Eider à duvet : un canard plongeur à la parure précieuse

Accueil » Les animaux sauvages » Oiseaux » Eider à duvet : un canard plongeur à la parure précieuse
Crédit photo : Andreas Trepte

L’eider à duvet présente une silhouette particulièrement élégante, évoquant presque un dessin sophistiqué. On pourrait croire qu’il a été conçu par un graphiste débutant, tant ses formes paraissent stylisées. Pourtant, il s’agit bien d’un véritable oiseau sauvage ! Son nom scientifique, Somateria mollissima, évoque une certaine douceur, en lien avec la qualité exceptionnelle de son plumage. En français, le nom « eider » est à l’origine du mot « édredon », soulignant la richesse de ses matériaux. Au-delà de ses appellations, cet oiseau unique a bien d’autres traits étonnants que nous allons explorer dans cet article.

Comment reconnaître l’eider à duvet ?

Ce canard compte parmi un genre regroupant trois espèces différentes, toutes connues sous le nom d’eiders. Une autre espèce apparentée, dans le genre Polysticta, partage aussi des caractéristiques similaires. Majoritairement marin, ces oiseaux adaptent leur apparence selon le sexe : les mâles arborent des plumages colorés et complexes durant la saison de reproduction, tandis que les femelles adoptent une coloration plus discrète. Durant cette période, le mâle affiche notamment une calotte noire sur la tête, une nuque verte, ainsi que des joues blanches et vertes. Sa poitrine montre parfois des teintes rosées, et son dos est d’un blanc éclatant, contrastant avec ses flancs, son ventre, son croupion et sa queue noirs. En dehors de la saison de reproduction, le mâle devient presque entièrement brun. Les femelles, quant à elles, conservent toute l’année une teinte brune tachetée, rappelant celles de la macreuse noire. Les jeunes ont un plumage similaire à celui des femelles, et ce n’est qu’à l’âge de trois ans que les mâles acquièrent leur allure adulte.

Les deux sexes partagent un bec robuste, qui se caractérise par une ligne droite allant de l’extrémité à la base du crâne, donnant à cet oiseau son profil si particulier.

Où peut-on apercevoir l’eider à duvet ?

Leur répartition mondiale inclut six sous-espèces, mais en Europe, seulement trois d’entre elles se reproduisent. On les trouve principalement autour des îles britanniques, de la mer du Nord, de la Scandinavie, avec des habitats très localisés en France (notamment aux îles Féroé, à la Terre François-Joseph, au Spitsberg, en Islande, au Groenland et à la Terre de Baffin). Bien que largement migrateur, l’eider a tendance à rester proche de ses sites de reproduction. Il migre surtout lorsqu’il ne peut plus accéder à la nourriture en raison de la glace. Certains individus descendent jusqu’en Espagne ou sont observés au large de la Camargue. On peut également croiser ces canards hiverner le long de la côte Manche-Atlantique ou dans quelques zones intérieures. Ces oiseaux sont équipés pour supporter des températures très froides.

Le cachet exceptionnel de son plumage

Le duvet de cet oiseau est reconnu pour ses qualités isolantes, et celui de l’eider ne fait pas exception. Compose d’un matériau naturel, léger, doux et ultra-isolant, il constitue un trésor pour les fabricants de linge chaud. Au cours de l’été, notamment en Islande, certains fermiers récupèrent les anciens nids abandonnés pour récolter ce précieux duvet. Ces pratiques n’entravent pas la survie de l’espèce.

Les femelles utilisent leur propre duvet pour tapisser leurs nids, contribuant ainsi à leur protection contre le froid. La valeur de ce duvet est considérable : un kilogramme peut atteindre plusieurs milliers d’euros sur le marché international (de 3 000 à 15 000 € selon la qualité). Les édredons et couettes en duvet d’eider figurent parmi les produits les plus luxueux et coûteux au monde, ce qui en fait une ressource économique intéressante.

Actuellement, l’Islande est le principal pays producteur de duvet d’eider. Le Canada et d’autres pays proches du pôle Nord participent aussi à cette production, mais en quantités moindres. La somme totale récoltée dans ces pays dépasse à peine 4 tonnes par an. Pour produire un édredon, il faut récolter entre 600 g et 1,6 kg de duvet. Après la collecte, le duvet requiert un traitement rigoureux : séchage, nettoyage et tri, afin d’assurer sa qualité. Ce processus demande un travail considérable, mais la demande mondiale pour ces qualités de matières naturelles ne faiblit pas.

Comment volent les eiders à duvet ?

Lors de leur migration, ces oiseaux évoluent souvent à basse altitude, proches de la surface de l’eau. En ligne formatée, ils suivent la configuration du littoral ou de la mer, profitant d’un phénomène appelé « effet de sol ». Ce phénomène aérodynamique augmente la portance : en volant à proximité du sol ou de la surface de l’eau, ils créent une pression d’air supplémentaire sous leurs ailes, facilitant leur sustentation. Plus leur vol est proche du sol, plus cet effet est renforcé, leur permettant d’économiser de l’énergie lors de longues traversées.

Reproduction de l’eider à duvet

Les couples se forment généralement à la fin de l’hiver ou au début du printemps, parfois durant leur migration. La parade nuptiale implique des mouvements spectaculaires : le mâle se cabre sur l’eau, bat des ailes, secoue la tête rapidement, inclinaison du cou vers le haut et émet des sons caractéristiques comme des roucoulements et des gloussements. Il peut aussi y avoir des affrontements entre mâles souhaitant séduire la même femelle. La reproduction se déroule en colonies pouvant accueillir plusieurs centaines d’oiseaux, principalement entre avril et juin.

Les nids sont rudimentaires, souvent de simples dépressions dans le sol, recouvertes de duvet, de végétation et d’algues. La femelle pond généralement entre quatre et dix œufs, qu’elle couve seule. Après 25 à 28 jours, les jeunes émergent, souvent en grands groupes pouvant compter jusqu’à 500 oisillons. Ces derniers deviennent autonomes après environ deux mois.

Ce que mange l’eider à duvet

Ce canard évolue aussi bien en mer qu’en eaux douces, souvent en immersion totale. Il chasse à l’aide de plongées pour capturer mollusques, crustacés, petits poissons ainsi que divers invertébrés. Il peut aussi se nourrir d’algues. Sur la toundra arctique, sa diète est plus végétale, composée de feuilles, de graines et de baies, tout en complétant son alimentation avec des insectes aquatiques et des araignées.

Dans l’ensemble, la population de cet oiseau semble stable, ce qui est une bonne nouvelle pour sa conservation. Peut-être aurez-vous la chance de croiser un jour ce magnifique canard dans son habitat naturel…