés en hauteur ou dans des broussailles denses, ainsi que le comportement grégaire, renforcent sa résistance face aux prédateurs. La nidification en colonies importantes réduit également le risque de prédation, car ces groupes sont plus aptes à repousser les intrus par des comportements agressifs, tels que percuter en vol des oiseaux de proie ou leur projeter des fientes, ce qui constitue une nuisance pour eux.
Grâce à une large distribution, la grive litorne est classée comme une espèce commune, sans menace immédiate pour ses populations, qui sont généralement stables ou en légère croissance, notamment en Pologne et en Ukraine. Cependant, comme beaucoup d’oiseaux nordiques, elle peut être affectée par le réchauffement climatique. La législation européenne, via la Directive Oiseaux, la considère comme une espèce pouvant faire l’objet d’une chasse réglementée, inscrite aussi dans plusieurs conventions internationales telles que la Convention de Berne et la Convention de Bonn. En France, elle est chassable, et son espérance de vie moyenne est de 18 ans.