Le tarsier, primate nocturne aux yeux étonnants

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Le tarsier se distingue par ses pupilles volumineuses qui lui offrent une vision exceptionnelle dans l’obscurité. Avec ses traits surprenants, ce plus petit des primates captive facilement l’attention. En Asie du Sud-Est, une chasse excessive à son égard pour le transformer en animal de compagnie a sérieusement diminué ses populations. Approfondissons la connaissance de cet étrange hybride arboricole évoquant une créature de films fantastiques, qui semble parfois dépérir en captivité.

Le tarsier, un petit primate de poche

Le genre Tarsius appartient à la catégorie des primates haplorrhiniens, distingués des strepsirrhiniens par l’absence de la truffe. Ces petits mammifères, membres de la famille des tarsiidés, sont répartis en différentes sous-espèces selon leur localisation : on trouve le tarsier de l’Ouest, de l’Est et celui des Philippines. Le nombre d’espèces, oscillant entre 12 et 18 selon les classifications, inclut des représentants comme le tarsier de Horsfield, de Dian, de Peleng ou encore le tarsier spectral. Leur taille maximale ne dépasse pas 10 cm, et leurs poids varient entre 80 et 160 g pour le mâle, environ 110 g pour la femelle. La taille minuscule de ce primate lui permet d’être tenu dans la paume d’une main humaine.

Des oreilles orientables et hyper sensibles

Malgré de légères différences d’une espèce à l’autre, tous présentent des caractéristiques communes axées sur leur mode de vie nocturne et arboricole. Leur corps compact se prolonge par une queue fine recouverte d’écailles, aidant à leur équilibre. La peau de leur queue est souvent dépourvue de poils, ponctuée de touffes de poils par endroits. Leur pelage, doux et dense, va du gris au brun et à l’ocre. Leurs oreilles, semblables à celles des chauves-souris, sont d’une sensibilité remarquable, leur permettant de capter des sons très faibles et de s’orienter dans toutes les directions.

Les yeux proéminents : une particularité du tarsier

Ce petit mammifère possède des yeux exceptionnellement grands — pouvant atteindre 1,5 cm — dont la taille dépasse celle de leur cerveau. À l’instar des hiboux, il peut faire pivoter sa tête à 180°, lui offrant une vision à 360° sans bouger son corps. Cette aptitude provient d’un cou très souple, compensant la limitation de rotation de ses yeux, fixés dans leurs orbites. En raison de cette configuration, il a inspiré l’apparence du personnage maître Yoda de la saga Star Wars, et évoque également les créatures excentriques des films Gremlins.

Origine du nom et adaptation du tarsier

La dénomination de ce primate provient de la structure appelée tarse, partie postérieure de son pied particulièrement allongée. La fusion des os tarsiens confère à cette zone un rôle d’amortisseur lors de ses sauts entre arbres. Ses pattes arrière, deux fois plus longues que le corps, lui donnent une capacité de propulsion impressionnante. À l’instar de la grenouille, il se déplace en bonds, utilisant ses orteils équipés de coussinets adhésifs et d’ongles pour saisir ramilles et proies. Ses griffes tournées vers l’intérieur au niveau des doigts moyens l’aident dans le toilettage et la manipulation.

Une distribution géographique spécifique en Asie du Sud-Est

Ce primate vit exclusivement dans les régions de l’archipel philippin et en Indonésie. Ses habitats varient selon l’espèce : certains, comme le tarsier spectral, évoluent dans des forêts épaisses ou en zones de plaines basses, en Indonésie. D’autres, comme le tarsier de Horsfield ou de Peleng, fréquentent la végétation dense, des jungles tropicales et des habitats anthropisés en Inde ou dans les îles environnantes. Le tarsier des Philippines, endémique de plusieurs îles, habite principalement les forêts anciennes et secondaires, à des altitudes allant jusqu’à 750 mètres.

Un carnivore unique parmi les primates

Le tarsier se distingue par sa diète exclusivement carnivore, contrairement aux autres primates plus végétariens ou omnivores. Il chasse principalement des insectes variés — coccinelles, sauterelles, papillons, mites — mais aussi certains petits vertébrés comme des lézards, des grenouilles ou des serpents. Grâce à ses doigts longs, munis de coussinets adhésifs et d’ongles, il peut capturer des proies volantes, notamment de petits oiseaux ou des chauves-souris. Lorsqu’il saisit sa proie, il ferme ses yeux pour éviter qu’elles soient blessées par des morsures ou des attaques.

Une activité nocturne et discrète

Le tarsier chasse principalement la nuit, se reposant durant la journée dans des abris cachés tels que des branches verticales, des grottes ou des feuillages denses. Il utilise la communication par ultrasons à haute fréquence, inaudibles à l’oreille humaine, pour interagir avec ses congénères, ce qui lui permet de rester discret face aux prédateurs. Sa sociabilité diffère selon l’espèce : le tarsier oriental vit en petits groupes, alors que le tarsier occidental préfère la solitude, n’attrapant ses compagnons qu’en période de reproduction.

Le tout petit tarsier nouveau-né

Ce primate peut se reproduire à tout moment de l’année et avoir deux portées par an. Après environ 6 mois de gestation, la femelle donne naissance à un seul jeune, très développé à la naissance, mesurant près de 2 cm avec un bon pelage et les yeux déjà ouverts. Très agile, il grimpe dans les deux jours et passe rapidement d’un arbre à l’autre grâce à ses sauts de quatre jours. La mère le transporte dans la bouche ou attaché à son ventre, l’allaite durant deux mois, puis l’encourage à chasser seul. Il devient maturesexuellement entre 1 et 2 ans, prêt à établir son propre territoire.

Une espèce menacée et fragile

En raison de leur petite taille, les tarsiers sont vulnérables face à de nombreux prédateurs comme les oiseaux de proie, les chats ou les serpents des arbres. La principale menace qui pèse sur eux est la destruction systématique de leur habitat, causée par la déforestation pour l’agriculture (notamment pour la culture d’huile de palme), l’exploitation minière et le défrichement pour le pâturage. La fréquentation touristique de masse perturbe également leur vie sauvage. En conséquence, toutes les populations de tarsiers sont classées comme étant en déclin par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).

Les risques liés à la captivité et à la commercialisation

Le commerce et la possession de tarsiers comme animaux de compagnie ont beaucoup contribué à la réduction de leur nombre. Ce primate, qui nécessite de vastes espaces pour vivre, ne supporte pas les cages, étant très sensible au stress, et peut se faire du mal en se mutilant ou en se frappant contre les barreaux. Des mesures strictes ont été instaurées pour interdire la capture, la mise à mort ou la détention de ces animaux en captivité. En liberté, ils vivent en moyenne entre 8 et 12 ans.