La diversité animale de l’Australie est exceptionnelle, avec des espèces aux caractéristiques surprenantes, à l’image de l’oiseau-lyre. Dans cet article, nous vous invitons à découvrir le ménure splendide, un oiseau terrestre dont le nom de « ménure » lui vient de la disposition remarquable de ses plumes de queue. Doté d’un organe vocal sophistiqué, cette espèce est également célèbre pour ses capacités impressionnantes d’imitation sonore.
Qui est le ménure splendide ?
Originaire exclusivement d’Australie, le ménure splendide, aussi appelé oiseau-lyre, appartient au groupe des Menura, comprenant deux variétés de passereaux :
- Le ménure splendide (Menura novaehollandiae) se trouve principalement dans le sud-est du pays, le long de la côte est de la cordillère australienne. Sa présence est notable dans plusieurs régions du Queensland, de la Nouvelle-Galles du Sud, du Territoire de Canberra et de Victoria. Il a également été introduit en Tasmanie au XIXe siècle ;
- Le ménure d’Albert (Menura alberti) occupe une zone très limitée sur la côte sud-est. Il réside entre le sud du Queensland et le nord de la Nouvelle-Galles du Sud.
Son apparence : à quoi ressemble-t-il ?
Le ménure splendide est un grand oiseau au sol, comparable en taille à un faisan, pouvant atteindre un mètre de long et pesant autour de 1 kg. Son plumage supérieur affiche des teintes de gris-brun, avec des nuances rousses sur les ailes. La face ventrale est plus claire, tandis que la zone sous-caudale est plus sombre. La tête brune est complétée par un menton châtain, avec de grands yeux ronds et un bec noir fin. Ses pattes sont sombres et équipées de doigts robustes. Chez le mâle, une longue queue, déployée lors de comportements de parade, peut s’étendre à l’horizontale hors de la période de reproduction. La femelle, plus petite (74 à 84 cm), possède une queue moins élaborée et courte. Les jeunes ressemblent à la femelle, sans distinction marquée.
La raison derrière le nom d’« oiseau-lyre » ?
La dénomination d’« oiseau-lyre » provient de la forme de ses plumes de queue, ressemblant à un instrument de musique antique. Cette longue traîne, que le mâle déploie lors des saisons de reproduction, mesure entre 50 et 60 cm et présente sept paires de plumes : deux plumes externes, appelées lyrates, courbes et tachetées de blanc, d’argent, de châtain et de noir, ainsi que 12 filaments blancs vaporeux et deux plumes centrales, parmi les plus longues. Il lui faut environ sept ans pour développer cette queue somptueuse qu’il exhibe et fait vibrer lors des parades nuptiales.
Où vit l’oiseau-lyre ?
En tant qu’espèce endémique, le ménure splendide est principalement concentré dans la partie sud-est de l’Australie. Son habitat privilégié consiste en forêts humides, principalement tempérées ou subtropicales, où il fréquente les sous-bois épais. Il évolue parmi les fougères, broussailles, plantes grimpantes et sols parfois dénudés, qu’il exploite pour se nourrir. Il fréquente aussi des milieux végétaux avec des feuillages réduits, comme les maquis ou garrigues, où il se déplace en sautant entre les arbustes ou sur des petites buttes de terre. Dans des zones plus fraîches, il aime explorer des forêts mêlant eucalyptus et petits arbres, formant une canopée idéale pour le repos. Outre le continent, il habite également en Tasmanie, notamment dans les peuplements de hêtres, et peut se déplacer du niveau de la mer aux régions subalpines.
Quelles sont ses habitudes alimentaires ?
Le ménure splendide est principalement insectivore, passant une grande partie de ses journées à chasser. Son régime inclut diverses larves, insectes (diptères, coléoptères, myriapodes), vers de terre, araignées et autres arthropodes. Occasionnellement, il consomme aussi des graines. Avec ses pattes puissantes et ses griffes pointues permettant de gratter la litière de la forêt ou l’écorce des arbres morts, il débusque ses proies. Selon une étude publiée dans Ecological Applications, cet oiseau déplacerait chaque année environ 155 tonnes de sol par hectare – un volume équivalent à celui transporté par une douzaine de camions.
Comment expliquer sa capacité d’imitation ?
L’un des traits les plus remarquables de l’oiseau-lyre est sa faculté à reproduire une multitude de sons. Son répertoire vocal inclut près de 80% d’imitations, auxquels s’ajoutent des notes plus douces, que le mâle réserve à sa partenaire en période de reproduction. Il peut copier la mélodie d’un martin-chasseur géant ou imiter les cris d’alerte d’autres oiseaux pour signaler la présence d’un danger. Il superpose ces cris en modulant leur volume et leur intensité afin de donner l’illusion qu’ils viennent de différentes espèces ou d’emplacements variés. La perfection de cette imitation va jusqu’à reproduire le battement d’ailes. Son large éventail de sons intégrant aussi des bruits d’origine humaine, tels que le son d’une tronçonneuse, d’un appareil photo, d’une alarme ou du moteur d’une voiture, provient d’un organe vocal exceptionnel, le syrinx, considéré comme le plus sophistiqué parmi tous les oiseaux chanteurs.
Quels sont ses traits de caractère ?
En tant qu’oiseau terrestre, le ménure splendide peut voler, mais le fait rarement, préférant souvent la course ou les bonds courts pour échapper à un danger. Lorsqu’il doit fuir, il privilégie la marche, les petits sauts ou les volées sur de courtes distances. En journée, il se montre généralement discret, méfiant et solitaire, évitant la confrontation et restant à l’affût de tout signe de menace. Sa présence se révèle surtout à travers son chant puissant, difficile à repérer visuellement. La nuit, il trouve refuge perché au sommet des arbres. Pendant la saison de reproduction, le mâle devient très territorial, souvent seul ou en couple, tandis que la femelle et les jeunes peuvent former de petits groupes familiaux.
Mode de reproduction de l’oiseau-lyre
La reproduction chez cette espèce implique un mâle polygame qui ne participe pas à la construction du nid ni aux soins. Son rôle se limite à séduire avec son chant mélodieux, en déployant sa queue lors de son parade. La femelle, de son côté, construit un grand dôme avec des matériaux végétaux, qu’elle tapisse de radicelles et de plumes, puis le dépose au sol ou à une certaine hauteur dans un arbuste ou un arbre.
Cycle de croissance et élevage des jeunes
La femelle pond un ou deux œufs gris ou brun-violet, qu’elle couve seule durant plus de 50 jours, une période longue comparée à d’autres passereaux. Pendant l’incubation, elle quitte le nid quelques heures chaque matin pour se nourrir. L’oisillon naissant est partiellement recouvert de duvet, et reste sous l’incubation jusqu’à ce qu’il puisse maintenir sa température vers le dixième jour. Après environ un mois et demi, il peut s’envoler, mais il reste dépendant de sa mère pendant plusieurs mois pour sa croissance. La maturité sexuelle est atteinte vers 6 ou 7 ans pour la femelle, et entre 7 et 9 ans pour le mâle.
Le ménure splendide est-il en danger ?
Autrefois chassé pour ses plumes et sa chair, ce passereau bénéficie aujourd’hui d’une protection stricte par la législation. Son habitat a cependant connu une régression due à la déforestation, à l’expansion agricole et urbaine. Bien que ses populations soient en déclin depuis le début du XXe siècle, elles restent suffisantes pour que l’espèce demeure courante dans ses zones de répartition. Selon la classification de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), il est considéré comme « proche de l’insouciance » ou en catégorie “préoccupation mineure”. La longévité de cet oiseau peut atteindre 20 ans.