À la saison du renouveau, où la nature reprend vie, les chants des oiseaux emplissent l’atmosphère. Parmi eux, un cri distinctive se détache : le son emblématique « cou-cou« . Cet article vous invite à découvrir celui qui produit cette tonalité si reconnaissable, le coucou gris. Ce chanteur de grâce, célèbre également pour ses habitudes de parasitisme aviaire, dévoile ses secrets.
Présentation du coucou gris
Le coucou gris (Cuculus canorus) appartient à l’ordre des cuculiformes et à la famille des cuculidés, qui regroupe une cent quarante-six espèces. Morphologiquement, cet oiseau ressemble à d’autres membres de l’ordre, comme certains psittaciformes (notamment les cacatoès), mais il se distingue par un bec fixe en partie supérieure et une queue plus courte, moins emplumée. Sa taille oscille entre celle d’un pigeon et d’un moineau, avec une longueur proche de 30 cm, une envergure de 55 à 60 cm, et un poids allant de 105 à 130 grammes. Sa longévité se situe généralement entre dix et quinze ans.
Comment identifier le coucou gris ?
Les mâles arborent un plumage gris bleu sur le dos, les ailes longues et la queue. La tête et le cou présentent un gris plus clair, tandis que le ventre blanc affiche des rayures grises. Leur bec est grisâtre et leurs pattes jaunâtres. Chez les femelles, deux variantes existent :
- Une version similaire aux mâles, avec un pelage rayé un peu plus foncé sur le ventre ;
- Une forme plus rare, dont le plumage roux brun couvre le dos et la poitrine, assorti de rayures foncées, avec une queue finie par des bandes blanches.
Quelle alimentation pour le coucou gris ?
Ce passereau adopte un régime composé exclusivement d’insectes. Il se nourrit principalement de vers de terre et de larves, notamment celles dotées de poils urticants comme ceux des chenilles processionnaires, dont il tolère la consommation, contrairement à d’autres oiseaux. Son appétit va également aux libellules, criquets, scarabées, ainsi qu’aux araignées. Le coucou gris ne rechigne pas devant des mollusques ou des œufs et jeunes oisillons d’autres espèces. Sa vue exceptionnelle lui permet de repérer une proie, comme un ver, à une distance pouvant atteindre 20 mètres.
Où trouve-t-on le coucou gris ?
Le coucou gris est un voyageur, présent sur plusieurs continents. Durant la saison favorable, il parcourt le continent européen jusqu’en Sibérie, couvre une grande partie de l’Asie, sauf ses régions les plus septentrionales, et est présent au Maghreb. Il est aussi observé aux États-Unis, et occasionnellement au Groenland en période estivale. Ce migreur hiverne en Afrique, au sud du Sahara, ainsi qu’en Inde et en Asie du Sud-Est. Les adultes migrent en juillet, les jeunes en octobre, pour revenir en avril ou mai dans leurs sites de reproduction.
Quel habitat privilégie-t-il ?
Le coucou gris ne montre pas de préférence pour un type précis de lieu : il fréquente tant les plaines, que les zones de moyenne montagne (jusqu’à 2000 mètres d’altitude), ou même certains jardins. Son adaptabilité lui permet d’occuper divers milieux : landes, fourrés, bocages, roselières, forêts variées, notamment celles ensoleillées comme les clairières ou lisières d’arbres. Cependant, il évite les environnements urbains, les étendues agricoles vastes et les sommets trop élevés. Il est à noter que ses sites de nidification diffèrent souvent des endroits où il se nourrit, ces derniers ayant tendance à être plus boisés.
Processus de reproduction du coucou gris
À l’arrivée du printemps, cet oiseau solitaire revient dans nos contrées. La période de reproduction débute fin avril ou début mai, durant laquelle il se rassemble brièvement avec ses congénères. Le mâle, facilement identifiable par son cri « cou-cou« , utilise ce chant pour attirer ses partenaires. Les mâles adoptent un comportement polygame, tandis que les femelles peuvent pondre plusieurs œufs, parfois jusqu’à une dizaine ou plus, en une seule saison. La particularité principale réside dans leur mode de reproduction parasitaire : elles n’élèvent pas leurs propres nids mais exploitent ceux d’autres oiseaux, dans lesquels elles déposent un unique œuf.
Pourquoi le coucou gris vole-t-il des nids ?
Les femelles coucou adoptent une stratégie de reproduction originale : elles repèrent un nid occupé, attendent que la mère l’abandonne pour partir en quête à son tour, puis s’introduisent pour y déposer leur œuf après avoir ingéré un œuf de l’hôte. La taille de l’œuf du coucou est adaptée pour rester discrète et ne pas éveiller de soupçons. La mère de la proie continue de couver et d’élever les jeunes oiseaux, sans faire la différence. Le coucou parasitaire cible plus de cinquante espèces de passereaux, comme la rousserolle ou le rougegorge, parmi d’autres.
Développement du jeune coucou
Le petit coucou éclôt souvent un ou deux jours avant ses œufs voisins. Son instinct le pousse à éliminer rapidement ses concurrents ou œufs, en s’aidant de son dos en forme de cuillère pour chasser les autres. Son bec rouge orangé émet une pulsion profonde pour attirer les autres oiseaux qui le nourrissent. À l’âge de trois semaines, il peut atteindre une trentaine de fois sa taille initiale. Bien qu’il puisse quitter le nid à ce stade, il reste généralement encore quelques semaines pour finir sa croissance et apprendre à se débrouiller seul.
Quels dangers guettent le jeune coucou ?
Ce mode de reproduction comporte de nombreux risques d’échec. Si la femelle dépose son œuf dans un nid d’un oiseau granivore, au régime exclusivement végétal, le jeune coucou meurt faute de protéines. La couleur de sa gorge peut également limiter ses chances : certains oiseaux comme les linottes, qui nourrissent leur progéniture en pinceant leur bec, ignorent souvent cette relance, laissant le petit coucou mourir de faim. Enfin, naître dans un nid trop petit peut entraîner l’abandon par la mère adoptive, incapables de nourrir un oisillon aussi vorace.
Le coucou gris est-il en danger ?
Au niveau mondial, cet oiseau n’est pas considéré comme menacé, étant classé en catégorie préoccupation mineure par l’UICN. En France, il occupe un vaste territoire, mais en populations peu denses, et celles-ci ont connu une baisse ces dernières années. La disparition de ses habitats préférés, tels que landes, prairies ou zones humides, due à l’agriculture intensive, ainsi que le déclin des insectes, notamment les papillons, causé par l’utilisation excessive de pesticides, représentent les principaux dangers.
Le coucou gris est-il protégé ?
En Europe, cet oiseau bénéficie d’une protection renforcée, inscrite à l’Annexe II de la Convention de Berne et de la directive Oiseaux. En France, il est régi par l’Article 3 de l’Arrêté du 29 octobre 2009, qui établit la liste des espèces protégées. À ce titre, toute intervention visant à détruire, déplacer ou perturber ses nids, œufs ou sites de repos est interdite. La perturbation, notamment lors de la reproduction, ainsi que la dégradation de ses sites, sont également prohibées pour préserver cette espèce.