Parmi toutes les bergernettes, celle qui nous est la plus familière est sans doute la bergeronnette grise. Très peu farouche, elle se plaît à arpenter les espaces urbains, comme les jardins en ville, où elle s’approche facilement des habitations pour chercher de la nourriture. Son repère pour l’identification ? Sa tête contrastée noire et blanche ainsi que sa queue longue qu’elle secoue régulièrement en permanence.
Découverte de la bergeronnette grise
Ce petit oiseau, connu aussi sous le nom de lavandière, bergère ou hochequeue — ce dernier étant un surnom dû à sa longue queue constamment balancée — appartient à l’ordre des passériformes et à la famille des motacillidés. Ces passereaux de taille moyenne à petite, mesurant généralement entre 11 et 24 centimètres, se distinguent par leur longue queue, leurs longues pattes munies d’ongles, et leur plumage plutôt discret, mêlant nuances de brun, noir, blanc et gris. La variété de sous-espèces diffère principalement par leur distribution géographique et la répartition des motifs de leur plumage.
Une silhouette noire et blanche caractéristique
Le principal trait distinctif de cette espèce réside dans sa queue longue avec deux rectrices centrales noires, finement bordées de blanc. Les mâles, plus sombre que les femelles, arborent une bavette noire allant de la gorge jusqu’à la poitrine, qui s’éclaircit en hiver pour adopter une forme de croissant noir sur fond blanc. Leur silhouette affiche un dos gris cendré, un ventre blanc, et une zone sous-caudale également claire. En période nuptiale, les couleurs du mâle et de la femelle ont tendance à s’atténuer. La longueur varie de 16,5 à 18 cm, avec une envergure d’environ 25 cm, et un poids oscillant entre 17,5 et 24,5 grammes, selon le sexe.
Un oiseau aux habitudes proches de l’eau
La bergeronnette grise, répandue dans une large zone géographique allant de l’Europe à l’Asie, du Moyen-Orient jusqu’au Nord de l’Afrique, préfère évoluer dans des environnements humides. Elle aime fréquenter les rives de rivières, marais ou lacs. Elle s’adapte également aux milieux ouverts comme les régions cultivées, les clairières ou les carrières, où le sol léger facilite sa recherche de nourriture. Elle se trouve dans des zones aussi bien rurales qu’urbaines, notamment dans les jardins et à proximité des bâtiments humains.
Une présence constante en France
Selon sa zone géographique, la bergeronnette grise peut rester toute l’année ou migrer. En France, elle est généralement sédentaire dans les régions à hiver doux, tandis que dans d’autres secteurs, elle migre vers le pourtour méditerranéen à la fin de l’été. La migration vers le sud s’étale de fin août à octobre, avec un retour au printemps, en mars. Les populations du nord-ouest de l’Europe passent souvent l’hiver dans l’Hexagone, profitant ainsi du climat tempéré.
Une alimentation principalement à base d’insectes
En tant qu’insectivore, cette petite passereau se nourrit essentiellement d’une large gamme d’invertébrés, que ce soient ceux trouvés dans l’eau ou sur terre. Son régime comprend des vers, des fourmis, des mouches, des pucerons, des moustiques, des araignées, des escargots et même certains crustacés ou petits poissons. Pour chasser, elle fouille le sol, vole pour attraper ses proies ou saute en l’air pour en saisir. Occasionnellement, elle peut aussi consommer des graines.
Un chant perçant et un vol aux mouvements gracieux
En vol, la bergeronnette grise émet des cris secs, souvent répétés, avec des tonalités plus feutrées lorsqu’elle est perchée. Son chant est composé de gazouillis entrecoupés de petits cris faibles. Lorsqu’elle vole ou qu’elle est en groupe, ses vocalisations sont plus répandues. Son vol, ondulant et rythmé par des battements rapides de ses ailes courtes, ne lui permet pas de parcourir de longues distances lors de migrations.
Une défense active de son territoire
En dehors de la saison de reproduction, cet oiseau très sociable forme souvent des groupes pour passer la nuit dans des dortoirs communs installés dans des arbres, des buissons ou même sur les toits. Lorsqu’il fait froid, ils se rassemblent pour partager la chaleur. À l’approche du printemps, ils deviennent plus territoriaux, défendant leurs sites de nidification avec vigueur, n’hésitant pas à adopter un comportement agressif envers leurs congénères ou d’autres oiseaux plus grands pour protéger leur espace et leur reproduction.
Les parades nuptiales en vol
Au moment de la reproduction, le mâle séduit la femelle par des chants et des courtes parades aériennes, choisissant un perchoir bien en vue. Pendant ces manœuvres, il vole en élévation puis redescend avec grâce, tête et queue relevées, poitrine gonflée. La femelle, quant à elle, choisit souvent sa partenaire à l’issue de ces démonstrations. Elle peut également adopter une posture de soumission, les ailes légèrement tremblantes, pour montrer son accord.
Son nid discret, tapi dans les cachettes
La bergonnette grise déploie ses talents pour construire des nids dans des endroits protégés et difficiles d’accès, comme les interstices de murs, sous un pont, dans une cavité rocheuse ou dans un trou d’arbre. Si deux adultes collaborent, c’est souvent la femelle qui tresse la majorité des matériaux végétaux tels que brindilles, tiges, feuilles ou mousse. Elle tapisse ensuite le fond du nid de poils, de laine ou de plumes, pour créer un cocon douillet pour ses œufs.
Une croissance rapide des jeunes
La période de reproduction va d’avril à août, avec la ponte généralement de trois à huit œufs grisâtres tachetés de brun. L’incubation, assurée principalement par la femelle, dure environ deux semaines, donnant naissance à des petits aveugles et plumeux, déjà couverts d’un duvet gris. Les deux parents nourrissent ces petits jusqu’à leur émancipation, généralement deux semaines après leur sortie du nid. La femelle peut produire jusqu’à trois couvées par année, sauter rapidement d’une période à l’autre pour assurer la survie de sa progéniture.
Une espèce sous protection
Malgré sa grande adaptation à l’environnement humain, la bergeronnette grise demeure vulnérable face à certains prédateurs comme les grands oiseaux de rapine ou les corvidés. En France, cette espèce est protégée depuis 1981, ce qui interdit toute chasse, capture ou destruction de ses nids et œufs. Sa présence dans les jardins, où elle se nourrit surtout d’insectes ravageurs comme les moucherons ou les fourmis, est appréciée pour ses qualités écologiques. La population, globalement abondante et stable, n’est pas actuellement menacée.