Pour découvrir le bruant à gorge noire, il faut s’aventurer au-delà de l’Atlantique. Cet oiseau, de petite taille, est originaire des régions méridionales des États-Unis jusqu’au nord du Mexique. Son plumage blanc ornant une gorge sombre se fond parfaitement dans les environnements chauds, notamment les zones arides et désertiques. C’est dans ces terrains secs et rapidement broussailleux que ses notes sifflées, rapides et perchées dans l’air, résonnent joyeusement.
Qui est le bruant à gorge noire ?
Le bruant à gorge noire, connu sous le nom scientifique Amphispiza bilineata, fait partie de la famille des passerellidés. Cette catégorie rassemble de petits passereaux à silhouette compacte, équipés d’un bec conique idéal pour se nourrir principalement de graines, avec des ailes courtes et arrondies adaptées à leur mode de vie principalement sédentaire. Leur apparence est généralement discrète, avec un plumage peu coloré. On distingue dix sous-espèces différentes de cette espèce.
- Amphispiza bilineata bangsi (zones sud de la Basse-Californie et îles voisines) ;
- Amphispiza bilineata belvederei (île Cerralvo, baie de Californie) ;
- Amphispiza bilineata bilineata (centre-nord du Texas jusqu’à l’est du Mexique) ;
- Amphispiza bilineata cana (île San Estéban, baie de Californie) ;
- Amphispiza bilineata deserticola (zones arides du centre-ouest des États-Unis jusqu’au nord de la Basse-Californie, mers de Cortés et Chihuahua au Mexique) ;
- Amphispiza bilineata grisea (centre-ouest mexicain) ;
- Amphispiza bilineata opuntia (sud-est du Colorado vers le Nouveau-Mexique, ouest du Texas, nord-ouest de Coahuila) ;
- Amphispiza bilineata pacifica (régions arides du nord-ouest mexicain) ;
- Amphispiza bilineata tortugae (île Tortuga, baie de Californie) ;
- Amphispiza bilineata carmenae (île Carmen, baie de Californie).
Comment reconnaître le bruant à gorge noire ?
Ce passereau atteint environ 15 centimètres de longueur avec une envergure d’environ 22 centimètres, pour un poids oscillant entre 11 et 15 grammes. Son dessus, généralement d’un gris brun, contraste avec ses zones blanches — notamment les sourcils, les bandes malaires et le dessous de son corps. La tête affiche une calotte grise et des joues de même couleur, tandis que son bec conique, ses pattes et ses doigts sont de teinte noire. Les yeux, encré dans une face sombre, sont marqués par un demi-cercle blanc en dessous et par une tache triangulaire noire située entre le bec et l’angle de l’œil. La longue queue, arrondie à l’extrémité, se distingue par ses lignes blanches en marge. Les mâles et les femelles se ressemblent beaucoup. Chez les juvéniles, la tache noire présente sur le bec disparaît pour laisser place à de minces rayures brunes, et l’aspect du dos est légèrement strié.
Où trouve-t-on le bruant à gorge noire ?
Ce passereau niche principalement dans les régions du sud-ouest et du centre de l’Amérique du Nord. Son habitat s’étend du Nevada et du Wyoming jusqu’au centre-nord du Mexique. Pendant la saison hivernale, le bruant migre vers les zones désertiques du sud des États-Unis. Son milieu idéal est constitué de zones chaudes et sèches, souvent composées de hautes terres désertiques parsemées de buissons et de broussailles. On le rencontre aussi dans des terrains plus secs comme les cônes alluviaux, les zones salines ou encore les pentes escarpées où ne poussent que peu de végétation, avec principalement des roches et du gravier. C’est pour sa préférence pour ces environnements que l’on lui donne souvent le nom de “bruants du désert”.
Que mange le bruant à gorge noire ?
Ce passereau adopte un régime alimentaire varié, intégrant à la fois des graines en hiver et des insectes, ainsi que des végétaux, en été. Il apprécie notamment les arbustes comme la créosote, les cactus cholla, l’armoise, le purshia, les genévriers nains, le yucca, le mesquite et l’agave, ainsi que diverses plantes à fleurs et herbes. Par temps humide, il n’hésite pas à consommer des bourgeons, jeunes pousses, fruits et baies, augmentant ainsi son alimentation végétale. Pour compléter ses apports en protéines animales, il chasse des arthropodes présents dans cet environnement aride, tels que les sauterelles, grillons et blattes. Le bruant peut aussi ingérer du gravier pour améliorer sa digestion. Il se déplace au sol en courant ou en marchant, tout en gardant sa queue levée. En l’absence d’eau, cet oiseau parvient à survivre en puisant dans sa nourriture toute l’hydratation dont il a besoin, grâce à ses reins très efficaces qui limitent ses pertes hydriques. Sa grande résistance à la chaleur fait du bruant à gorge noire l’un des spécialistes du climat désertique.
Quel est le chant du bruant à gorge noire ?
Ce passereau chante avec un rythme soutenu, vif, perchée très haut. Son chant commence par une série de deux ou trois phrases mélodieuses, rapides, suivies d’un trille court avec une montée en ton. Ce trille se compose de notes sifflées, souvent claires, dont la plus longue se prolonge à la fin. De nature énergique et répétitive, cette vocalise présente des variations nuancées d’un individu à l’autre et selon la région. Les mâles vocalisent principalement durant la période de reproduction, afin d’attirer une partenaire, de défendre leur territoire, de protéger leur nid, ou d’alerter leurs congénères en cas de menace.
Quel est son mode de vie ?
Ce passereau ne fait que partiellement migrer : seule une minorité de ses sous-espèces effectue de courtes migrations saisonnières. La majorité demeure dans sa zone de reproduction, principalement dans le sud. Son comportement est très social : en période hivernale, il se rassemble en petits groupes avec d’autres espèces voisines, telles que le bruant des armoises (Artemisiospiza nevadensis), le bruant de Brewer (Spizella breweri) ou encore le bruant à couronne blanche (Zonotrichia leucophrys). Lors de la saison de nidification, le mâle défend avec force un territoire qu’il protège contre toute intrusion.
Comment le bruant à gorge noire se reproduit-il ?
La reproduction chez cette espèce dépend étroitement du cycle des précipitations, qui influencent la disponibilité de la nourriture. En Basse-Californie, la construction du couple débute dès février, tandis que la reproduction s’étale de mars à mi-août. Le nid, souvent placé au sol ou dans des arbustes comme l’armoise, a la forme d’une coupe lâche tissée d’herbes et de tiges. Sa doublure est composée de fibres végétales, de poils (de lapin ou de vache), de laine, de plumes et de duvet récolté à proximité.
Comment les jeunes sont-ils élevés ?
La femelle dépose généralement entre trois et quatre œufs, de teinte blanche ou bleu pâle, qu’elle couve isolément pendant environ deux semaines. Les deux parents participent ensuite à l’élevage des poussins, qui quittent le nid vers 10 ou 11 jours. Cependant, ces jeunes restent souvent auprès de leurs parents quelques semaines supplémentaires avant de s’éloigner à la fin de l’été. Lors des années d’abondance alimentaire, il est courant que deux couvées soient élevées successivement.
Quel est son statut écologique ?
Les principaux prédateurs du bruant à gorge noire comprennent les serpents, les coyotes, les renards et certains rapaces comme les faucons, éperviers et buses. Depuis les années 1960, ce passereau a connu une réduction de ses populations d’environ 50 %, en grande partie à cause de la destruction et de la dégradation de ses habitats. La croissance urbaine limite fortement sa capacité à s’adapter, car il n’arrive pas à prospérer dans les milieux urbains ou périurbains. La nidification à même le sol en fait également une cible facile pour les chats domestiques et expose ses œufs et jeunes aux parasites liés au bétail. L’usage de pesticides ainsi que les incendies de brousse, accentués par le changement climatique, jouent un rôle dans la diminution de ses territoires. Malgré cela, cette espèce reste relativement répandue dans sa zone de distribution et est considérée comme étant en “préoccupation mineure” selon la liste rouge de l’organisme Tendances et animaux. Sa durée de vie moyenne est estimée à 6 ans.