Le Rorqual commun : un cétacé colossale d’environ 20 mètres

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Le Rorqual commun se positionne comme le deuxième plus grand représentant de la vie marine, juste après la Baleine bleue. Avec une longueur moyenne avoisinant les 20 mètres, il captive l’attention par sa taille impressionnante. Son nom, « rorqual », dérive d’un terme suédois combinant « roer » et « qval », signifiant littéralement « baleine à tuyaux », en référence aux sillons caractéristiques présents sur son ventre. Cet énorme cétacé évolue dans toutes les mers du globe, allant des eaux tropicales aux régions polaires, ce qui en fait un sujet d’étude fascinant.

Caractéristiques et apparence du Rorqual commun (Balaenoptera physalus)

Facile à reconnaître grâce à sa silhouette élancée, le Rorqual présente une distinction visuelle notable au niveau de la tête, où la coloration est asymétrique. En vue dorsale, la face droite de la tête est souvent plus claire, tandis que la gauche affiche une teinte plus sombre. Son ventre ainsi que le dessous de ses nageoires pectorales arborent une teinte blanche, contrastant avec la coloration générale.

Ses principales caractéristiques morphologiques sont :

  • Un aileron dorsal, représentant environ 2 à 3 % de sa longueur totale, ce qui correspond généralement à 45-60 cm, placé près de la queue et situé à environ trois quarts du dos,
  • Une nageoire caudale d’environ 4 à 5 mètres, soit une proportion de 21 % de la longueur totale, dont la face dorsale est gris foncé et la face ventrale d’un blanc lanpâtre,
  • Des nageoires pectorales d’une taille équivalente à 11-12 % de l’ensemble de l’animal.

Les dimensions d’un adulte tournent généralement autour de 20 mètres, bien qu’il puisse atteindre 27 mètres dans les eaux antarctiques ou 24 mètres dans celles de l’Arctique. Il est également intéressant de noter que les femelles sont généralement plus grandes que les mâles.

Ce cétacé respire en expulsant un jet d’eau d’une hauteur de 5 à 6 mètres, plusieurs fois lors de chaque remontée à la surface. Son cycle respiratoire est rapide, avec une période de 30 secondes à une minute entre chaque souffle. En plongée, il peut rester jusqu’à 20 minutes sous l’eau, atteignant parfois une profondeur maximale de 500 mètres. Sa vitesse de pointe peut dépasser 48 km/h, ce qui lui donne le surnom de « lévrier des mers », même si la moyenne lors des migrations reste plutôt entre 6 et 10 km/h. Il est également capable de sauter hors de l’eau en sortant tout son corps.

Alimentation et migration du Rorqual commun

Ce mammifère marin préfère évoluer dans les eaux profondes, mais il n’est pas rare de le voir s’approcher des côtes, notamment aux Açores, en Corse ou dans le Golfe du Saint-Laurent, pour se nourrir. Il recherche principalement sa nourriture entre 100 et 200 mètres de profondeur.

Le Rorqual migre vers les régions plus froides pour se nourrir en abondance, notamment en consommant de grands bancs de krill. Ces hivers nutritifs coïncident avec la préparation à la reproduction. La migration, qui peut durer plusieurs mois, voit ces cétacés jeûner pour accumuler des réserves de graisse, nécessaires pour traverser les zones moins riches en nourriture. Cependant, la compréhension globale de ces déplacements reste incertaine, car certains Rorquals ont été observés chassant dans les eaux froides toute l’année, sans suivre un schéma migratoire strict.

Mode de nutrition et mécanisme de filtration

La morphologie du Rorqual est adaptée pour son alimentation spécifique. La langue joue un rôle crucial : bien qu’elle soit moins musclée que celle d’autres mammifères, elle possède une grande flexibilité. Lorsqu’il aperçoit un groupe de krill, le cétacé ouvre grand la bouche, et sa langue est propulsée vers le fond, se retournant comme un gant en plastique pour former une poche. En même temps, les sillons ventraux s’étendent sous l’effet de la pression, permettant à la bouche de se gonfler. Tout cela est rendu possible par des nerfs capables de s’allonger sans se rompre, ce qui permet au Rorqual d’engloutir jusqu’à 90 tonnes d’eau, alors même que son poids corporel est d’environ 70 tonnes.

La filtration de l’eau est assurée par des fanons, fixés à la mâchoire supérieure. Leur nombre varie entre 300 et 400, principalement composés de kératine, et ils poussent en continu tout au long de la vie de l’animal. Lorsque l’eau filtrée est expulsée, la nourriture qu’elle contient—principalement des poissons comme le hareng, l’anchois, la sardine ou encore des crustacés zooplanctoniques—est dirigée vers l’œsophage grâce à un mécanisme encore mal compris par la recherche. Ce processus de capture dure une dizaine de secondes, et peuvent être répétés jusqu’à 70 fois, permettant au Rorqual d’ingérer jusqu’à 2 000 kilogrammes de nourriture par jour. En Méditerranée, cette activité se déroule principalement durant la nuit.

Reproduction du Rorqual commun

La maturité sexuelle est atteinte par les mâles entre 6 et 7 ans, et par les femelles entre 6 et 12 ans, généralement à une taille avoisinant 18-19 mètres. La maturité physique, quant à elle, se manifeste vers 25-30 ans. La gestation s’étend sur environ 11 mois, avec des naissances principalement entre juin et juillet en Antarctique, et entre décembre et janvier dans l’Arctique. À la naissance, le bébé mesure environ 6,5 mètres pour un poids de 4 tonnes. Bien que la majorité des naissances soient uniques, il arrive que des jumeaux donnent naissance à 1-2 % des cas, ce qui est relativement rare. L’allaitement dure entre 6 et 7 mois, pendant lesquels le jeune consomme quotidiennement jusqu’à 72 litres de lait. La mère met généralement plusieurs années à se reproduire à nouveau, laissant un délai de 2 à 3 ans entre chaque naissance. La longévité de ces cétacés peut dépasser les 90 ans.

Vie associée et parasitisme

La face ventrale du Rorqual porte parfois des plaques dorées dues à la fixation d’algues microscopiques appelées diatomées. Ces micro-organismes, recouverts d’une fine couche de silice, peuvent être constamment renouvelés lors des migrations. De petites taches blanches visibles sur ses flancs pourraient également être les traces de l’attachement de lamproies ou d’autres parasites, certains d’entre eux pouvant compromettre la santé de l’animal en s’introduisant dans son système digestif.

Les compagnons de ces géants marins incluent d’autres cétacés comme la baleine bleue (Balaenoptera musculus), le petit rorqual (Balaenoptera acutorostrata), le dauphin, le béluga (Delphinapterus leucas) ainsi que diverses espèces d’oiseaux.

Impact des activités humaines

Les collisions avec des navires représentent une menace majeure pour les grands cétacés, y compris le Rorqual. Bien que leur ouïe très développée leur permette de détecter certains bruits, ils sont souvent vulnérables lorsqu’ils se reposent ou qu’ils se nourrissent à la surface, notamment en période de reproduction ou d’allaitement. Lorsqu’un bateau surgit, ces animaux, certains encore jeunes, n’ont pas toujours le temps de s’éloigner, ce qui peut entraîner des blessures ou la mort.

En tant qu’êtres situés en haut de la chaîne alimentaire, les Rorquals accumulent également dans leur organisme des polluants issus de leur alimentation, notamment des microplastiques, qui peuvent se retrouver dans leur système digestif, impactant leur santé. La pollution plastique, à la fois par ingestion directe et par ingestion de proies contaminées, constitue une menace supplémentaire.

Enfin, des changements liés au climat, comme la diminution du krill, principal aliment du Rorqual, pourraient compromettre leur survie dans un futur prochain. La raréfaction de cette ressource pourrait avoir des conséquences graves pour ces géants des océans, dont la survie dépend fortement des écosystèmes marins en constante évolution.