Le Yack : un bovidé des sommets himalayens

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Que ce soit dans la nature ou sous le contrôle de l’homme, le yack, aussi appelé yak, est une créature emblématique évoluant dans des régions extrêmes de l’Asie centrale. Adapté aux climats glacials et aux terrains hostiles, il prospère à haute altitude, où les conditions sont souvent rigoureuses : vents violents, sols gelés, neige épaisse, et une végétation rare. Sa longue toison à double couche lui offre une protection essentielle face à ces éléments. Découvrez cette force de la nature en détail.

Le yack : deux types distincts au sein d’une même famille

Originaire des régions himalayennes, le yack appartient à la catégorie des ruminants et fait partie des bovidés. Deux principales formes existent :

  • Le yack sauvage, appelé Bos mutus, est un animal robuste, athlétique, pouvant atteindre plus de 3 mètres en longueur et 2 mètres au garrot, avec un poids pouvant dépasser la tonne. Son pelage noir uni accentue son aspect imposant.
  • Le yack domestique, connu scientifiquement sous le nom de Bos grunniens, est le fruit de croisements avec des bovins d’élevage. Son gabarit est légèrement plus petit, avec une longueur d’environ 3 mètres, une hauteur au garrot comprise entre 130 et 170 centimètres, et un poids moyen d’environ 600 kg. Son nom dérive de ses grognements caractéristiques, et son pelage présente une gamme de teintes allant du brun foncé au gris noir, souvent agrémenté de taches blanches sur le museau.

Une toison longue et isolante pour affronter le froid

La protection contre le climat extrême repose en partie sur la fourrure du yack, composée de deux couches étroitement liées : d’une part, un poil long, épais et rigide, principalement au niveau du ventre et de la queue ; d’autre part, un sous-poil dense et laineux qui tombe lors de la mue estivale. La toison forme une jupe partielle couvrant ses pattes courtes, dont les sabots légèrement évasés facilitent la marche dans la neige. La tête est ornée de cornes pointues, dont la taille varie selon le sexe : environ 51 cm pour les femelles contre 95 cm pour les mâles. Une petite bosse sur le dos confère à l’animal une silhouette inclinée. La différence notable entre le yack sauvage et domestiqué réside également dans la couleur : le sauvage exhibe un pelage uniforme noir, tandis que le domestique se pare de tons plus variés, du brun foncé au gris, avec souvent des marques blanches sur le museau. Les cornes sont également plus courtes ou parfois absentes chez le yack d’élevage.

Doté d’un cœur et de poumons particulièrement développés, ainsi que d’un taux élevé de globules rouges, ce bovidé excellement adapté à la haute altitude. Son sens de l’odorat et son ouïe acérée compensent sa vision peu performante, lui permettant de percevoir son environnement avec une grande précision.

Le yack domestique, un allié précieux pour la survie

Utilisé principalement comme animal de transport, le yack domestique est vital pour les habitants des régions himalayennes. Ses produits sont essentiels : sa viande, souvent séchée pour valoriser sa conservation, son lait qui est consommé ou transformé en beurre et fromage, sa laine pour confectionner vêtements et couvertures, sa peau pour fabriquer des sacs et des bottes, et ses bouses utilisées comme combustible efficace. Par nature peu docile, il est rarement employé pour les travaux agricoles, mais reste capable d’une grande agilité, pouvant s’agenouiller pour franchir des terrains escarpés.

Son habitat extrême et ses habitudes de vie

La répartition du yack varie selon qu’il soit sauvage ou domestique :

  • Avant 1949, dans le plateau tibétain et au nord de l’Himalaya, il occupait de vastes zones, mais la présence de l’homme a réduit ses territoires. Le yack sauvage préfère désormais des régions isolées, notamment des zones de toundra en altitude, entre 4 000 et 6 000 mètres, où les conditions climatiques sont très froides, avec des températures inférieures à -40°C, accompagnées de vents, précipitations neigeuses ou de grêle. En hiver, il descend à des altitudes moindres, puis remonte lors des saisons plus chaudes.
  • Le yack d’élevage évolue sur les hauts plateaux, à des altitudes comprises entre 3 000 et 5 000 mètres, dans des régions comme le Tibet, le Népal, l’Inde du Nord, la Mongolie, la Chine ou le Bhoutan. En dehors du travail, il circule en troupeaux libres autour des villages ou des campements nomades. En été, il broute dans les pâturages d’altitude, et en hiver, il reste à l’extérieur, s’abritant près des constructions ou des murets lors des tempêtes. L’étable est réservée aux jeunes ou reproducteurs.

Alimentation selon la saison

En tant qu’herbivore, le yack adapte son régime à la disponibilité de la végétation. En été, il sautille parmi les hautes herbes, les arbustes, et les herbes de la toundra. En hiver, il se nourrit de végétaux secs, tels que des lichens, des mousses, ou des buissons dépassant la couche de neige, qu’il arracher avec sa langue rugueuse. La végétation rare oblige le yack sauvage à parcourir de longues distances pour mener sa quête alimentaire.

Un comportement grégaire selon les périodes

Les mâles âgés ont tendance à vivre isolément, leur nature étant moins compétitive en matière de reproduction. Les autres membres des troupeaux, composés de 10 à 30 individus, se regroupent généralement en hiver ou pendant la saison des amours. Pendant ces périodes, les mâles se rassemblent pour défendre leur territoire en formant des cercles autour des femelles et des jeunes. Très sensibles à leur environnement, ils peuvent charger en cas d’intrusion, restant à courte distance en signe d’intimidation.

La saison des combats entre mâles lors du rut

Au moment où la météo favorise la croissance d’une herbe nouvelle, la compétition pour la reproduction s’intensifie. Les mâles s’engagent alors dans des affrontements violents et fréquents pour s’accoupler avec les femelles. Après une gestation d’environ 9 mois, une seule hatchling voit le jour. La mère commence à allaiter après une dizaine de minutes, puis rejoint le troupeau. Le sevrage intervient vers la fin de la première année, et le jeune atteint sa maturité sexuelle vers l’âge de 3 ou 4 ans, bien que sa reproduction ne débute généralement qu’entre 6 et 8 ans.

Le yack sauvage, un animal en danger critique d’extinction

La seule menace naturelle qui pèse sur le yack est celle du loup. Cependant, la chasse excessive pour sa viande, ainsi que la destruction de son habitat causée par l’expansion humaine et le croisements avec la variété domestique, ont sérieusement réduit sa population. De nos jours, il ne resterait que quelques milliers d’individus sauvages, principalement situés dans des zones reculées. La population globale de yacks d’élevage dépasse largement celle des sauvages, avec environ 12 millions de têtes. La classification du yack sauvage est aujourd’hui vulnérable selon la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). La durée de vie moyenne de ce bovidé est d’environ 20 ans.