De nos jours, l’hirondelle, cet oiseau qui symbolisait autrefois le renouveau printanier, devient de plus en plus rare. Il y a encore quelques décennies, sa présence était un signe annonciateur du changement de saison, lorsqu’elle formait des nuées compactes sur nos lignes téléphoniques ou dans nos jardins. Elle témoignait aussi des derniers jours de l’automne, avant de s’envoler vers des climats plus doux pour revenir vivre le printemps suivant, fidèle à ses habitudes. Mais qu’est-il arrivé à cet oiseau si commun, dont on retrouvait les nids près de nos maisons ? Pourquoi est-il aujourd’hui en danger critique d’extinction ?
Les différentes espèces d’hirondelles en France
Plusieurs variétés d’hirondelles vivent ou nichent sur le territoire français. Parmi elles, on retrouve notamment :
- L’hirondelle rustique, aussi appelée l’hirondelle de cheminée, dont le nom scientifique est Hirundo rustica
- L’hirondelle de fenêtre, désignée par Delichon urbicum
- L’hirondelle rousseline, ou Cecropis daurica
- L’hirondelle de rochers, que l’on nomme Ptyonoprogne rupestris
- L’hirondelle de rivage, référencée sous le nom Riparia riparia
Les deux dernières ne fréquentent que certaines régions, la première dans des zones très rocheuses, tandis que la seconde, la seule avec un dos brun, habite principalement la moitié nord du pays. Il est intéressant de noter que l’hirondelle de rivage est la première à entreprendre sa migration vers ses quartiers d’hiver, et aussi la première à faire son apparition au retour, au printemps.
Qui est réellement l’hirondelle ?
Les hirondelles, appartenant au genre Hirundo, constituent une famille d’oiseaux migrateurs regroupés sous la sous-famille Hirundininae. Elles font partie de l’ordre des Passeriformes. Outre celles qui migrent en France, on trouve aussi notamment l’hirondelle des granges, ainsi que des espèces très similaires, comme l’hirondelle messagère (Hirundo neoxena).
Chaque année, l’hirondelle européenne migre vers l’Afrique pour y passer l’hiver, puis revient dès le début du printemps. Son voyage peut couvrir jusqu’à dix mille kilomètres, période durant laquelle elle occupe des refuges variés : sous une toiture, dans un porche, en dessous d’un pont ou dans une grange abandonnée. Parfois, elle s’installe dans des parkings souterrains. Lors de ces séjours, elle construit des nids, donne naissance à ses jeunes, puis repart vers ses quartiers d’été, en souvent retournant au même endroit que l’année précédente.
La zone de répartition de l’hirondelle s’étend sur environ dix millions de kilomètres carrés. On peut observer ces oiseaux dans les régions méditerranéennes, en Europe, en Asie du Nord et en Amérique du Nord. À l’exception de certaines, leur apparence varie en fonction des sous-espèces, avec des plumages allant du blanc aux reflets roux ou bleu métallique. Parmi elles, la queue échancrée, composée de deux filets, est une caractéristique notable, plus longue chez les mâles que chez les femelles.
En règle générale, leur longévité est estimée à une dizaine d’années, mais en réalité, beaucoup vivent rarement plus de 4 à 5 ans en raison des défis liés à leur migration et aux dangers environnementaux.
Comment se reproduisent les hirondelles ?
C’est généralement le mâle qui choisit le site pour bâtir le nid, puis attire une femelle qui deviendra sa partenaire pour la saison. Ce couple vit souvent en union durable, même si des relations extraconjugales ne sont pas exclues. La femelle reste sous la vigilance de son compagnon, qui veille à la fidélité du couple. Pour séduire sa partenaire, le mâle effectue des vols en chantant haut dans le ciel, exhibant ses filets longs. La longueur de ces derniers constitue aussi un indice de force et de résistance.
La construction et la vie du nid
Avec l’aide du mâle, la femelle façonne le nid en bâtissant une structure en boue qu’elle mélange et malaxe. Elle renforce la construction en y intégrant des brins de paille, des algues, des brindilles et de l’herbe. Environ une semaine est nécessaire pour réaliser cette tâche, durant laquelle l’hirondelle effectue plus de mille déplacements. Une fois le nid terminé, elle le garnit de duvet et de plumes ramassés notamment dans les environs de fermes ou de champs. Solide, ce nid peut être réutilisé année après année, sauf s’il est détruit.
La femelle pond généralement jusqu’à sept œufs, de faible poids, dont la coquille blanche est tachetée de gris et de roux. La couvaison, que ce soit par la femelle seule ou en duo avec le mâle, dure de 13 à 19 jours. À l’éclosion, les petits, appelés hirondeaux, atteignent leur poids adulte en deux semaines, puis quittent le nid vers 18 ou 23 jours. Ils restent encore nourris par leurs parents durant une semaine supplémentaire. Une hirondelle peut effectuer deux couvées par an, et il n’est pas rare de voir les jeunes d’une année aider leurs parents à nourrir les nouveaux nés. La période d’indépendance complète s’achève vers 35 jours.
Les parents, particulièrement attentifs, consacrent beaucoup de temps à élever leurs jeunes. Ils parcourent parfois jusqu’à 300 kilomètres par jour pour collecter les insectes dont ils se nourrissent. Ces aliments riches en protéines sont essentiels pour la croissance et la préparation à la migration future, où les petits devront accumuler des réserves de graisse suffisantes pour leur périple.
Les raisons du déclin de l’hirondelle
Malgré leur adaptation à la vie dans diverses zones, les hirondelles sont aujourd’hui en grave danger. Leur population a diminué d’environ 40 % en seulement vingt ans, toutes espèces confondues. Certaines, comme l’hirondelle de fenêtre, ont perdu près de 84 % de leur effectif au cours de la dernière décennie. Ces disparitions visibles sont une source d’inquiétude pour la Ligue pour la protection des oiseaux, qui s’efforce de sensibiliser le public. La menace ne vient pas principalement des prédateurs, mais plutôt de la pollution, des changements climatiques, de la réduction des insectes, des pesticides, de l’agriculture intensive et des modifications de nos modes de vie. Les températures extrêmes limitent la disponibilité des insectes, leur alimentation principale.
Comprendre ces enjeux est essentiel pour agir. Chacun peut apporter sa contribution, qu’il s’agisse de préserver leur habitat ou de réduire l’usage de produits chimiques. La sauvegarde de l’hirondelle dépend de notre capacité à agir rapidement pour éviter leur disparition totale, afin qu’elles continuent à animer nos jardins et nos balcons avec leur chant mélodieux, symbole de l’éveil de la nature au printemps.