Les primates de grande taille ne se caractérisent pas seulement par leur stature imposante, mais aussi par leur capacité mentale évoluée. Focus sur ces évolutions qui ne comptent plus que sur les doigts d’une main les représentants encore vivants.
Une appartenance commune à l’humanité
Classés dans le groupe des primates, les cinq espèces de grands singes restantes dans le monde sont réparties en deux grandes catégories.
Les hominidés regroupent le chimpanzé, le gorille, le bonobo et l’orang-outan. Ces animaux se distinguent par leur démarche bipède, la taille de leur cerveau et une vie sociale complexe favorisée par leur intelligence ;
Les hylobidés regroupent quant à eux les gibbons. Plus petits, ils se différencient par leur silhouette élancée, notamment leurs bras très longs, leur mode de vie entièrement consacré à la vie dans les arbres, leur déplacement en brachiation, et leur organisation basée sur des couples monogames.
La majorité de ces grands singes, à savoir le chimpanzé, le gorille et le bonobo, évolue en Afrique, tandis que les orangs-outans et les gibbons sont originaires d’Asie.
Le cerveau, un atout majeur chez les grands singes
Ces primates ont une stature plus imposante que leurs homologues plus petits. Leur morphologie se caractérise par des membres plus longs, conçus pour une grande mobilité, tandis qu’ils partagent une vision acérée, une longévité appréciable, et un taux de reproduction modéré. Cependant, ce qui distingue vraiment les grands singes, c’est leur capacité mentale : un cerveau plus élaboré leur donne la faculté d’apprendre par essais et erreurs, d’élaborer et d’utiliser des outils, de connaître leur propre identité, et de se souvenir avec une grande précision. Ces aptitudes cognitives avancées expliquent leur proximité génétique avec l’humain, notamment chez le bonobo, avec qui nous partageons 99,4 % de notre code génétique.
Portraits des cinq derniers grands singes sur Terre
Après avoir été découverts notamment à travers des fossiles âgés de 24 à 10 millions d’années, il ne reste aujourd’hui que cinq espèces de grands singes en vie. Voici leur présentation.
Le gorille
Le gorille (Gorilla gorilla) est le plus massif des primates. Avec une taille avoisinant 1,70 m et un poids pouvant atteindre 200 kg chez les mâles, il possède des bras exceptionnellement longs, certains atteignant 2,75 m d’envergure. Malgré son aspect robuste, ce géant a un cœur doux et vit en groupes comprenant de 5 à 30 individus, menés par un mâle dominant. Originaire d’Afrique (notamment de ses régions ouest et est), il adopte un régime principalement végétarien, se nourrissant de feuilles et de racines. Il marche principalement à quatre pattes en utilisant ses articulations et ses doigts pour avancer. Sa longévité peut atteindre 30 ans.
Le chimpanzé
Résidant dans les forêts africaines, le Pan troglodytes est omnivore et nutrition variée : fruits, végétaux, miel, insectes (comme fourmis et termites), petits mammifères et oiseaux. La vie en tribu, souvent nombreuse, est un trait marquant, avec une centaine de membres qui partagent leur nourriture, se reposent et se toiletent entre eux. La femelle socialise ses connaissances avec ses jeunes, leur transmettant l’usage d’outils, les techniques de nidification, ou encore des méthodes pour se soigner avec des plantes. Leur taille varie entre 1,30 m et 1,70 m, avec un poids allant jusqu’à 70 kg chez les mâles, et une espérance de vie de 40 à 50 ans.
Le bonobo
Le Pan paniscus est un primate de 70 cm à 1 m pour un poids de 30 à 45 kg. Il évolue dans la forêt tropicale du Congo, où il se nourrit principalement de fruits, complétés parfois par des insectes ou de petits vertébrés. Reconnu pour sa gestion pacifique des conflits, il privilégie la résolution par des activités sexuelles, qui jouent un rôle important dans son organisation sociale. Les groupes, composés d’une dizaine d’individus, sont dirigés par des femelles, ce qui favorise une dynamique plutôt harmonieuse. La durée de vie moyenne est d’environ 40 ans.
L’orang-outan
Originaire d’Asie du Sud-Est, l’orang-outan désigne deux espèces : l’un à Sumatra (Pongo abelii) et l’autre à Bornéo (Pongo pygmaeus). Primates arboricoles, ils sont connus pour leur taille imposante, leurs bras très longs, et leur comportement plutôt solitaire comparé aux autres grands singes. Leur régime végétarien consiste principalement en fruits, feuilles, écorces et parfois insectes. Leur mode de déplacement se fait surtout par la voie aérienne dans la canopée, grâce à leurs bras puissants. La femelle mesure environ 1,10 m pour 40 kg, tandis que le mâle peut atteindre 1,40 m et 85 kg. Leur longévité est généralement de 30 à 40 ans.
Le gibbon
Le Hylobates est un primate qui vit dans le sud-est asiatique, notamment en Indonésie, en Malaisie ou en Thaïlande. Son atout principal est la longueur de ses bras, qu’il utilise pour se mouvoir rapidement de branche en branche. Très agile et arboricole, il évite quasiment de descendre au sol, ce qui lui confère une grande sûreté face aux prédateurs naturels. Parmi les différentes espèces, le siamang (Hylobates syndactylus) est le plus grand, doté d’une poche gutturale visible au niveau du cou. Monogame, il forme un couple avec ses jeunes, la dominance pouvant varier entre mâle et femelle. La taille du gibbon varie de 40 à 1 m, et son poids se situe entre 5 et 10 kg. Il peut vivre jusqu’à 35 ans.
La menace qui pèse sur les grands singes
La majorité de ces primates est aujourd’hui en danger d’extinction. La principale menace provient de la dégradation et de la fragmentation de leurs habitats naturels, due à la déforestation pour l’exploitation forestière, l’agriculture ou l’exploitation minière. La chasse illégale pour leur viande ou pour capturer des bébés destinés au marché des animaux de compagnie accentue leur déclin. La persistance des épidémies, comme Ebola, a particulièrement décimé les populations africaines, notamment les gorilles. Ces espèces sont protégées par la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) ainsi que par la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Quatre espèces, principalement le gorille de l’est, le gorille de Grauer, et les orangs-outans de Bornéo et de Sumatra, subissent une déclin drastique, à tel point que leur disparition d’ici 2050 est considérée comme probable si rien n’est fait pour inverser cette tendance.