Mammifères migrateurs : identification, routes et causes

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Le déplacement annuel des oiseaux migrateurs est une réalité bien connue, notamment parce qu’ils se manifestent dans le ciel, facilitant leur observation par les observateurs et les chasseurs, qui peuvent alors en tirer profit en tuant certaines espèces. Toutefois, peu de personnes savent que certains mammifères adoptent aussi des comportements migratoires. Qui sont ces animaux et quels sont leurs itinéraires ? Quelles en sont les raisons et les destinations ?

La migration chez certaines baleines

On oublie parfois que la baleine appartient au groupe des mammifères et qu’elle effectue également des migrations, parcourant parfois des distances colossales pouvant atteindre 10 000 kilomètres. La nature précise de ces parcours reste encore mystérieuse. Les chercheurs mobilisent des technologies avancées telles que le suivi par drone ou satellite pour mieux comprendre ces déplacements. Pour l’heure, les hypothèses ne sont pas conclusives et il est probable que plusieurs facteurs, parfois combinés, expliquent ce phénomène.

Ces migrations sont identifiées dans les deux hémisphères et varient selon les espèces. Les baleines à fanons sont principalement concernées par ces déplacements, tandis que celles à dents ont des modes de vie plus nomades ou plus sédentaires. Qu’elles voyagent seules ou en groupe, ces mammifères migrent d’une zone à une autre pour satisfaire des besoins vitaux. La plupart des études convergent pour dire que ces animaux migrent entre eaux froides, qui leur apportent la nourriture nécessaire, et eaux plus chaudes où elles donnent naissance à leurs petits. Cependant, la théorie selon laquelle ces déplacements favorisent la protection des jeunes contre les prédateurs, plutôt que la recherche d’un environnement optimal pour la gestation, est également envisagée.

La migration chez certaines chauves-souris

Alors que certaines chauves-souris préfèrent hiberner lors des mois froids, d’autres choisissent de migrer pour éviter l’hiver. La Noctule commune, la Sérotine bicolore, la Pipistrelle de Nathusius ou la Noctule de Leisler suivent en général un axe de migration allant du Nord-Est vers le Sud-Ouest en Europe. Leur déplacement est étudié principalement grâce à la balise posée sur certains individus. Par exemple, une étude menée en septembre 2016 a permis de suivre le parcours d’une Pipistrelle, allant de l’Allemagne jusqu’en Franche-Comté, parcourant ainsi environ 662 kilomètres.

D’autres mammifères qui migrent

Chez d’autres espèces, les migrations sont souvent dictées par la nécessité de trouver de la nourriture. Lorsque les ressources se font rares dans une région, les groupes d’animaux migrent pour échapper à la sécheresse ou pour continuer à se nourrir.

Les bisons d’Amérique en sont un exemple : ils formaient autrefois d’immenses troupeaux, comptant entre 50 et 70 millions d’individus, qui parcouraient les vastes plaines d’Amérique du Nord, allant du Mexique au Canada. Leur mode de vie nécessitait de migrer régulièrement pour bénéficier d’un approvisionnement en herbe à croissance rapide. Aujourd’hui, la plupart de ces bovidés vivent en captivité ou dans des parcs, leur migration ayant disparu suite aux actions humaines.

Chez le renne, animal emblématique des régions froides en Europe, en Asie, et en Amérique, plus d’une étape de leur cycle de vie comprend des déplacements. Le caribou, par exemple, évolue dans la forêt boréale, entre l’Alaska et Terre-Neuve, se déplaçant jusqu’à 2 000 kilomètres pour se nourrir d’herbes, de lichens ou d’écorces. Même s’il peut se nourrir sous la neige, il se déplace vers des zones plus riches pour ses besoins alimentaires.

En climat chaud, certains herbivores africains adoptent aussi la migration pour survivre. Le gnou, qui vit en troupeaux en savane, n’a pas un mode de vie entièrement nomade, mais il migre ponctuellement lorsque la nourriture devient insuffisante. D’autres espèces, comme l’oryx ou l’addax, se déplacent également selon le rythme des saisons. Les antilopes telles que le Springbok, ou encore le zèbre, peuvent rejoindre ces grands déplacements.

Le lemming des toundras est célèbre pour ses migrations massives, qui se déroulent de manière désordonnée avec de grands groupes errant dans différentes directions. Malheureusement, ce comportement peut entraîner de lourdes pertes, notamment par noyade lors de traversées de cours d’eau, que ces petits rongeurs ont du mal à évaluer correctement.

Migration et nomadisme chez l’humain à l’époque préhistorique

Il ne faut pas oublier que l’être humain est également un mammifère, dont le mode de vie a longtemps été marqué par la mobilité. La distinction entre nomadisme et migration est importante : le nomadisme désigne un mode de vie centré sur la chasse, la pêche, la cueillette, et la recherche constante de nouveaux pâturages pour les troupeaux. Durant la Préhistoire, l’homme a été nomade durant une grande partie du Paléolithique et du Mésolithique, consacrant ses journées à la recherche de nourriture. Avec l’émergence de l’agriculture au Néolithique, une nouvelle étape s’ensuit : la sédentarisation, qui contraint à rester à un seul endroit sur plusieurs mois.

Quant aux mouvements de populations à la préhistoire, ils s’étalent sur plusieurs générations, impliquant la relocalisation progressive de groupes humains le long des territoires, souvent en bordure de zones occupées auparavant, témoignant d’un processus migratoire étalé dans le temps.