Le secret du tigre de Tasmanie : origines et causes de son extinction

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Le thylacine, souvent surnommé le tigre de Tasmanie, désigne en réalité une créature très mystérieuse, à l’histoire captivante. À la fois animal mythique et scientifique, il a suscité fascination et légende, alimentant de nombreux récits et débats. Sa disparition tragique est à l’origine de cet héritage mythologique, et cet article vous invite à découvrir la vraie identité de cet animal légendaire et les causes de son extinction.

Caractéristiques physiques du thylacine

Connu sous le nom scientifique Thylacinus cynocephalus, le thylacine était un marsupial distinctif, ni chat ni chien. Son nom évoque son origine supposée en Tasmanie, une région australienne où il aurait vécu il y a environ quatre millions d’années. Les premières formes proches de cette espèce remontent à près de 23 millions d’années, avec des fossiles trouvés dans la région de Riversleigh, dans le Queensland. Des traces rupestres aborigènes attestent de sa présence en Australie continentale ainsi qu’en Nouvelle-Guinée.

Contrairement à ce que son surnom pourrait laisser croire, le thylacine ne ressemblait pas à un tigre. Son nom lui a été attribué à cause des rayures sur son dos, qui rappellent celles d’un tigre, mais il s’agissait en réalité d’un animal avec une silhouette proche du chien ou du loup. Les images de spécimens ayant vécu dans un zoo américain au début du XXe siècle permettent de mieux visualiser ses traits. Son corps long et élancé se prolongeait par une queue raide, serpentiforme, semblable à celle d’un kangourou, ce qui lui conférait une apparence unique.

Sa tête, coiffée de petites oreilles arrondies dressées, mesurait environ 8 cm, tandis que sa taille maximale atteignait près de 1,8 mètre, comprenant une queue de 50 à 65 cm, pour un poids d’une trentaine de kilos. Le spécimen le plus grand mesurait près de 2,90 mètres de la tête à la pointe de la queue. Son pelage, épais et doux, variait du beige clair au marron foncé, avec un ventre crème. Sa longueur de poil se limitait à environ 15 mm.

Un marsupial à traits particuliers

Comme la majorité des marsupiaux, la femelle du thylacine possédait une poche abdominale, une particularité qu’ils partagent avec d’autres comme l’échidné. La poche du thylacine, ouverte vers l’arrière, abritait quatre mamelles. Chez le mâle, une poche scrotale unique en son genre chez les marsupiaux australiens lui permettait d’y loger ses testicules, une adaptation étonnante. La mâchoire du thylacine pouvait s’ouvrir jusqu’à 120 degrés, une capacité remarquable chez les carnivores.

Sa dentition comprenait 46 dents, avec une différence notable : il possédait sept prémolaires-molaires de chaque côté, contre huit habituellement chez d’autres marsupiaux. Ses empreintes, facilement reconnaissables, témoignaient d’une morphologie particulière. Dotées de coussinets plantaires très larges, elles présentaient quatre doigts aux pattes postérieures et cinq aux membres antérieurs, alignés, avec des griffes non rétractiles, rappelant celles des ours.

En dépit de sa silhouette fine, le thylacine n’était pas un sprinteur. Il privilégiait plutôt les bonds, semblables à ceux d’un kangourou, surtout lorsqu’il ressentait un danger, afin de mettre rapidement de la distance avec ses poursuivants. Sa capacité à se maintenir en équilibre sur ses pattes postérieures, tout comme un kangourou ou un lapin en alerte, lui permettait de mieux observer son environnement pendant quelques instants.

Comportement et mode de vie

Les connaissances précises sur ses comportements restent limitées, principalement parce que la majorité des observations ont été faites en captivité, ce qui peut biaiser certains traits. On suppose que le thylacine était principalement nocturne, mais cette hypothèse est fragilisée par le stress des animaux en captivité à cette période, peu représentatif de leurs habitudes naturelles. La reproduction semblait possible tout au long de l’année, avec un pic en hiver et au printemps. La femelle pouvait donner naissance à deux ou trois jeunes, nés sans poils ni vue, qu’elle transportait dans sa poche marsupiale jusqu’à trois mois. Ensuite, elle assurait leur protection et leur apprentissage jusqu’à ce qu’ils atteignent une taille significative.

De nature carnivore, le thylacine chassait principalement kangourous, wallabies, oiseaux et petits mammifères. Sa méthode de chasse se basait davantage sur la patience et l’endurance que sur la vitesse pure, en poursuivant ses proies jusqu’à ce qu’elles soient épuisées. Certains mythes l’associent à une créature sanguinaire, mais ces idées sont peu étayées, et il est probable qu’il ait été, à son échelle, un prédateur discret et efficace.

Raisons de l’extinction du thylacine

Le contact avec l’homme a été le premier facteur décisif dans le déclin de l’espèce. À partir du début du XIXe siècle, l’arrivée des colons européens en Tasmanie a fait du thylacine une cible pour la protection du bétail, en particulier des moutons. Une chasse intensive, encouragée par des primes promises pour chaque animal tué, a annihilé une grande partie de la population, avec plus de 2 000 spécimens enregistrés morts entre 1888 et 1909. La destruction de leur habitat naturel par l’expansion agricole a également joué un rôle crucial, réduisant leur espace vital et leurs sources de nourriture.

Les maladies introduites avec des chiens domestiques ont également décimé l’espèce, les thylacines n’étant pas résistants à ces affections. La compétition avec des chiens sauvages, qui se disputaient les mêmes ressources, a encore exacerbé leur déclin. La dernière confirmation d’un thylacine en liberté date de 1930, et malgré les efforts pour leur protection, ceux-ci sont arrivés trop tard. Le dernier specimen en captivité est mort en 1936 au zoo de Beaumaris en Tasmanie, marquant la fin officielle de leur existence.

Depuis cette extinction, des tentatives de clonage ont été entreprises, utilisant des échantillons d’ADN conservés. Bien que ces projets restent hypothétiques, ils témoignent d’une volonté de réparer en partie les erreurs du passé et de ressusciter un animal désormais mythique, symbole de la fragilité de la biodiversité.