Comment différencier une bécasse d’une bécassine ?

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Les espèces appartenant à la famille des scolopacidés regroupent plusieurs types d’oiseaux aux noms qui se ressemblent souvent, ce qui peut prêter à confusion. Parmi eux, on retrouve notamment la bécasse, la bécassine, le bécassin et le bécasseau. Pour mieux comprendre ces oiseaux, concentrons-nous ici sur la bécasse et la bécassine.

La bécasse forme une sous-famille à part entière, celles des scolopax, tandis que la bécassine appartient à celle des gallinago, partagée avec le bécassin. Ces oiseaux sont de petits échassiers classés parmi les limicoles, ce qui signifie qu’ils se nourrissent surtout d’organismes qu’ils trouvent dans les sols humides riches en limon ou en humus.

la bécasse

Au total, huit espèces de bécasses existent dans le monde. La version que l’on peut observer en France est la bécasse des bois, une migratrice qui traverse nos régions d’octobre à mars ou début avril. Si elle est présente dans toute l’Union européenne, sa capture à la chasse demeure complexe, car son comportement discret et nocturne la rend difficile à repérer. Elle dispose d’une vue exceptionnelle, capable de couvrir tout son champ de vision en 360°, même la nuit.

Elle monte principalement en forêt, où l’humidité et le sol bien meuble, recouvert de feuilles mortes et de terre mouillée, constituent son habitat favori. La période de reproduction s’effectue dans de grands massifs boisés ou en jeunes plantations coniférines, à condition que le sol reste frais et humide. En hiver, l’oiseau quitte les forêts pour explorer, de nuit, des terrains ouverts comme les prairies, où il se nourrit principalement de lombrics constituant 80% de son alimentation, mais aussi d’insectes, de larves de carabes, de forficules, de chenilles, ainsi que d’araignées et de mille-pattes.

Son camouflage est assuré par un plumage aux teintes brunes, rousses, grises, beiges et noires, lui permettant de se fondre dans son environnement. Lorsqu’il s’envole, il produit des bruits, mais sa vitesse de fuite lui permet souvent d’échapper aux prédateurs. Il mesure environ 35 cm de long avec une envergure d’environ 60 cm. Son bec, court, fait entre 6,5 et 7,5 cm, et son poids se situe entre 280 et 420 grammes. Aucune caractéristique extérieure ne permet de distinguer un mâle d’une femelle.

la bécassine

Le terme « bécassine » désigne en réalité trois sous-espèces similaires, bien que plus petites que leur cousin la bécasse et dotées de pattes plus longues proportionnellement. Tout comme la bécasse, ces oiseaux effectuent des migrations, mais contrairement à la bécasse, ils vivent généralement seuls. Leur plumage, tout en étant différent par de subtils détails, leur offre aussi un bon camouflage.

La bécassine des marais préfère habitat humide, comme les zones marécageuses ou prairies pâturées. Très répandue en France, elle mesure entre 25 et 27 cm, avec une envergure autour de 40 à 50 cm, et pèse une centaine de grammes. Son long bec, deux fois la largeur de sa tête, est bien adapté pour fouiller dans le sol mou. Lorsqu’elle vole, son déplacement décrit souvent un parcours en zigzag, et elle émet un cri discret. Elle chasse sa nourriture dans des sols souples, alimentée principalement par des vers, larves, mollusques, crustacés et graines végétales.

La bécassine sourde, quant à elle, est encore plus petite, avec une longueur de 17 à 20 cm, une envergure entre 30 et 36 cm, et un poids allant de 50 à 80 grammes. Mâles et femelles ont un plumage similaire, plus sombre que celui de la bécassine des marais. Son bec, court, ne dépasse pas 4 cm. Elle partage parfois l’habitat avec la bécassine des marais, mais leur façon de s’enfuir diffère : la première fuyra en courant, évitant le vol, tandis que la seconde décolle rapidement. La bécassine sourde possède aussi une queue pointue, distincte de la queue en éventail blanche de la bécassine des marais.

Elle préfère des lieux où la végétation dense est accompagnée d’une fine couche d’eau, généralement moins de 2 cm, comme les zones de tourbière, de roselière ou les bords de mares, en période de reproduction. Elle se nourrit d’invertébrés, de mollusques, de vers, de crustacés, ainsi que de graines et débris végétaux, dans des habitats très spécifiques.

Une autre bécassine, la bécassine double, est protégée en France en raison de sa rareté. Elle ressemble beaucoup à la bécassine des marais, mais est plus grande et plus massive, avec un bec plus court. Son mode d’évasion diffère aussi : au lieu de s’envoler, elle s’aplatit contre le sol pour fuir le danger. Elle hiverne en Afrique, parcourant de longues distances sans interruption, grâce à ses réserves de graisse pouvant doubler son poids. Des témoins ont rapporté qu’elle pouvait maintenir une vitesse de près de 97 km/h pendant plusieurs heures consécutives.

le réseau bécassines

Les bécassines font l’objet d’une surveillance particulière. Depuis 2006, en France, un réseau de suivi a été instauré pour étudier leurs migrations, leur période d’hivernage et leurs sites de reproduction. Depuis 2017, grâce à une collaboration entre l’Office français de la biodiversité et le Club international des chasseurs de bécassines, des oiseaux sont équipés de balises pour recueillir davantage de données. Les recherches sur ces oiseaux promettent d’offrir des perspectives passionnantes sur leur comportement et leurs déplacements.

Crédit photos : Ronald Slabke n°1 – JJ Harrison n°2