L’araponga blanc : l’oiseau au cri le plus puissant du monde

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En 1990, des mesures acoustiques ont révélé que le mâle araponga blanc détenait le record du cri le plus puissant parmi les oiseaux, surpassant toutes les autres espèces volantes. Mais comment cette femelle parvient-elle à tolérer un volume sonore si élevé, comparable à celui d’un concert de rock ? Pour répondre à cette question intrigante, il faut explorer la provenance de cet oiseau atypique en Amérique du Sud.

l’araponga blanc, l’oiseau à la cloche naturelle

Ce passereau, scientifique­ment appelé Procnias albus, appartient à un groupe d’oiseaux connus pour leur chant métallique. Sa silhouette ailée est unique à son environnement natal, une région limitée à certaines zones d’Amérique du Sud comprenant deux sous-espèces distinctes :

  • Procnias albus albus, qui évolue dans le sud-est du Venezuela, en Guyane et dans la partie orientale de l’Amazonie brésilienne ;
  • Procnias albus wallacei, niché dans l’état de Pará, au nord-est du Brésil.

le habitat en hauteur de l’araponga blanc

La distribution géographique de l’araponga blanc, relativement restreinte, couvre une zone allant des plateaux guyanais jusqu’au nord-est brésilien. Il préfère principalement les forêts de moyenne montagne, généralement situées à plus de 500 mètres d’altitude. C’est dans ces forêts escarpées, souvent difficiles d’accès, que l’oiseau s’adonne à ses parades et à ses parades de reproduction durant la saison des pluies. Il évolue principalement dans la canopée, se nourrissant principalement de fruits. Lors des saisons plus sèches, quand la nourriture devient rare, il descend vers les zones de plaines ou en bordure de côte pour se ravitailler.

un plumage immaculé et des caractéristiques physiques remarquables

Les femelles arborent une teinte olive avec des zones inférieures plus claires, allant du blanc au jaunâtre, alors que les mâles présentent un plumage d’un blanc éclatant, accentué par une longue excroissance fine (caroncule) suspendue à côté de leur bec. Leur taille moyenne atteint 28 cm pour un poids d’environ 250 g. Leurs côtes et leurs muscles abdominaux, particulièrement développés, semblent liés à leur puissance vocale, selon les spécialistes.

l’oiseau le plus sonore de la planète

Le cri distinctif du passereau évoque un son métallique aigu, semblable à un marteau frappant une cloche ou une enclume. Jusqu’en 2019, le record du volume sonore le plus élevé était détenu par le piauhau hurleur, mais des mesures récentes sur l’araponga blanc l’ont dépassé. Il est capable d’émettre un son d’environ 116 décibels en moyenne, atteignant ponctuellement 125 dB. Pour mettre cela en perspective, un marteau-piqueur tourne autour de 100 dB, un concert de rock dépasse rarement 113 dB, et une tronçonneuse ou un coup de tonnerre peuvent atteindre 120 dB. Au-delà de 85 dB, le niveau devient potentiellement nuisible pour l’oreille humaine, avec une douleur à partir de 120 dB. La courte durée des appels, liée à ses capacités respiratoires, limite toutefois sa performance à battre constamment son propre record.

pourquoi le araponga blanc pousse-t-il ses cris ?

Dans la nature, la communication vocale est essentielle pour les oiseaux afin d’établir des liens, déclarer leur présence ou attirer un partenaire. Pendant la période de reproduction, les mâles intensifient leurs vocalises, souvent de manière plus ou moins mélodieuse, afin de séduire une femelle. L’araponga blanc ne déroge pas à cette règle et pousse des cris perçants pour attirer une partenaire potentielle. Fait étonnant, ce volatile augmente le volume ses appels lorsqu’il s’approche de sa future compagne. Mais comment la femelle peut-elle résister sans endommagement auditif à cette déferlante de décibels ? Certains spécialistes supposent qu’elle pourrait être en partie insensible ou « sourde » à ces sons extrêmes, bien que cette hypothèse ne soit pas encore confirmée scientifiquement.

un oiseau rare dont la survie est menacée

Bien que l’Union mondiale pour la conservation de la nature (UICN) considère l’araponga blanc comme une espèce proche de la vulnérabilité et non à l’état de danger critique, la tendance à la diminution de ses populations inquiète. Selon sa localisation géographique, sa situation varie : en Guyane, il est classé vulnérable en raison de la dégradation de son habitat par des incendies de forêt. De plus, l’expansion des activités minières illégales, telles que l’orpaillage, entraîne la destruction de ses habitats naturels et la pollution de ses eaux, compliquant sa reproduction. La fragmentation de ses zones de vie accentue le risque d’extinction locale, et sans mesures concrètes de conservation, la population guyanaise pourrait disparaître en moins de vingt ans.

Crédit photo : Hector Bottai