Les cervidés, tels que le cerf et la biche, représentent une partie importante de la faune sauvage que l’on retrouve principalement dans les forêts feuillues et les prairies. Observer ces animaux lors de la période de rut requiert à la fois discrétion et prudence, car leur comportement peut devenir agressif, surtout si l’on s’approche trop près. Selon les saisons, ces cervidés peuvent adopter une attitude défensive, voire charger si l’on semble représenter une menace. Faisons le point sur les différentes variétés de cervidés, le mode de vie du cerf européen, ainsi que les lieux privilégiés pour les observer en France.
Le cerf, un ruminant de grande envergure
Appartenant à la famille des Cervidés, le cerf, ou Cervus, est un mammifère herbivore que l’on peut reconnaître à ses grands bois. La femelle est désignée sous le nom de biche, tandis que ses progénitures portent des désignations spécifiques selon leur âge : un faon pendant ses six premiers mois, un héron jusqu’à un an, et un daguet lorsque ses premiers bois apparaissent. Ces grandes bêtes mâles arborent des têtes ornées de bois, que l’on qualifie souvent de trophées. Chaque année, après la saison de reproduction, les bois tombent lors de la mue, une période pendant laquelle les organes se renouvellent. Contrairement aux cornes, ces structures osseuses sont innervées et alimentées par un tissu appelé le velours, qui leur fournit la nutrition nécessaire lors de leur croissance. Une fois leur taille définitive atteinte, le velours s’assèche et se détache, laissant apparaître le bois dur.
Les cerfs sont sensibles à leur environnement forestier, préférant des zones couvrant au moins 2 000 à 3 000 hectares. Leur alimentation est majoritairement composée d’herbes (environ 80%), que l’on trouve dans les prairies. Selon la saison et la région, ils complètent leur régime alimentaire avec des feuilles, des fleurs, des glands, des fruits ou encore de la bruyère. En hiver, leurs besoins nutritifs diminuent de moitié par rapport aux autres périodes, car la disponibilité de leur nourriture se fait plus rare.
Le brame, une période intense pour le cerf
De la mi-septembre à la mi-octobre, le chant du brame résonne dans les forêts françaises. Ce cri puissant marque la saison de l’amour et sert à attirer les femelles, tout en facilitant la sélection des mâles dominants. Certains chercheurs en Angleterre suggèrent également que ce signal sonore pourrait jouer un rôle dans la régulation de l’ovulation chez les biches.
Durant cette période, il est fréquent d’apercevoir en France de vastes rassemblements de cervidés : des groupes comprenant une trentaine de cerfs et biches, voire des centaines de femelles autour de quelques mâles. En Écosse, ces rassemblements — appelés hardes — peuvent atteindre plusieurs centaines d’individus. Les mâles dominants contrôlent les groupes, empêchant notamment d’autres cerfs de s’y joindre. Ils consacrent une grande partie de leur énergie à lutter avec leurs pairs et à séduire les femelles prêtes à être fécondées. Leur comportement alimentaire devient moins important, car ils se concentrent sur la confrontation et l’accouplement, ce qui peut entraîner fatigue et amaigrissement. Après cette période, les cerfs épuisés se retirent pour se restaurer et se remettre en forme en vue de l’hiver.
Chez la femelle, la gestation s’étale sur une période d’environ huit mois. Au printemps, elle quitte temporairement la harde pour se réfugier dans des zones plus protégées où elle donne naissance à généralement un seul faon. La naissance de jumeaux est peu courante. Après quelques semaines, mère et petit rejoignent la harde, où les faons jouent souvent entre eux. La mère continue de nourrir son jeune pendant plusieurs mois, jusqu’à cinq mois, voire plus longtemps en hiver. Elle fait preuve d’une grande vigilance pour protéger ses petits, pouvant charger tout intrus ou les éloigner pour assurer leur sécurité.
Les meilleurs endroits pour observer cerfs et biches
En Europe continentale — hors Scandinavie —, le cerf Elaphe (Cervus elaphus) est la variété la plus rencontrée. L’apparition du cerf Sika (Cervus nippon), originaire d’Asie, reste plus occasionnelle. Ces dernières années, en France, la population de cerfs Elaphe a connu une croissance remarquable, passant de 10 000 à 60 000 individus au cours des quarante dernières années. La zone de leur habitat s’est considérablement étendue, notamment dans les régions montagneuses où ils sont désormais présents huit fois plus qu’en 1990. Aujourd’hui, ces cervidés sont visibles dans plusieurs régions françaises, notamment en Bourgogne, en Alsace, dans les Pays de la Loire, en Centre-Val de Loire, en Nouvelle-Aquitaine, en Occitanie et dans la région Sud. Pour pouvoir les observer dans leur milieu naturel, il est essentiel de repérer leurs traces, telles que empreintes, crottes, bois morts ou fragments d’écorce. Les cerfs marquent également leur territoire en frottant leur front contre les arbres, activité appuyée par une glande odoriférante située près de l’œil, dégageant une odeur musquée forte. Pour observer ces animaux en toute sécurité, il est conseillé de faire appel à un guide spécialisé. Cela permet non seulement d’éviter de les déranger, mais aussi d’en apprendre davantage grâce à leurs explications et anecdotes. Par exemple, dans des réserves comme la Sologne ou près du Château de Chambord, il est possible d’observer des cerfs depuis des miradors. Il est primordial de respecter leur habitat : porter des vêtements sombres, se positionner en tenant compte du vent pour ne pas trahir sa présence, rester silencieux, et éviter tout comportement perturbateur.