Proche parent du bovin européen domestique, le zébu africain, connu sous le nom de watusi, se distingue par ses cornes gigantesques pouvant atteindre plus de 2 mètres de largeur. Vénéré comme un symbole de prestige et de puissance dans plusieurs tribus d’Afrique de l’Est, cet animal occupe une place centrale lors de rites, en tant que cadeau de mariage ou comme monnaie d’échange pour apaiser des différends. Très adapté aux climats arides, le watusi est un véritable symbole de résilience face à la sécheresse.
Quelle est l’identité du watusi ?
Le watusi, dont la nomenclature scientifique est Bos taurus primigenius, est une race bovine indigène des régions centrales et orientales d’Afrique. Considéré comme un être sacré, il représente non seulement la richesse mais aussi le haut statut social au sein de plusieurs communautés. Ses ancêtres, l’aurochs, étaient déjà équipés de longues cornes, un trait que l’on peut observer dans des peintures rupestres datant de milliers d’années, par exemple dans les grottes de Lascaux. Originaire d’Inde, l’aurochs sauvage, ayant vécu il y a environ 2 millions d’années, s’est dispersé à travers l’Eurasie, évoluant en plusieurs sous-espèces : l’aurochs européen, l’aurochs asiatique et l’aurochs nord-africain, donnant naissance aux différentes races de bétails domestiques que nous connaissons aujourd’hui.
Ils vivent où ?
Les habitats naturels du watusi se situent principalement dans les vastes plaines de savane et de steppe au cœur de l’Afrique centrale et de l’Est, notamment dans la région des Grands Lacs. Les pays comme l’Ouganda, le Rwanda, le Burundi, la RDC et la Tanzanie comptent parmi les principaux endroits où l’élevage de cette race est traditionnellement répandu. Par ailleurs, cette espèce a été introduite dans diverses régions du monde, notamment en Europe, en Amérique du Nord et en Australie, où elle séduit par son allure spectaculaire dans les parcs animaliers. En France, on peut l’observer dans plusieurs zoos, tels que celui de Thoiry, de Maubeuge, de la Boissière du Doré, au Safari de Peaugres ou encore à la Réserve africaine de Sigean. Cependant, sa présence hors d’Afrique reste marginale.
À quoi ressemble le watusi ?
Ce bovin atteint généralement 1,70 m au garrot pour un poids variant entre 500 kg et 1 tonne. Sa silhouette robuste et musclée est complétée par une tête allongée, des oreilles modérées et un museau large. On distingue facilement une différence de taille entre mâles et femelles : ces dernières étant légèrement plus petites, leurs cornes sont aussi moins imposantes, tandis que les mâles présentent une bosse caractéristique sur l’épaule. Son pelage court affiche souvent une couleur rouille agrémentée de taches blanches, dont l’intensité diffère selon les individus. Certains spécimens arborent un pelage entièrement noir parsemé de taches blanches ou de motifs piégés.
Comment sont constituées ses cornes ?
Les cornes du watusi, véritable emblème de son allure, peuvent mesurer jusqu’à 2,40 mètres d’envergure et peser environ 15 kg. Leur composition repose principalement sur la kératine, une protéine fibreuse que l’on retrouve dans les tissus cornés des animaux, tels que les ongles et les sabots. La forme de ces cornes est en lyre, avec une courbure vers l’extérieur avant de s’élever vers le haut. L’intérieur creux de chaque corne, essentiel pour supporter leur poids, leur permet également de jouer un rôle dans la régulation thermique, en aidant l’animal à évacuer la chaleur. Ces appendices impressionnants ont aussi une fonction défensive contre les prédateurs et sont souvent mis en valeur lors de concours ou d’expositions, faisant du watusi une race d’une grande beauté.
Pourquoi le watusi est-il élevé ?
En raison de son tempérament calme et sociable, le watusi est une espèce facile à élever. Bien qu’il ne produise pas volumiquement de lait, sa viande est consommée lors de cérémonies ou transformée en fromages locaux. Ses excréments, une fois séchés, servent à la construction de murs ou de murs de clôture, tout comme leur cuir, qui est utilisé pour fabriquer des vêtements, des tapis ou des textiles. Son urine peut aussi avoir des usages thérapeutiques ou d’entretien domestique. De plus, ce bovin est employé comme animal de travail pour les tâches agricoles. Sa robustesse face à la chaleur et aux maladies, ainsi que sa capacité à survivre avec peu de nourriture et d’eau, en font un animal précieux dans des zones où la sécheresse sévit souvent.
Quel rôle symbolique occupent ces bêtes ?
En plus de leur utilité économique, les watusis ont une importance culturelle capitale pour plusieurs tribus africaines. Leur possession est le signe de statut, de pouvoir et de prospérité. La taille et la beauté du bétail jouent un rôle dans la hiérarchie sociale, et leur valorisation peut conduire à des mariages ou des alliances tribales. Lors de certains rites, il est courant d’offrir un watusi en cadeau de mariage, ou de prélever une petite dose de leur sang lors de cérémonies rituelles, en signe de force ou de protection. La viande n’est en général pas consommée en dehors de ces contextes, sauf dans des rituels précis, ce qui confère à cette race une dimension sacré.
Que mange le watusi ?
Véritable herbivore, le watusi se nourrit principalement de végétaux qu’il mâche et régurgite pour mieux digérer, grâce à un processus appelé rumination. Très grégaire, il évolue en grands troupeaux, ce qui peut causer une dégradation des pâturages, notamment dans les zones arides où les ressources sont limitées. Sa capacité d’adaptation lui permet de survivre avec peu de nourriture et d’eau, ce qui constitue un avantage dans des environnements difficiles où la sécheresse sévit fréquemment.
Comment se déroule la reproduction ?
Les femelles entrent en chaleur tous les 21 jours environ. Les mâles détectent ces périodes grâce à des signaux chimiques et comportementaux. Contrairement à d’autres espèces, ils ne se livrent pas à de violents combats pour s’accoupler, ce qui rend la reproduction plus pacifique. Après la fécondation, la femelle porte son veau durant une période de gestation de 9 à 10 mois. En général, un seul bébé naît à la fois, avec un poids compris entre 14 et 23 kg. Une mère attentive, souvent assistée par une vache « tante », veille sur le jeune tout au long de la journée et le protège contre les prédateurs grâce à l’aide de ses cornes. Le jeune quitte le troupeau pour se sevrer à 6 mois et devient mature vers l’âge de deux ans. La longévité moyenne du watusi tourne autour de 25 ans.
Le watusi est-il en danger ?
Bien que la majorité des animaux domestiques soient généralement protégés, le watusi doit faire face à des défis liés à la réduction continue de ses habitats naturels, conséquence de la croissance démographique et des pressions agricoles. La diminution des pâturages entraîne des difficultés pour l’élevage, poussant certains éleveurs à abandonner cette race au profit de races plus résistantes ou plus productives. Par ailleurs, la sécheresse, la faiblesse des ressources alimentaires et la vulnérabilité aux maladies obligent à des traitements coûteux. La tendance actuelle à se tourner vers l’agriculture risque de faire disparaître cette espèce locale, ce qui inquiète nombre de tribus est-africaines qui voient dans cette race un héritage culturel précieux.