Par le passé, plusieurs populations de cétacés ont été profondément affectées par une chasse systématique qui a atteint son apogée au XIXe siècle. Aujourd’hui, certaines espèces sont gravement menacées de disparition. Même si la capture commerciale de ces grands mammifères est officiellement bannie depuis 1986, plusieurs pays continuent de pratiquer cette activité, principalement pour répondre à des demandes culinaires ou pharamaceutiques. Ces dérogations, qui contournent la réglementation internationale, suscitent une forte opposition dans l’opinion publique.
La chasse à la baleine est-elle proscrite légalement ?
En principe, la chasse aux baleines est interdite, mais la souveraineté nationale des États prime généralement sur les accords internationaux. En réaction à la menace qui pèse sur certaines populations, une organisation mondiale dédiée a été créée en 1948, dans le but d’encadrer la pêche et de gérer les stocks via l’attribution de quotas. En 1986, un moratoire global a été adopté pour suspendre la chasse commerciale, mais chaque pays peut faire opposition à cette décision dans un délai de 90 jours. Cela explique que la Norvège, l’Islande et le Japon aujourd’hui, ne soient pas soumis à ces restrictions et poursuivent la chasse à des fins commerciales.
Quels sont les trois États qui persistent dans la chasse à la baleine ?
Malgré l’interdiction mondiale, trois nations continuent de poursuivre cette activité. Voici un aperçu de leur situation :
L’Islande
Depuis le XIIe siècle, la pêche à la baleine est une tradition en Islande. Son industrialisation s’est accélérée au XIXe siècle, grâce à l’introduction de techniques de chasse modernes par des sociétés étrangères, provoquant une surutilisation des stocks et une chute des populations de cétacés. Le pays a maintenu ses activités jusqu’en 1986, date à laquelle un moratoire a été adopté, lequel a été brièvement ignoré, provoquant le retrait de l’Islande de la commission en 1992. Celle-ci a cependant réintégré la CBI, bénéficiant d’un accord lui permettant de poursuivre la chasse légalement. Fin 2022, suite à plusieurs révélations sur la brutalité des méthodes, le gouvernement a suspendu temporairement cette pratique, pour mieux la renforcer par une surveillance accrue : films de traque obligatoires et présence de vétérinaires lors des campagnes. La dernière société active, Hvalur, a annoncé qu’elle ne renouvelerait pas sa licence en 2024, la rentabilité étant en déclin. Aujourd’hui, la majorité des Islandais (51 %) oppose leur pays à cette pratique, contre 42 % il y a quatre ans.
Le Japon
Au Japon, la consommation de viande de baleine remonte à la période pré-moderne, étant un aliment de base. La tradition de la pêche n’a pas disparu, malgré l’engagement signé en 1986 pour suspendre la chasse commerciale. Le pays a alors lancé une opération de recherche scientifique, percevant le droit de tuer jusqu’à 300 Rorquals de Minke chaque année en Antarctique, sous couvert d’études. Cependant, ces activités, qui ont souvent permis de commercialiser la viande sur le marché, ont été fortement critiquées. En 2014, la Cour internationale de justice a condamné le Japon pour cette exploitation. Après avoir quitté la CBI en 2019, le pays a repris la chasse commerciale, arguant que cette pratique faisait partie de son héritage culturel et qu’elle était essentielle à son identité nationale.
La Norvège
Les Norvégiens ont pêché des baleines dans leurs eaux depuis le IXe siècle. La naissance de cette activité s’est accélérée au XIXe siècle, avec le développement de techniques modernes telles que le canon à harpon explosif et l’utilisation de navires-usines pour le traitement en mer. Ces innovations ont décimé les populations de baleines locales, notamment les rorquals et les baleines bleues, conduisant à une expansion en dehors de leurs eaux pour poursuivre la chasse, que ce soit en Islande, aux îles Féroé, en Écosse, ou même jusqu’à Terre-Neuve, en Afrique australe ou en Antarctique. Au début du XXe siècle, la Norvège s’imposait comme le principal acteur mondial dans cette industrie, notamment grâce à la production d’huile de baleine. Après une suspension lors du moratoire de 1986, la Norvège a repris dans les années 90, avec un quota fixé à près de 1000 animaux, pour la consommation locale.
Dans quels buts la chasse à la baleine continue-t-elle ?
Depuis plusieurs siècles, la chasse à la baleine a été principalement une activité commerciale, fournissant divers produits utiles à la société :
- Autrefois, la chasse ciblait surtout la graisse de baleine, transformée en huile pour l’éclairage, la fabrication de vernis, la peinture ou encore dans des produits comme le savon ou la margarine. La chair servait aussi comme aliment, ses os étaient intégrés dans l’ameublement ou la construction, et ses intestins étaient transformés en cordages ou autres usages. La chasse ciblait aussi d’autres parties du corps, selon les besoins d’époque.
- Aujourd’hui, la viande de baleine reste consommée dans certains pays, notamment au Japon, où elle est considérée comme un mets de prestige, riche en protéines. Elle figure encore dans des menus traditionnels et est parfois destinée à l’alimentation des animaux domestiques. Par ailleurs, les programmes de recherche autorisent l’abattage d’un certain nombre d’individus pour étudier la biologie ou l’état des populations, sous contrôle de la CBI.
La chasse à la baleine est-elle rentable ?
Ces dernières années, l’intérêt économique pour la chasse à la baleine a diminué, en partie à cause de l’opinion publique et de la sensibilisation aux enjeux environnementaux. Des rapports, notamment en 2018, ont révélé des pratiques cruelles, comme l’agonie prolongée des animaux, pouvant durer jusqu’à 25 minutes. Il est également préoccupant de constater que près de 70 % des baleines abattues sont des femelles, souvent enceintes, ce qui pose des questions éthiques. La chasse étant concentrée sur des cibles faciles, comme les animaux proches des côtes, les pêcheurs ne prélèvent qu’une partie des morceaux, rejetant souvent le reste à la mer. Par conséquent, de nombreux acteurs jugent que cette activité devient moins profitable : les stocks insuffisants, la baisse de la demande et les stocks invendus contribuent à la fermeture ou à la faillite des entreprises dépendantes de cette filière.