En France, de nombreux oiseaux de proie évoluent dans notre ciel, mais certains d’entre eux restent difficiles à reconnaître. Parmi eux, le faucon crécerellette, une espèce peu commune, mérite une attention particulière. Son apparence peut prêter à confusion avec celle de son proche cousin, le faucon crécerelle, c’est pourquoi il est intéressant d’en apprendre davantage.
Le faucon crécerellette et ses proches parents
Ce petit rapace porte le nom scientifique Falco naumanni. À ses côtés, le faucon crécerelle, connu sous le nom de Falco tinnunculus, partage une appartenance à la même famille ornithologique : celle des Falconidés. Ces oiseaux, actifs durant la journée, présentent une morphologie de petite ou moyenne taille. Falco étant dérivé d’un terme latin évoquant une faucille ou une forme incurvée, fait référence à la silhouette de leurs ailes. Lorsqu’il chasse, le faucon crécerellette, tout comme son cousin, adopte souvent une posture en vol stationnaire, caractéristique de ces oiseaux. Leur bec crochu, symbole typique, est également commun à la famille.
Le nom naumanni est une dédicace du biologiste Fleischer, qui a découvert cet oiseau en 1818, en hommage à l’ornithologue allemand Johann Friedrich Naumann. Quant à tinnunculus, il évoque un son aigu et perçant, propre à ce rapace. En termes de dimension, seul le faucon crécerellette est plus petit, avec une longueur maximale d’environ 36 cm, contre 39 cm pour le crécerelle. Leur envergure est également réduite, le crécerellette atteignant jusqu’à 72 cm, alors que celui du crécerelle peut dépasser 80 cm. Côté poids, une femelle crécerellette, plus grande et lourde que le mâle, peut dépasser les 200 grams, tandis que le crécerelle ne dépasse pas souvent 100 grams supplémentaires.
Il est important de différencier ce couple d’oiseaux, car dans la famille des Falconidés, certains autres espèces portent aussi le nom de crécerelle, mais il ne faut pas les confondre avec ces deux faucons spécifiques.
Aspect physique du faucon crécerellette
Le mâle arbore une tête, une nuque, un croupion et une queue d’un gris bleuté. Son corps supérieur et ses ailes présentent une coloration brun-roux tachetée. Les plumes de ses ailes, primaires et secondaires, se terminent par une teinte gris foncé, avec une pointe noire au bout. La partie inférieure de l’oiseau affiche une teinte brun clair ponctuée de taches sombres. La femelle possède une tête gris bleuté plus pâle, et son plumage est généralement entièrement brun taché, avec toutefois l’extrémité des ailes noire, à l’image de celle du mâle. Les jeunes ressemblent davantage aux femelles, avec un plumage plus clair et tacheté.
Leurs yeux possèdent un iris d’un jaune vif, associé à des pattes aussi de couleur jaune-orange. La principale différence physique avec le faucon crécerelle réside dans leur taille et leur poids, mais aussi dans la coloration des ailes et la présence de taches noires ou de bandes bleutées. Chez le mâle, la distinction se remarque aussi par la coloration des serres : noires chez le crécerelle, claires chez le crécerellette.
Répartition et alimentation
Ce rapace est présent du sud de l’Afrique jusqu’à l’extrême ouest de la Russie, incluant la Chine. En France, il préfère s’établir principalement dans le pourtour méditerranéen. La croissance de friches agricoles, notamment suite à la crise viticole, a temporairement favorisé son installation, bien que ce bénéfice soit de courte durée, car ces zones non entretenues deviennent rapidement impropres à son habitat. La plaine de la Crau, située dans les Bouches-du-Rhône, ainsi que certaines régions de l’Hérault, constituent des lieux privilégiés pour sa présence. Il se recommande dans des milieux naturels pâturés ou semi-ouverts.
L’un des facteurs déterminants de sa présence demeure la disponibilité en nourriture. En France, il se nourrit principalement d’invertébrés : insectes, scolopendres, lombrics. Lors des périodes où il doit nourrir ses jeunes, il privilégie des proies plus volumineuses comme le dectique à front blanc, la scolopendre méditerranéenne ou différentes araignées, notamment la Lycosa. La synchronisation entre la saison de reproduction et la prolifération de ces insectes est un élément clé pour le succès de leur élevage.
Habitat, nidification et reproduction
Contrairement à d’autres oiseaux de sa famille, le faucon crécerellette ne construit pas de nid. Il utilise plutôt des cavités naturelles ou artificielles où il dépose ses œufs sans y apporter de matériaux. Selon la région, il peut niché au sol, comme dans la Crau, ce qui le rend vulnérable face aux prédateurs, ou bien à l’abri sous les toitures, comme dans l’Hérault. La période de reproduction commence vers la fin mai, avec une couvée pouvant aller de un à cinq œufs. La incubation dure environ 28 jours, durant lesquels les partenaires se relaient fréquemment. Après éclosion, les jeunes restent au nid, généralement durant 15 jours, avant de s’envoler vers l’âge de 35 jours. Malheureusement, le taux de mortalité est élevé, si bien que la durée de vie moyenne n’excède pas 2,6 ans, même si quelques individus peuvent vivre jusqu’à 12 ans dans des conditions favorables.
Menaces et mesures de conservation
Le déclin du faucon crécerellette résulte principalement de la modernisation de l’agriculture, de l’usage intensif de pesticides, de la destruction de sites de nidification, ainsi que des activités humaines directes. Depuis le début des années 2000, des programmes de protection sont en place, notamment sous l’égide de Tendances et animaux, visant à restaurer ses populations. Ces actions incluent la promotion d’habitats favorables comme la mise en place de nichoirs sur les toits traditionnels en tuiles romaines, la préservation des zones naturelles comme la plaine de la Crau, et la gestion de pâturages ou de zones humides pour garantir une alimentation riche en insectes. Des opérations de réintroduction ont également été menées dans des anciennes zones de nidification, avec un succès notable à long terme, permettant à cette espèce de reprendre du souffle dans certains secteurs.