Hirondelle de fenêtre : un migrateur résolument urbain

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À la différence de l’hirondelle rustique souvent rencontrée en campagne, celle qui s’adapte volontiers aux environnements urbains se montre particulièrement à l’aise dès qu’elle trouve un endroit pour installer son nid : ponts, toitures, ou même fenêtres ! Au début du printemps, lorsque vient le moment de construire un refuge, ce passereau se transforme en un véritable expert en maçonnerie. Voici le portrait de cette espèce migratrice, dont la présence en nos régions tend à diminuer.

Comment reconnaître l’hirondelle de fenêtre ?

Mesurant généralement une dizaine de centimètres, avec une envergure approchant les 29 cm, cette petite espèce de passereau appartient à la famille des hirundinidés. Son poids oscille entre 15 et 21 grammes. Son aspect distinctif inclut une partie supérieure noire aux reflets métalliques bleutés, tandis que le dessous est blanc, avec une coloration grisâtre sous les ailes. Sa queue en forme de fente est dépourvue de filets, ses pattes sont fines et blanchement emplumées. Mâles et femelles sont de même apparence, ce qui rend leur identification sexuelle impossible à l’œil nu.

Dans quels pays cette hirondelle migre-t-elle ?

Originaire de la région eurasienne, cette espèce niche principalement de l’ouest de l’Europe jusqu’à la Sibérie orientale. Elle est absente des Amériques mais présente dans toute la France. Son comportement migratoire est rigoureux, effectuant un voyage transsaharien sur de longues distances. Ses sites d’hivernage s’étendent du Sahel à l’Afrique australe, en passant par la péninsule arabique et l’Asie du Sud-Est. Les oiseaux d’Europe de l’Ouest parcourent environ 5 000 km pour atteindre leurs zones d’hiver, tandis que celles du Nord peuvent doubler cette distance. Leur départ vers le sud est généralement observé à la mi-septembre, et leur retour vers le printemps intervient dès mars.

Pourquoi parle-t-on d’hirondelle de fenêtre ?

Ce nom lui vient de son lieu de nidification privilégié : souvent dans l’embrasure d’une fenêtre ou sur une structure de charpente. Elle cherche principalement deux conditions pour élever sa progéniture : un endroit protégé, avec un accès direct à l’air libre. Ainsi, ses nids sont généralement placés sous un avant-toit, une corniche ou un rebord, mais ils peuvent aussi se trouver sur des ponts ou des falaises rocheuses. Contrairement à l’hirondelle rustique qui privilégie la campagne, l’hirondelle de fenêtre a su s’adapter à la vie en ville, jusqu’à s’établir en son cœur, profitant de l’urbanisation pour s’y installer durablement.

De quelle alimentation se nourrit cette hirondelle ?

Ce passereau se nourrit exclusivement d’insectes en vol, qu’on désigne souvent comme un plancton aérien, comprenant une multitude de petits animaux aériens. Il vole à différentes hauteurs, pouvant dépasser 50 mètres dans certains cas. La majorité de ses proies surgissent au-dessus d’étendues d’eau douce, mais aussi dans les champs cultivés, les forêts ou encore après des précipitations, quand l’humidité favorise leur apparition. Les éclairages publics attirent également un grand nombre d’insectes, que l’hirondelle capture durant sa chasse en vol.

L’hirondelle de fenêtre : un oiseau grégaire ?

Très sociable, cette espèce tend à rassembler ses individus en groupes importants : ils se regroupent la nuit pour dormir en dortoirs collectifs, et construisent souvent leurs nids en proximité immédiate, parfois même en se chevauchant. Lors des chasses collectives, ils forment de grands essaims qui encerclent zones humides et zones riches en insectes, avant de repartir chargés de nourriture pour leurs petits. Leur vie communautaire se manifeste aussi dans leur manière de communiquer, principalement à travers le chant. Bien qu’ils préfèrent s’installer sur des fils électriques ou autres perchoirs suspendus, ils évitent généralement de rester par terre, sauf pour récupérer des matériaux nécessaires à la construction de leur habitat.

Comment l’hirondelle construit-elle son nid ?

Pour bâtir un nid résistant pouvant accueillir plusieurs générations, l’hirondelle de fenêtre collecte de la terre approchant de l’eau, qu’elle ramène à son site de nidification. Elle mélange cette terre avec sa salive pour créer un ciment souple, qui ne fissure pas en séchant. Elle ajoute également des brins de paille et d’autres matériaux pour renforcer ses parois. La femelle façonne un nid en forme de calice, doté d’une entrée étroite pour limiter l’accès aux intrus. Le processus de construction, qui demande environ dix jours, mobilise les deux adultes, qui participent activement au façonnage et à la finition.

Comment se passe la reproduction de cette espèce ?

Les mâles attirent les femelles à l’aide de chants et de courtes poursuites dans le nid, lors de rituels de parade nuptiale. La femelle dépose généralement 4 ou 5 œufs blancs au début du mois de mai. Ces œufs sont couvés alternativement par les deux parents pendant une période de 13 à 19 jours. Une fois les œufs éclos, les adultes protègent leur nid avec vigueur, repoussant tout intrus. Pendant plusieurs semaines, ils assurent la nourriture et la protection des poussins, qui atteignent leur autonomie totale environ trois semaines après leur naissance.

La population d’hirondelles de fenêtre est-elle en danger ?

Le principal prédateur de cette espèce est le faucon hobereau, que les hirondelles repèrent rapidement et alarmant par leurs cris. Globalement, la population de ces oiseaux n’est pas encore en voie d’extinction. Cependant, en Europe de l’Ouest, leur nombre a fortement diminué depuis la seconde moitié du XXe siècle. En France, une baisse significative de 42 % a été constatée depuis 1989, selon le suivi mené par des organismes comme Tendances et animaux. La raison principale de ce déclin réside dans l’intensification de l’agriculture et la destruction de leurs sites de nidification, malgré la législation protégeant leur habitat. Depuis 2009, leur présence bénéficie d’un statut de protection totale.