Au fil du XXe siècle, une grande partie des sous-espèces de tigres ont disparu, avec trois d’entre elles complètement éteintes. Sans initiatives de sauvegarde, le tigre du Bengale, symbole de puissance et de majesté, pourrait également vingt-et-un se joindre à cette liste tragique. Son nombre a été réduit de façon spectaculaire, passant d’une centaine de milliers d’individus à seulement quelques milliers actuellement. La pression exercée par les braconniers continue de mettre en péril cette sous-espèce, qui représente désormais la plus menacée parmi tous les tigres sauvages. Ce grand félin, dont l’habitat est niché dans les forêts indiennes et bangladaises, demeure une créature rare et mystérieuse à préserver.
Qui est le tigre du Bengale ?
Le tigre du Bengale, connu scientifiquement sous le nom de Panthera tigris tigris, est un mammifère carnivore qui constitue l’un des membres les plus impressionnants de la famille des félidés. La majorité de son habitat, principalement situé entre l’Inde et le Bangladesh, s’étend également à quelques régions du Népal, du Bhoutan et de la Birmanie. La végétation dense et luxuriante de ses zones de vie lui sert de refuge pour chasser efficacement. Les forêts marécageuses, les jungles épaisses et surtout, les mangroves irriguées par de larges fleuves, constituent ses terrains de prédilection. Pour le tigre, ces lieux offrent non seulement des ressources en eau mais aussi une couverture essentielle pour traquer ses proies, composant ainsi un équilibre fragile entre sa survie et la destruction de ses habitats.
Quelles caractéristiques définissent le tigre du Bengale ?
Ce fameux félin possède une robe typique, avec un fond orangé orné de rayures verticales noires ou brunes qui s’étendent parfois en cercles autour de la queue. La face ventrale et l’intérieur des pattes présentent une teinte blanche ou crème, souvent striée de noir. Grâce à cet échafaudage de nuances, il se fond dans la végétation touffue de la jungle, lui permettant de surprendre ses proies. De constitution élancée mais musclée, un mâle peut atteindre 3 mètres de longueur, queue incluse, avec une hauteur au garrot d’environ 1 mètre, pour un poids oscillant autour de 225 kilos. Les femelles, généralement plus petites, mesurent environ 2,5 mètres et pèsent environ 135 kilos. Leur vie solitaire est marquée par un territoire qu’elles signent à l’aide d’urine, d’excréments, et en marquant l’écorce des arbres.
Que chasse le tigre du Bengale ?
En tant que prédateur principalement nocturne et solitaire, le tigre du Bengale se nourrit d’une variété d’animaux : cerfs, singes, sangliers, buffles, et notamment les gaurs, grands bovidés pouvant atteindre une tonne. Ce poids imposant compense la difficulté de le transporter lors de la mise à mort. La plupart du temps, il privilégie des proies plus vulnérables, comme les individus âgés, blessés ou malades, ou encore les femelles en gestation ou les jeunes. Bien qu’il soit fort et rapide à courte distance, il n’est pas capable de poursuivre les animaux rapides comme le cerf, qui peut courir jusqu’à 75 km/h, sur une distance prolongée. La stratégie du félin repose donc sur le camouflage et la surprise, s’approchant silencieusement de sa cible en rampant avant de bondir. L’attaque est généralement ciblée sur le cou ou la nuque, utilisant ses griffes et ses violentes mâchoires pour immobiliser la proie, qu’elle soit de taille moyenne ou énorme. Après la chasse, il se retire pour se reposer, reprenant ses activités dès le crépuscule.
Comment se reproduit le tigre du Bengale ?
La reproduction de cette espèce peut se produire tout au long de l’année, avec une période de pic de novembre à avril. Les femelles connaissent des cycles de chaleurs toutes les 3 à 9 semaines, mais la fécondation ne peut se produire que durant une courte fenêtre de 3 à 6 jours. Après l’accouplement, seul le mâle quitte la femelle, qui doit assurer seule l’éducation de leur progéniture. La gestation dure environ 3 mois et demi, donnant naissance à 2 à 4 petits, encore sourds et aveugles, qui restent vulnérables pendant leurs premiers jours. La mère leur fournit de la nourriture solide à partir de deux mois, tout en continuant de les allaiter pour environ 6 mois. Peu à peu, les jeunes apprennent les techniques de chasse en suivant leur mère, devenant capables d’attaquer des proies plus grosses vers 16 mois. La famille reste réunie durant deux à trois ans, après quoi ils se dispersent lorsque la mère se prépare à se reproduire de nouveau. La maturité sexuelle est atteinte vers 3 à 4 ans chez les femelles, et entre 4 et 5 ans chez les mâles.
Quelles sont les causes de la disparition du tigre du Bengale ?
Au sommet de la chaîne alimentaire, le tigre du Bengale n’a pas de prédateurs naturels. Cependant, l’homme représente la menace la plus grave pour cette espèce. Parmi les dangers qui pèsent sur lui, on retrouve le braconnage, pratiqué pour répondre à une forte demande pour ses produits dérivés dans plusieurs pays asiatiques. La peau précieuse et ses organes sont très recherchés dans la médecine traditionnelle, ce qui alimente un trafic clandestin qui mène à la disparition de plusieurs populations dans des réserves protégées, comme la réserve de Sariska ou le parc national de Panna, où la réintroduction a été nécessaire. La chasse illégale, bien qu’interdite, perdure sous le manteau, poursuivant la réduction des effectifs du félin, souvent tigré en tant que trophée ou comme animal de compagnie. De plus, la destruction de son habitat naturel, remplacé par des terres agricoles intensives, entraîne la disparition de ses proies et altère durablement son environnement vital.
Quelles mesures de protection pour le tigre du Bengale ?
Considérée comme une espèce « en danger » selon la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), la population de tigres du Bengale a connu une chute dramatique au cours du XXe siècle, diminuant d’une centaine de milliers à moins de 4 000 individus. La réglementation internationale, notamment via la Convention sur le commerce international des espèces de faune et flore sauvages menacées d’extinction (CITES), interdit strictement tout commerce de produits dérivés. La chasse de ces félins est désormais interdite, mais ils restent vulnérables. Divers programmes ont été mis en place pour leur sauvegarde, la création d’une quarantaine de réserves étant l’une des stratégies principales. Grâce aux efforts concertés de pays comme l’Inde, le Népal, le Bhoutan, le Bangladesh et la Birmanie, la population de tigres a commencé à montrer une première hausse depuis plus de cent ans, en 2016. Il s’agit d’un recul encourageant après la disparition de trois sous-espèces : celles de Java, Bali et de la Caspienne. L’Inde s’est fixé pour objectif de tripler le nombre de ces grands félins d’ici 2030.