Dans les zones où la vase est abondante, notamment celles fréquentées par les limicoles, l’huîtrier pie se distingue par son plumage bicolore, son bec de couleur orange vif et ses cris perçants. C’est l’un des oiseaux marins les plus bruyants que l’on puisse apercevoir au bord de mer.
Sur la famille des huîtriers
L’huîtrier pie, connu scientifiquement sous le nom de haematopus ostralegus, est une espèce qui appartient à l’ordre des charadriiformes et à la famille des haematopodidés, dont il est le seul représentant en France. Son appellation est dérivée du latin, signifiant « à pattes rouges » et « qui ramasse les huîtres », en référence à ses habitudes alimentaires. Ce limicol est généralement long de 46 cm, avec un poids variant entre 400 et 800 grammes, sans différence visible entre mâles et femelles.
Un bec remarquable chez l’huîtrier pie
Cet oiseau robuste affiche un plumage contrasté avec du noir couvrant la tête, le dos et la queue, et du blanc sur la partie ventrale. En vol, ses ailes noires laissent voir une large bande blanche. Son bec, pouvant atteindre 10 cm, présente une teinte rouge-orangé distincte, tandis que ses pattes rosées—aux doigts non palmés—complètent son allure caractéristique.
Un habitant fidèle de France
Quasiment présent dans toutes les régions du globe à l’exception de l’Océanie, l’huîtrier pie se rencontre principalement en Europe, le long des côtes de la mer Baltique, de l’Atlantique et de la péninsule ibérique. En hiver, les populations issues des zones nordiques migrent vers le sud du continent européen, incluant la France, ainsi que vers les côtes du Maghreb. En France, cette espèce sédentaire est principalement observable en Bretagne, en Normandie, autour du bassin d’Arcachon et en Camargue.
Une présence marqué en bord de mer
On repère surtout l’huîtrier pie le long des littoraux, où il apprécie la diversité des habitats avec des rivages plats, que ce soit plages de galets ou de sable. En tant que limicole, il a une prédilection pour les zones vaseuses de baies et d’estuaires. Ces dernières années, quelques individus ont été observés s’aventurant dans l’intérieur des terres, dans des prairies humides ou lagunes proches de la côte. Il habite aussi la périphérie des lagunes méditerranéennes, où il fréquente des milieux salins exploités ou laissés à l’abandon.
Se nourrir principalement de mollusques
L’huîtrier pie se nourrit surtout de vers marins qu’il chasse dans le sable et la vase à l’aide de son bec puissant. Son bec lui permet également d’ouvrir avec facilité des coquillages bivalves tels que moules et coques, en sectionnant les muscles qui maintiennent leurs valves fermées. Il apprécie aussi d’autres crustacés comme les littorines, patelles et bigorneaux, ainsi que des crevettes et de petits crabes. Lorsqu’il est à l’intérieur des terres, il complète son alimentation avec des lombrics et divers insectes. Autrefois, il se nourrissait d’huîtres sauvages, mais aujourd’hui, cette pratique est très rare, sauf dans quelques zones ostréicoles en Bretagne.
Un oiseau au comportement très expressif
L’huîtrier pie vit en couple avec une fidélité marquée envers son partenaire et son territoire de nidification. Pendant la période de reproduction, il adopte un comportement très territorial et niche en mâles et femelles séparés. Hors saison, il devient plus sociable, formant parfois de grands rassemblements pouvant atteindre des milliers d’individus. La species est très vocale, utilisant une large gamme de cris perçants, que ce soit pour la parade nuptiale, la défense du territoire, l’alerte face au danger ou lors des échanges entre congénères. Ses vocalises, très puissantes, se propagent sur de longues distances et contribuent à son impressionnante présence sonore.
Un nid rudimentaire pour la reproduction
Les mâles construisent des nids modestes, souvent une simple dépression dans le sable ou parmi les galets, recouverte d’algues ou d’autres débris marins comme des coquillages. Entre avril et mai, la femelle dépose en moyenne trois œufs de couleur jaunâtre agrémentés de filaments bruns-noirs, qu’elle incube avec le mâle pendant environ trois à quatre semaines. Les poussins, capables de se déplacer dès leur éclosion, sont qualifiés de nidifuges. Ils peuvent commencer à voler vers un mois, mais certains restent en compagnie de leurs parents jusqu’à six mois. Les femelles atteignent leur maturité sexuelle à deux ou trois ans, tandis que les mâles le font un peu plus tard, vers quatre ans.
Menaces et conservation
Malgré leur large répartition, les populations d’huîtrier pie sont menacées par l’impact des activités humaines telles que le tourisme, l’urbanisation ou la pêche, qui perturbent leurs habitats de reproduction et d’alimentation. La concurrence exercée par les pêcheurs à pied, ainsi que la disparition naturelle des moules sauvages et des bancs de coques, limite aussi leur accès à leur nourriture privilégiée. La maladie de la grippe aviaire peut constituer une menace supplémentaire. En Europe, ce oiseau reste relativement nombreux et n’est pas protégé, étant même chassé légalement en France. Il peut vivre plus de 20 ans en liberté, certains individus dépassant même les 30 ans.