Représentant la pureté immaculée des froids hivernaux au Québec, le harfang des neiges est une figure emblématique de cette saison, son plumage éclatant étant parfaitement adapté pour se fondre dans les environnements difficiles qu’il habite. Découvrons davantage ce compagnon connu par beaucoup comme étant celui qui a accompagné le célèbre sorcier Harry Potter !
Le harfang des neiges, un hibou remarquable
Appelé aussi ookpik par les inuits, le harfang des neiges (Bubo scandiacus) appartient à la famille des strigidés, au sein de l’ordre des strigiformes. Longtemps désigné comme une chouette, cet oiseau est en réalité un hibou dont le nom évoque en suédois sa préférence pour les lièvres. Considéré comme un symbole dans l’univers d’Harry Potter, il est souvent représenté comme un animal noble et puissant. La stature de cette espèce varie entre 55 et 70 cm, la femelle étant généralement plus robuste que le mâle, avec une envergure pouvant atteindre 1,70 m et un poids oscillant entre 1 et 2,5 kg.
Le blanc éclatant du harfang
Chez les mâles, le plumage est d’un blanc uniforme, rehaussé de petites taches brunes sombres situées sur la tête, le haut des ailes et le ventre. La femelle présente une apparence similaire, mais avec des zones plus marquées de brun sur l’ensemble de son corps, notamment sur la poitrine, le dos, la queue et la face. Leur tête volumineuse, arrondie, est équipée d’yeux jaune vif, encadrés d’une collerette de plumes blanches. Ce masque facial, orienté vers l’avant, permet de canaliser les sons vers leurs oreilles, qui possèdent une asymétrie permettant une localisation précise des proies. Leur tête, dotée d’une grande mobilité à 270°, est surmontée de petites aigrettes noires souvent repliées, quasi invisibles.
Le symbole du froid, le harfang des neiges
Territorialisant principalement autour de la zone arctique, ce rapace évolue de l’Amérique du Nord jusqu’à la Russie, en passant par le Groenland et la Scandinavie, notamment en Suède, en Norvège et en Finlande. Au Canada, sa présence est confirmée dans plusieurs régions. En 1987, l’Union tendanciel et animaux a officiellement adopté ce volatile comme son emblème, incarnant la blancheur des hivers québécois, la résilience face au climat semi-nordique, et l’étendue vaste de son territoire. Le harfang est un migrateur partiel : certains individus, face aux conditions extrêmes et à la pénurie de nourriture, migrent vers le sud, tandis que d’autres choisissent de rester sur leur site de reproduction. Selon la période de l’année, ils fréquentent la toundra arctique au-delà des forêts, les prairies dégagées, les zones rocheuses ou encore les côtes maritimes.
La gourmandise du harfang : le lemming
Ce rapace carnivore se spécialise dans la capture de petits mammifères, principalement le lemming, qui constitue sa nourriture de prédilection, ainsi que le campagnol. Il complète parfois son régime en chassant des oiseaux, des poissons, des insectes, des crustacés ou en se nourrissant de cadavres. Doté d’une ouïe exceptionnelle et d’une vue remarquable, de jour comme de nuit, le harfang chasse en guettant ses victimes depuis une position en hauteur ou en effectuant des vols silencieux. Lorsqu’il repère une proie, il se précipite pour la saisir avec ses serres acérées, souvent en un éclair. Après avoir avalé la victime toute entière, il élimine les parties indigestes telles que poils, plumes, os ou dents, qu’il rejette sous forme de boules pelotes.
Un manteau d’hiver pour le harfang
Ce qui distingue le harfang des autres strigidés, c’est sa diurne activité : il chasse en plein jour, du lever au coucher du soleil. Adapté aux températures extrêmes des hautes latitudes, il possède un épais duvet sous ses plumes, couvrant son corps du bec jusqu’aux pattes. Cette couche isolante lui permet de maintenir sa température corporelle autour de 38 °C, même lorsque le climat peut descendre jusqu’à –50 °C dans l’arctique. La vie en couple est une constante pour cette espèce monogame, les partenaires restant fidèles jusqu’à la mort de l’un d’eux.
Reproduction et cycle de vie
Le nid, modeste, consiste en une cuvette creusée dans le sol par la femelle, garnie de plumes, d’herbes ou de mousses. La reproduction est fortement influencée par la disponibilité de nourriture, notamment des lemmings : lors des années difficiles, peu de couples émettent des œufs. La taille de la couvée varie également : de 3 ou 4 œufs en période de pénurie, jusqu’à 10 ou 12 lorsque la nourriture est abondante. Après un incubation d’environ un mois, les jeunes éclosent à plusieurs jours d’intervalle. La femelle se charge de leur chaleur, tandis que le mâle se développe en veillant sur le territoire et la sécurité du nid. Les jeunes, appelés nidicoles, commencent à voler entre 7 et 8 semaines, et deux à trois mois plus tard, ils sont autonomes pour chasser seuls.
Le harfang, maître incontesté de son territoire
En haut du rang dans sa chaîne alimentaire, ce super-prédateur possède peu d’ennemis naturels. Cependant, ses jeunes restent vulnérables face aux prédateurs comme le renard polaire, le loup, la labbe ou l’hermine. Très territorial et agressif, le mâle défend farouchement sa famille, n’hésitant pas à attaquer des adversaires plus gros avec ses griffes aiguisées. La principale menace en hiver concerne la raréfaction des ressources alimentaires, qui influence directement la reproduction. La préoccupante situation de cette espèce est reconnue par l’Union mondiale pour la conservation de la nature (UICN), qui la classe en catégorie vulnérable. En milieu sauvage, il peut vivre entre 8 et 12 ans, tandis qu’en captivité, sa longévité peut atteindre 30 ans.