Loutre d’Europe : habitat, comportement et informations clés

Accueil » Les animaux sauvages » Mammifères » Loutre d’Europe : habitat, comportement et informations clés
Crédit photo : Alexander Leisser

Longtemps perçue comme une espèce indésirable, la loutre bénéficie aujourd’hui d’une protection renforcée. Après avoir connu une forte réduction de ses populations au XX^e siècle, cet animal a réussi à recoloniser d’anciennes zones de son habitat naturel. Il est désormais courant d’observer cet intriguing mammifère dans plusieurs régions de France. Sa manière de nager, discrète comme celle d’un crocodile, contribue à son allure mystérieuse.

La loutre d’Europe : qui est-elle ?

La loutre désigne plusieurs carnivores semi-aquatiques appartenant à la famille des mustélidés, qui inclut aussi les belettes, visons, blaireaux et martres. Parmi ses différentes espèces mondiales, les plus familières sont :

  • La loutre d’Europe, aussi nommée loutre commune, qui se distingue comme la seule à se trouver en Europe, notamment en France. Elle fait partie d’un groupe de 13 espèces sous la sous-famille des lutrinés.
  • La loutre de mer, que l’on trouve en Amérique du Nord, connue pour sa vie en milieu marin.
  • La loutre géante, native d’Amérique du Sud, notamment en Guyane française, caractérisée par sa taille impressionnante.

De quoi ressemble une loutre ?

Ce mammifère ne dépasse pas 30 cm de hauteur au garrot, avec un poids oscillant entre 6 et 15 kilos. Sa silhouette globale s’étend sur environ 120 cm, répartis en 80 cm pour la partie principale et 40 cm pour la queue. Son pelage crémeux d’un brun foncé, plus clair sur la face ventrale, est souvent marqué par des taches blanches sur le menton et autour des lèvres. Les mâles, en général, sont plus grands que les femelles, mais cette différence reste modérée. Adapté à une vie compartimentée entre mer, rivière et terre, cet animal possède des caractéristiques anatomiques spécifiques, telles qu’une fourrure dense composée de nombreux poils fins et ondulés, qui retiennent l’air pour garder la chaleur. Sa peau imperméable et ses pattes palmées lui permettent de nager aisément. La forme allongée et flexible de son corps facilite ses déplacements silencieux dans l’eau, alors que ses yeux, oreilles et narines, placés sur un même plan, lui offrent une vision et une audition adaptées à son environnement aquatique.

Où la loutre évolue-t-elle ?

Cette espèce est présente dans une vaste zone géographique comprenant :

  • Europe. Elle couvre la majorité du continent, sauf quelques îles méditerranéennes ou zones fortement urbanisées et agricoles. Sa distribution s’étend de l’Irlande et du Portugal à l’ouest, jusqu’à la Russie à l’est, et du Nord de la Scandinavie jusqu’à la Grèce et la Turquie au sud.
  • Asie. La loutre se retrouve depuis la Turquie, en Occident, jusqu’au Japon et à l’Indonésie. Son territoire inclut aussi des régions du Moyen-Orient, de l’Inde, de la Chine et du Sud-Est asiatique, avec une fragmentation plus marquée dans certains espaces due à la dégradation des habitats.
  • Afrique du Nord. On la rencontre dans des pays comme le Maroc, l’Algérie ou la Tunisie, principalement le long des côtes ou dans des zones d’eau douce de bonne qualité.

Quel environnement privilégie la loutre ?

Elle peut vivre jusqu’à 2000 m d’altitude dans divers milieux aquatiques : rivières, lacs, marais, canaux, côtes marines ou estuaires. La majorité des loutres d’Europe qui fréquentent les zones littorales s’alimentent en mer, tout en ayant besoin d’eau douce pour boire et entretenir leur pelage. Leur habitat, qu’on appelle une catiche, correspond à une tanière généralement creusée dans une bergère, un arbre creux ou une cavité souterraine. La loutre peut aussi s’installer dans un terrier laissé par une autre espèce.

Où peut-on observer la loutre en France ?

Autrefois répandue sur tout le territoire français, à l’exception de la Corse, cette espèce a connu un déclin marqué au XX^e siècle. Aujourd’hui, elle semble présente de manière irrégulière selon les régions : son habitat est principalement concentré sur la façade atlantique et dans le Massif Central. Depuis les années 1990, sa zone de présence s’est élargie vers les Pyrénées, le Poitou-Charentes, la Bretagne et la région Pays de la Loire. Elle a aussi recolonisé certaines anciennes zones, telles que la Normandie, la vallée du Rhône, le Centre, le Languedoc-Roussillon, la Bourgogne et la Provence-Alpes-Côte d’Azur. Cependant, elle reste absente du nord et de l’est du pays.

Que mange la loutre ?

Ce carnivore privilégie principalement les poissons de petite à moyenne taille, ce qui en fait un véritable piscivore. Son acuité visuelle, auditive et tactile lui permet de traquer ses proies dans l’eau ou à proximité. Bien qu’il puisse chasser sur terre, la majorité de sa nourriture est aquatique. Parmi ses préférences, on retrouve la truite, l’épinoche, l’anguille, mais aussi le brochet et la carpe. La saison, la disponibilité des ressources et la région influencent fortement ses choix alimentaires. Lorsqu’il manque de poissons, la loutre peut se montrer opportuniste, en se tournant vers des crustacés, mollusques, insectes, petits rongeurs, oiseaux ou leurs œufs, ainsi que des fruits comme les baies ou les myrtilles.

Comment mène-t-elle sa vie ?

La loutre peut parcourir plusieurs kilomètres chaque nuit, explorant son territoire aquatique pour se nourrir. Elle se déplace principalement le long des berges ou dans l’eau, utilisant peu la terre ferme. Après ses déplacements, elle aime se sécher en roulant dans l’herbe. Son territoire, qu’elle marque par sa urine et ses excréments, peut s’étendre sur une vingtaine de kilomètres. Naturellement solitaire et discrète, cette créature a pour habitudes d’être active principalement durant la journée. Cependant, face au dérangement humain, elle devient souvent nocturne ou crépusculaire, puisqu’elle n’a pas évolué pour vivre à la nuit tombée.

Comment la loutre se reproduit-elle ?

Les mâles et femelles s’accouplent généralement dans une zone d’eau, comme un marais ou une rivière. La reproduction peut avoir lieu toute l’année, avec des pics lors du printemps et de l’été. Après une période de gestation d’environ deux mois, la femelle donne naissance à une petite portée de quelques individus, souvent jusqu’à trois. Elle nouri ses petits dans une tanière discrète située à proximité ou dans un trou creusé dans une berge ou un arbre. Les bébés naissent aveugles et sans poils, mais apprennent rapidement à nager vers l’âge de 3 mois. Leur croissance et leur autonomie prennent plusieurs mois : ils se sevrent vers 4 mois et ne deviennent pleinement capables de chasser comme leurs parents qu’après six ou neuf mois. La maturité sexuelle est atteinte généralement vers 2 ou 3 ans.

Dans la première moitié du XX^e siècle, leur nombre était d’environ 50 000 dans l’Hexagone, mais leur population a diminué drastiquement, ne laissant qu’environ un millier d’individus 40 ans plus tard. Si elles cohabitaient autrefois avec le castor, leur présence a fortement reculé dans certaines zones. La loutre a été considérée comme nuisible dans le passé, notamment à cause de sa consommation massive de poissons, ce qui la mettait en compétition avec la pêche. Elle est aujourd’hui classée comme quasi menacée selon la liste rouge mondiale et européenne de l’UICN. La mortalité de cet animal est aujourd’hui principalement causée par :

  • Les prédateurs naturels tels que le renard, le lynx ou le loup ;
  • La dégradation et la pollution de ses habitats aquatiques, issues du développement industriel ou agricole ;
  • Les collisions avec des véhicules ;
  • Les perturbations causées par le tourisme ou les activités nautiques ;
  • Les accidents liés à la chasse, le braconnage ou des pièges ;
  • Les attaques de chiens errants ou de chasse.

La loutre : une espèce sous protection

Face à la chute rapide de ses populations au cours du XX^e siècle, la chasse de la loutre a été interdite en 1972 pour tenter de préserver l’espèce de l’extinction. Des programmes de protection, voire de réintroduction, ont été mis en place, avec des résultats variables selon les zones. Sur le plan européen, elle bénéficie d’une protection grâce à la convention de Berne (annexe II) et à la directive Habitat (annexes II et IV). En France, l’arrêté du 23 avril 2007 interdit toute destruction ou perturbation volontaire de l’espèce ou de ses habitats, ainsi que tout commerce illicite ou transport de loutres sauvages. La durée de vie dans la nature ne dépasse généralement pas 10 ans, alors que dans les parcs zoologiques ou les zoos, certaines peuvent atteindre 20 ans.