Observation de l’isard dans les Pyrénées : un incontournable

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Moins connu que ses proches apparentés comme le chamois, l’isard est une créature farouche que l’on repère plus facilement durant la saison automnale, à l’époque du rut. Pour l’observer dans son habitat naturel, direction le massif des Pyrénées, unique territoire de ce mammifère herbivore.

L’isard, un membre du même groupe que le chamois

Appelé également izard (rupicapra pyrenaica), cet animal appartient à l’ordre des ruminants artiodactyles, intégré à la famille des bovidés et à la sous-famille des caprinés. Répondant au même genre (rupicapra, ou chèvre des montagnes) que le chamois des Alpes (rupicapra rupicapra), l’isard se distingue par sa corpulence plus compacte, mesurant environ 70 à 75 cm au garrot et 100 à 110 cm de long. La taille de ses mâles oscille entre 25 et 40 kg, tandis que les femelles pèsent généralement de 20 à 32 kg.

Ce qui différencie l’isard : une « étoffe » noire

De loin, la silhouette de l’isard peut prêter à confusion avec celle du chamois, mais il possède des traits distinctifs : un profil plus mince, un pelage globalement plus clair, et une écharpe noire qui démarre à la base des oreilles pour finir sur ses pattes. En complément, ses joues présentent des bandes brunâtres, tandis que sa tête affiche une coloration crème ou blanchâtre. La zone de sa gorge est marquée par une teinte claire qui se termine en pointe au niveau du cou. Ses membres, ses flancs et le dessous de ses cuisses arborent une teinte brun foncé, contrastant avec une région postérieure beige ou grisâtre, couvrant la croupe, le haut des cuisses et les épaules. La couleur de son ventre est blanche, contrastant avec la queue et la raie dorsale noire. Lors de la mue printanière, son pelage devient un rouge vif, lui donnant un aspect beaucoup plus chaud.

Comment lire l’âge de l’isard à ses cornes

Chez cet animal, les cornes sont constituées d’un pivot en os, supportant un étui visible en kératine, la même matière que nos ongles. Les cornes du mâle, plus épaisses et plus distantes, montrent un crochet marqué et une courbure prononcée. Bien qu’elles commencent à se former dès la naissance, elles ne deviennent véritablement visibles qu’à 3 ou 4 mois, sous forme d’un petit cornet en kératine. Entre 6 et 7 mois, ces cornes atteignent 3 à 5 cm et prennent une légère inclinaison vers l’arrière. Leur croissance s’arrête généralement en hiver pour redémarrer à la saison suivante. Grâce à l’observation de leurs segments de croissance, il est possible d’estimer l’âge approximatif de l’isard :

  • Des cornes petites et droites indiquent une jeunesse d’un peu plus d’un an, correspondant à un chevreau ;
  • Des cornes avec un léger crochet, ne dépassant pas la tête, suggèrent une maturité entre 1,5 et 3 ans, marquant la période où le mâle devient éterlou et la femelle étrele ;
  • Des cornes bien courbées, dépassant l’arête du crâne, concernent des individus de plus de 3 ans, en âge adulte ;
  • Au-delà de 3 ans, la croissance des cornes cesse, mais leur comptage peut fournir des indications supplémentaires sur l’âge précis, en analysant notamment les segments de croissance.

Une pincée de sel pour l’isard

Il s’agit d’un herbivore dont l’alimentation varie selon la saison. Il privilégie les plantes herbacées, les jeunes pousses, et consomme également des baies ou des fruits comme la myrtille, l’airelle, ou le genévrier. En hiver, il se nourrit de rameaux, d’écorces, de feuilles sèches, ainsi que de mousses et lichens. Active principalement pendant la journée ou à la tombée du jour, cette espèce passe une grande partie de son temps à brouter et à ruminer. Comme tous les ruminants, il aime le sel, qu’il cherche sur certaines roches exposées. Son apport en eau est surtout assuré par la consommation de végétaux et la rosée matinale, car il n’a pas besoin de boire beaucoup.

L’isard, le symbole des pyrénées

Ce mammifère vit exclusivement dans les Pyrénées, le long de la frontière franco-espagnole. Bien qu’il puisse descendre en forêt dense en hiver, ses zones préférées se situent au-dessus de la limite des arbres, parmi les éboulis et les prairies alpines, à des altitudes variant de 800 à 3 000 mètres. La longueur de ses longues pattes facilite ses déplacements dans ces terrains accidentés, avec des sabots tranchants offrant une excellente adhérence sur rochers ou neige dure. Sa peau interdigitale lui donne aussi une meilleure prise sur la neige fraîche.

Observation précoce de l’isard

Doté de poumons très développés et d’un cœur puissant, l’isard possède une grande endurance, lui permettant d’effectuer des efforts soutenus. Sa nature farouche et méfiante le pousse à fuir le moindre bruit ou mouvement suspect. Dès que des randonneurs s’approchent, il se réfugie généralement en altitude pour préserver sa tranquillité. Lors des journées chaudes, il privilégie l’ombre en se refugiant en hauteur. Pour l’observer dans son habitat, il faut donc se lever tôt et faire preuve de discrétion. La meilleure période pour l’approcher est l’automne, lors du rut, lorsque l’animal est plus laxiste et concentré sur sa hiérarchie reproductive.

Compagnie en harde pour l’isard

Très social et grégaire, l’isard évolue majoritairement en groupes stables composés de femelles, de leurs jeunes, ainsi que de mâles et femelles adultes. En dehors de la saison de reproduction, ces derniers sont souvent solitaires et mobiles. Lors du rut, ils rejoignent les hardes, puis retournent à leur vie solitaire après l’accouplement. La femelle donne naissance à un seul chevreau après environ 23 semaines de gestation, qu’elle allaite pendant deux mois. Après sevrage, le jeune alterne tétée et alimentation solide jusqu’à environ 6 mois. De plus, si les deux sexes atteignent la maturité sexuelle vers 18 mois, les mâles ne peuvent se reproduire qu’à partir de 3 ou 4 ans.

Protection de l’isard : un sanctuaire naturel

Malgré la menace des prédateurs comme l’aigle royal, l’isard adulte est généralement peu vulnérable en raison de son habitat protégé. La chasse intensive jusqu’au milieu du XXe siècle a gravement menacé sa survie, mais sa population a été sauvée grâce à la création en 1967 du parc national des Pyrénées. Aujourd’hui, cette espèce n’est plus considérée comme en danger critique par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), bénéficiant d’un état de conservation satisfaisant.

Prélèvement de l’isard : une régulation maîtrisée

Bien que l’isard soit chassable dans le cadre d’un plan de gestion, des contrôles réguliers, tels que le comptage annuel effectué par le parc, permettent de fixer un quota d’abattages sans mettre en péril la population. Outre cette action humaine, son déclin peut également résulter de catastrophes naturelles comme les avalanches, de froids extrêmes ou encore de la pénurie alimentaire hivernale. Par ailleurs, les maladies, notamment les épidémies de kératoconjonctivite (2009) et pestivirose (2013), ont causé une importante mortalité, détruisant jusqu’à un tiers de certains groupes. La durée de vie de l’isard varie entre 12 et 15 ans à l’état sauvage, pouvant atteindre 22 ans en captivité.

Crédit photo : Etrusko25