Ibis sacré : cet oiseau africain présent en France

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Dans l’histoire de l’Égypte antique, l’ibis sacré, souvent représenté avec un long bec courbé vers le bas, incarnait la sagesse infinie et le savoir. Originaire d’Afrique, cet oiseau a réussi à s’étendre jusqu’aux côtes françaises, où sa présence est aujourd’hui considérée comme indésirable dans certains secteurs. Voici un portrait détaillé d’un oiseau autrefois vénéré, mais désormais considéré comme une espèce invasive.

Origines et légendes autour de l’ibis sacré

Classé parmi les oiseaux du groupe des Pélécaniformes et appartenant à la famille des Threskiornithidés, qui inclut aussi les spatules, l’ibis sacré a été autrefois omniprésent en Égypte. Disparu de cette région au XIXe siècle, cet échassier emblématique était considéré comme un dieu vivant, représentant Thot, la personnification de l’intelligence et de la parole. À cette époque, il était courant que les souverains égyptiens fassent momifier un ibis en leur mémoire pour l’accompagner dans l’au-delà.

Caractéristiques visuelles et morphologie

Dominant sur des jambes fines, l’ibis possède un plumage majoritairement blanc qui contraste avec sa tête et son cou noirs. La coloration juvénile se distingue par une présence de plumes à ces endroits, qui ne tomberont qu’après deux ou trois ans. Son long bec recourbé vers le bas est particulièrement remarquable, soulignant sa silhouette robuste. La taille de l’oiseau oscille entre 65 et 75 cm, avec une envergure entre 112 et 124 cm, pour un poids variant de 1,2 à 1,5 kilogrammes. Les deux sexes présentent des traits très similaires.

Zones humides comme habitat favori

La distribution naturelle de l’ibis sacré s’étend principalement en Afrique équatoriale et tropicale, ainsi qu’à Madagascar, dans le lagon d’Aldabra et dans certaines régions du sud-est de l’Irak. Il préfère évoluer dans des zones ouvertes entourées de belles étendues d’eau peu profondes, comme les marais, les lagunes, les roselières ou encore les zones côtières. Cet échassier s’adapte également aux terres cultivées, où l’on trouve des étangs agricoles, des champs labourés et même des décharges où il cherche des restes alimentaires.

Une migration et une expansion récente en France

Après avoir été introduit accidentellement dans la nature en France, notamment depuis des parcs zoologiques comme ceux de Branféré et de Sigean, l’ibis sacré a rapidement colonisé diverses régions humides du pays durant la fin du XXe siècle. Son installation s’est étendue des côtes méditerranéennes jusqu’à la Camargue, ainsi qu’aux zones atlantiques de Brest à Bordeaux. Cependant, sa prolifération inquiète, car il est reconnu pour perturber la reproduction d’espèces locales protégées comme les sternes et les guifettes, ce qui a mené à des mesures de contrôle dans certaines régions.

Une vie en groupe et sociabilité

Cet oiseau actif en journée a une forte tendance à former des colonies, avec des individus regroupés en dortoirs perchés la nuit dans les arbres. La vie collective est essentielle : il partage ses activités de recherche de nourriture avec ses congénères et cohabite souvent avec d’autres échassiers, comme les spatules ou les aigrettes. La nature mobile de l’ibis lui permet de changer fréquemment de site, même si son habitat de prédilection reste les zones humides.

Un régime alimentaire varié et opportuniste

En tant que carnivore, l’ibis chasse principalement grâce à la vue : il attrape des insectes comme les araignées, les criquets ou les coléoptères aquatiques, mais aussi des vers de terre, crustacés, mollusques, petits amphibiens, reptiles et poissons. Il utilise souvent son bec recourbé pour saisir ses proies à la surface de l’eau ou sur les terrains secs, en profitant parfois des insectes dérangés par d’autres échassiers. Opportuniste, il n’hésite pas à consommer des œufs ou des jeunes oiseaux, ainsi que des charognes lorsqu’il en a l’occasion.

Reproduction et organisation des colonies

Sur le territoire français, de mars à juin, l’ibis sacré forme des colonies monospécifiques où il construit ses nids dans le même endroit que l’année précédente. Non territorial, il cohabite paisiblement avec d’autres espèces d’échassiers, sans conflit. La femelle pond généralement deux ou trois œufs blanchâtres ou verdâtres, qu’elle couve en alternance avec le mâle durant environ 28 jours. Les poussins naissent entourés de leurs parents, et après deux à trois semaines, ils sortent du nid. Quarante jours plus tard, ils commencent à voler et quittent la colonie.

Un état de conservation préoccupant

Bien que classée par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) comme espèce à “préoccupation mineure”, l’ibis sacré n’est pas considéré comme menacé globalement. Cependant, en France, ses interactions négatives avec les espèces protégées ont conduit à des actions de destruction ciblée pour limiter ses effets sur la biodiversité locale. En tant qu’espèce exotique, il est interdit de le capturer, de le transporter ou de l’introduire volontairement dans le milieu naturel. Sa longévité atteint généralement 20 à 25 ans en milieu sauvage.