Les chauves-souris : mode de vie et espèces en France

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Depuis 1976, la chauve-souris bénéficie d’une protection légale en raison de sa vulnérabilité. Encore peu comprise, elle reste une créature souvent redoutée, alimentée par des idées fausses et superstitieuses qui lui collent à la peau depuis des siècles. Pourtant, sous ses caractéristiques anatomiques hors normes se cache un animal étonnamment précieux. Examinons de plus près le mode de vie de ces mammifères ailés présents en France, ainsi que quelques-unes de leurs particularités remarquables.

La chauve-souris, le seul mammifère capable de voler

Appartenant à la famille des chiroptères, la chauve-souris (Chiroptera) est la seule espèce de mammifères dotée d’un vol actif dans tout le règne animal. On dénombre environ 1 200 variétés différentes réparties à travers le globe. Ce groupe représente environ 20 % de tous les mammifères, ce qui témoigne de leur succès évolutif. Bien qu’elles soient omniprésentes, notamment sur tous les continents, ces animaux aux traits physiques hors du commun ne sont pas suffisamment connus du grand public, ce qui contribue à leur mauvaise réputation.

Une bête dont l’utilité est incontestable

Souvent considérée à tort comme une créature vampirique, la chauve-souris est en réalité une espèce fragile et peu agressive. Poussée à l’écart par l’homme, notamment à cause de la destruction de ses habitats naturels, sa survie est aujourd’hui menacée. En France, depuis la loi du 10 juillet 1976, elle bénéficie d’une protection stricte, tout comme ses lieux de vie. Il est formellement interdit de manipuler, de capturer ou de déranger ces mammifères, qu’ils soient vivants ou morts, afin de préserver leur existence. La préservation des sites où elles nichent en est également essentielle, et il est possible d’aider à leur protection en installant des refuges adaptés à leur mobilité.

Les différentes espèces présentes sur le territoire français

En métropole, on compte trente-quatre variétés de chauves-souris, réparties dans plusieurs familles telles que :

  • Les Vespertilionidés : comprenant l’oreillard (de différentes couleurs), le murin (de marais, à moustaches, à oreilles échancrées, d’Alcathoé, de Brandt, etc.), la vespère de Savi, ou encore le pipistrelle (de Nathusius, pygmée, commune, de Kuhl), ainsi que la noctule (grande, commune, de Leisler), la sérotine (bicolore, commune, de Nilsson) et la barbastelle d’Europe ;
  • Les Minioptéridés : notamment le minioptère de Schreibers ;
  • Les Rhinolophidés : comprenant le petit Rhinolophe, le grand Rhinolophe, et le rhinolophe euryale ;
  • Les Molossidés : comme le molosse de Cestoni.

Toutes ces chauves-souris, comme d’autres espèces européennes, se nourrissent principalement d’insectes. Leur rôle dans l’écosystème est précieux puisqu’elles dévorent chaque nuit une proportion importante d’insectes nuisibles tels que les papillons de nuit, coléoptères ou moustiques. Leur contribution à la lutte biologique contre ces ravageurs est essentielle. Par ailleurs, leurs déjections, appelées guano, constituent une ressource naturelle riche en nutriments, notamment en azote, utilisée comme fertilisant naturel.

Des caractéristiques anatomiques exceptionnelles

La structure corporelle de la chauve-souris est remarquable. Son nom, « Chiroptère », signifie « qui vole avec ses mains », en référence à ses ailes constituées d’une fine membrane tendue entre ses bras, ses doigts et ses jambes. Son système d’écholocation, très sophistiqué, lui permet de se mouvoir dans l’obscurité. Elle émet des ultrasons à travers sa gorge ou son nez, lesquels se répercutent sur l’environnement pour former une sorte de sonar naturel. Grâce à cette capacité, la chauve-souris peut localiser ses proies et éviter les obstacles, tout en percevant la texture et la vitesse des insectes autour d’elle. On pourrait dire qu’elle « voit » avec ses oreilles, ce qui lui donne une manière de naviguer quasiment insoupçonnée.

Un animal qui change d’aspect une fois par an

Ces petits mammifères ont tendance à suspendre leur corps, la tête en bas, en s’accrochant avec leurs griffes à divers supports comme des branches, des structures de bâtiments ou des cavités naturelles. Lors de l’hiver, ils trouvent refuge dans des endroits modérément chauds, tels que les cavités d’arbres, des ponts, des caves ou des tunnels souterrains, qu’ils nomment communément « hibernacles ». Pour le confort de leur sommeil hivernal, ils parcourent souvent de longues distances afin de trouver un lieu adapté. La survie hivernale dépend aussi que leur habitat soit suffisamment humide, pour éviter que leurs ailes ne se dessèchent. Après environ cinq mois d’hibernation, ils sortent à nouveau pour entamer une nouvelle saison de vie.

La reproduction a lieu principalement en été. La femelle conserve le sperme jusqu’à la fin de l’hibernation, lorsque l’ovulation et la fécondation ont lieu. Après une période de gestation d’environ 45 à 70 jours, un seul petit voit généralement le jour. Rapidement, il s’accroche à une mamelle pour être allaité. Le sevrage survient vers 4 à 6 semaines, moment où le jeune devient autonome.

Une mortalité élevée chez les jeunes chauves-souris

Les jeunes chauves-souris sont vulnérables face à de nombreux prédateurs comme la fouine, le chat sauvage, certains araignées, ainsi que divers rapaces tels que la chouette, le hibou, la buse ou l’épervier. Les serpents constituent également une menace. Leur fragilité durant les premières semaines de vie est accentuée par leur incapacité à rester sécurisés sur les supports ou les mamelles. Nombre de jeunes tombent et ne survivent pas, ce qui explique le taux de mortalité élevé chez les nouveau-nés. Cependant, celles qui passent cette période périlleuse peuvent atteindre une longévité surprenante, pouvant dépasser une dizaine d’années. Une chauve-souris ayant été recensée à 41 ans témoigne de leur résistance. Leur longévité exceptionnelle est en partie due à leur système immunitaire très performant et à leur capacité à rester en bonne santé malgré leur activité intense de vol. Cette longévité, relativement rare pour leur morphologie, est une belle surprise pour le monde scientifique. À force de mieux connaître ces animaux, on peut espérer changer la perception souvent erronée qu’on en a.

La chauve-souris se trouve partout en France, que ce soit dans les forêts, au bord des cours d’eau, dans les villages ou en zones urbaines. Divers sites et réserves naturelles, notamment Tendances et animaux, offrent la possibilité d’observer ces mammifères ailés et de mieux comprendre leur rôle essentiel dans notre environnement. Apprendre à connaître ce petit mammifère volant est une étape importante pour changer notre regard sur lui et pour mieux préserver sa population.