Originaire des régions nordiques comme la Scandinavie, le pinson du Nord est un oiseau qui, une fois la saison de reproduction achevée, entreprend une migration vers le sud à la recherche de températures plus douces. On peut souvent l’observer dans nos jardins durant la période hivernale, notamment en France, où il devient un visiteur régulier lors des Cape de froids.
Le pinson du Nord, un membre de la famille des fringilles
Identifié sous le nom scientifique fringilla montifringilla, cet oiseau appartient à la famille des fringillidés, également appelés fringilles, qui inclut aussi le pinson des arbres et le pinson bleu. Ce petit à moyen passereau présente un plumage très diverse avec souvent des teintes riches en couleurs. Son bec court et conique lui permet de se nourrir principalement de graines, sans y être strictement limité. La dénomination de « pinson du Nord » est liée à ses zones de nidification ; dans certains contextes, on le désigne aussi comme le pinson des Ardennes. La taxonomie de cette espèce est monotypique, ce qui signifie qu’elle ne comprend pas de subdivisions ou sous-espèces. En termes de taille, il mesure entre 14 et 16 centimètres, pour un poids oscillant entre 23 et 29 grammes.
La parade nuptiale et le plumage séduisant du pinson du Nord
À l’approche du printemps, généralement fin février ou début mars, les mâles changent radicalement d’éclat pour arborer un plumage nuptial aux couleurs vives. Leur gorge, leur poitrine supérieure et leurs ailes sont dorées d’un orange vif, tandis qu’un capuchon noir orne leur tête, leur manteau et le haut du dos. Leur ventre et leur croupion deviennent d’un blanc pur. En période hivernale, cette différenciation se fait moins nette : les deux sexes se ressemblent davantage, avec la femelle affichant une teinte beige pâle, un peu terne, sur la tête et le cou, avec deux lignes noires qui courent le long de la nuque. L’aspect du mâle s’assombrit quelque peu, passant à des tons brun-gris tacheté, avec un bec jaunâtre citron à la base, à extrémité sombre.
Migration vers le sud pour l’hiver
Lors de la saison de nidification, le pinson du Nord occupe des habitats allant de la Scandinavie à la taïga russe, en passant par le nord du Canada. Son environnement de prédilection est constitué de forêts mixtes comprenant principalement des conifères et des bouleaux, mais aussi des zones de saules ou de ripisylves avec des aulnes. Avec l’arrivée du froid, il quitte ces régions pour se refugier en Europe méridionale, dans des zones allant du Maghreb à l’Asie Mineure, en passant par le Moyen-Orient et jusqu’aux régions du massif himalayen, en Chine orientale et au Japon. La localisation de ses sites d’hivernage dépend de la disponibilité de nourriture, notamment de la fructification des arbres comme le hêtre ou le charme, ou encore des graines de chênes. Leur déplacement s’effectue en groupes nombreux, qui parcourent aussi bien les plaines agricoles — chassant les graines de céréales renversées — que les jardins ruraux.
La présence du pinson du Nord dans nos jardins
En France, le pinson du Nord arrive généralement en septembre ou octobre pour partir à la fin du printemps, vers avril, après avoir niché dans ses milieux d’origine. Sa présence est sporadique et dépend des conditions météorologiques ; il est plus fréquent dans le nord du pays et en limite extrême sud. Lors des grands froids, il peut souvent être observé dans les jardins de campagne, où il profite des mangeoires contenant des graines de tournesol, des céréales concassées, des noix, des baies séchées ou des cacahuètes. En règle générale, il a tendance à préférer picorer les graines tombées au sol.
Alimentation exclusive ou variée?
Bien que le pinson du Nord puisse se nourrir principalement de faînes, ces fruits du hêtre, il ne s’y limite pas. Lorsqu’autres ressources sont accessibles, il consomme également des graines provenant de différentes essences telles que le bouleau, le charme, l’épicéa, l’érable, le pin, le tilleul ou l’aulne, ainsi que diverses baies. On le rencontre fréquemment dans les zones agricoles, où il se nourrit de graines laissées par la récolte. Lors des neiges abondantes, il secoue la surface enneigée pour dénicher les graines enfouies. Pendant sa période reproductive, il s’appuie aussi sur une alimentation riche en insectes, principalement les larves de diptères, pour nourrir ses jeunes.
Un oiseau très sociable
En dehors de la saison de reproduction, le pinson du Nord adopte un comportement grégaire, formant de grands groupes avec d’autres petits oiseaux comme les pinsons des arbres, mais aussi les moineaux, les bruants ou les verdiers. Lors de l’hiver, ces rassemblements peuvent rassembler plusieurs milliers d’individus qui se regroupent dans de vastes dortoirs installés dans des forêts de conifères où la densité végétale leur offre une meilleure protection contre les prédateurs. La journée, ils se dispersent pour se nourrir, pour ensuite se rassembler à nouveau à la tombée de la nuit, offrant un spectacle impressionnant d’union.
Fidélité et territoires
Même si cette espèce hiverne en groupes, elle devient rapidement territoriale durant la saison de nidification. Les couples monogames établissent leur site de ponte, souvent à une hauteur comprise entre 1 et 15 mètres, sur une branche d’arbre feuillu ou conifère. La femelle construit un nid relâché avec des matériaux variés, comme de l’herbe, de la bruyère, de l’écorce, de la mousse, renforcés par de la toile d’araignée et camouflés avec du lichen. Elle dépose entre 5 et 7 œufs bleutés, tachés de brun, qu’elle couve pendant une dizaine de jours, pendant que le mâle la nourrit. Après environ deux semaines, les jeunes quittent le nid et peuvent se reproduire dès leur premier an. La territorialité disparaît peu après l’envol, et les familles se recomposent.
Une espèce protégée mais commune
La femelle d’un coucou gris peut parfois pondre un œuf dans le nid du pinson du Nord, aboutissant à une parasitisme spécifique. À l’éclosion, ce jeune parasite élimine les autres œufs ou poussins pour se5470ère seul. Parmi les prédateurs qu’il doit surveiller figurent les corvidés (comme la corneille noire ou le cassenoix) ainsi que certains rapaces. En dépit de sa relative abondance et de sa large répartition, cette espèce n’est pas en danger immédiat. En France, elle figure dans l’arrêté ministériel du 29 octobre 2009 comme ayant un statut protégé, ce qui interdit toute destruction ou perturbation de ses sites de nidification. Son espérance de vie moyenne tourne autour de 9 ans.
Crédit photo : Pierre Dalous